d’un document militaire secret sur la théologie de la libération

Amérique latine: divulgation (041088)

Les militaires l’interprète en termes de subversion marxiste et terroriste

Argentine, 4octobre(APIC) La 17e Conférence des armées américaines qui

réunissait du 14 au 17 novembre 1987 à Mar del Plata (Argentine) les chefs

d’états-majors de tous les pays des Amériques, à l’exception de Cuba, s’est

penchée sur les «variantes marxistes de la théologie de la libération»,

révèle l’agence DIAL, à Paris, dirigée par le Père Charles Antoine et qui

diffuse des informations sur l’Amérique latine. Elle publie par ailleurs le

document secret conscré à la théologie de libération rédigé au terme de

cette réunion.

L’un des sujets de cette conférence était réservé à la «stratégie du

mouvement communiste international en Amérique latine à travers différents

modes d’action».

Après avoir expliqué les origines historiques de la théologie de la

libération et cherché à clarifier quelques concepts, le texte propose une

classification des différents courants (pastoral épiscopal, marxiste

modéré, marxiste) de cette théologie. Les chefs d’états-majors constatent

que, «heureusement, l’Eglise a clarifié les éléments du débat». Le document

présente ensuite les deux instructions publiées par la Congrégation pour la

doctrine de la foi. Les militaires louent la stratégie romaine «pour faire

face à cette action de pénétration marxiste».

Le document dénote une incontestable connaissance du langage théologique, mais contient aussi un nombre assez important d’erreurs de détail. En

outre, les textes ecclésiastiques cités sont rarement littéraux, et même

sont souvent gauchis. Ainsi, la première instruction romaine est présentée

à travers une version abrégée prétendument distribuée par le Vatican, ce

qui permet là encore une lecture tendancieuse.

En définitive, la caractéristique principale du document réside dans son

aspect unidimensionnel: tout est interprété en termes de subversion marxiste et terroriste d’origine soviétique.

Ce n’est pas la première fois que les milieux politico-militaires américains s’intéressent à des questions religieuses et présentent les nouvelles

orientations pastorales de l’Eglise latino-américaine comme menaçante. Il y

eut en 1969 le «rapport Rockfeller», publié par le Département d’Etat des

Etats-Unis après une tournée de Nelson Rockfeller en Amérique latine, et,

en 1981, le «Document de Santa Fe» destiné à aider le président Reagan dans

sa politique latino-américaine, document ou il désignait la théologie de la

libération comme le principal danger pour les Etats-Unis et l’Amérique.

Reste que ceux qui défendent et prônent la théologie de la libération,

ne sont sont jamais tus pour désigner les militaires comme les principaux

responsables des disparitions, des massacres et des tortures qui sévissent

dans la plupart des pays en Amérique latine. Ils ne se taisent pas davantage d’ailleurs lorsqu’il est nécessaire d’élever la protestation s’agissant

des actes commis par les terroristes. Il n’en demeure pas moins vrai que

les militaires sont souvent désignés comme des dangers pour les démocraties

d’Amérique latine. Répondant un jour à un journaliste, le président destitué du Panama, Eric Arturo del Valle, ne rétorquait-il pas en disant: «Vous

en connaissez beaucoup, vous, des pouvoirs civils qui ne soient pas subordonnés aux militaires?». (apic/dial/pr)

4 octobre 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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