Déception à Rome et dans l’Eglise catholique en Angleterre (121192)
Angleterre: le Synode de l’Eglise anglicane accepte l’ordination des femmes
Londres/Rome, 12novembre(APIC) Le Vatican et l’Eglise catholique en Angleterre font part de leur déception à l’annonce de l’acceptation, mercredi
soir par le Synode de l’Eglise anglicane d’Angleterre, de l’accès des femmes à la prêtrise. Il s’agit d’un nouvel et sérieux obstacle au rapprochement des deux Eglises, estime-t-on du côté catholique. La majorité nécessaire des deux tiers a été atteinte dans les trois chambres de l’assemblée.
Après ratification de la loi correspondante par la reine et le parlement
britannique, les premières femmes pourraient être ordonnées prêtres d’ici
un an.
Le vote de mercredi a bien reflété les diverses opinions. Les trois
chambres se sont prononcées aux majorités suivantes: les évêques par 39
voix contre 13, le clergé par 176 voix contre 74 et les laïcs par 169 voix
contre 82. De fait, la majorité des deux tiers n’a été dépassée que de quatre voix. Ce vote ne forcera cependant pas les évêques opposés à
l’ordination des femmes à les admettre dans leur diocèse.
Cette décision est en discussion depuis la Conférence de Lambeth en
1988, où la Fédération des Eglises anglicanes avait laissé à ses 27 membres
la liberté de décider elles-mêmes de l’admission des femmes au sacerdoce.
Plusieurs Eglises anglicanes (Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, Hong Kong, Irlande) ont déjà franchi le pas, mais les discussions ont souvent été vives,
notamment en Australie.
Le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro Valls, a rappelé que le pape, dans un échange de lettres avec le primat anglican, a souligné que
«l’Eglise catholique croit, pour des raisons théologiques, ne pas avoir le
droit de procéder à de telles ordinations». Pour Rome, «ce problème touche
à la nature même du sacrement de l’ordre», précise-t-on en outre à Rome. Le
Vatican constate de plus que cette décision constitue un sérieux obstacle
au rapprochement entre l’Eglise anglicane et l’Eglise catholique.
Pour le cardinal Basil Hume, primat de l’Eglise catholique d’Angleterre,
la tradition de l’Eglise ne peut pas être changée uniquement parce que la
situation de la femme dans la société a changé. A propos de la menace de
certains prêtres anglicans de quitter leur Eglise pour rejoindre l’Eglise
catholique, Mgr Hume pense qu’il «s’agit d’une opposition à une décision
déterminée au sein de leur Eglise, plutôt que de l’intention de devenir
prêtre catholique».
Gunnar Staalsett, président de la Fédération luthérienne mondiale, a par
contre qualifié la décision de l’Eglise d’Angleterre de positive pour les
relations oecuméniques avec les Eglises luthériennes. Il exprime en outre
l’espoir que cette décision ne soit pas considérée comme un obstacle infranchissable pour les relations avec les orthodoxes et les catholiques. Il
loue enfin la personnalité de Mgr Carey et de son prédéceseur à la tête de
l’archevêché de Canterbury, pour leur rôle décisif dans ce processus de
changement d’une tradition séculaire.
On a parlé parfois autour de cette décision de «vote en faveur du schisme». De fait, au moins un évêque et plusieurs centaines de prêtres, ont exprimé l’intention d’abandonner leur fonction.
Immédiatement après la décision positive du Synode, le Ministre des Affaires sociales du gouvernement britannique, Mme Ann Widdecombe, a annoncé
sa sortie de l’Eglise anglicane, apprend-on en outre à Londres. (apic/cicmp)