Pour une promotion de la coexistence pacifique des religions

Angleterre: Tony Blair explique sa vision de la religion dans une cathédrale catholique

Londres, 8 avril 2008 (Apic) Devant 1’600 personnes rassemblées dans la cathédrale catholique de Westminster, Tony Blair a annoncé que sa Fondation pour la foi, dont la création est prévue officiellement en mai, vise à rassembler les fidèles de toutes les grandes religions pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement fixés par les Nations Unies et améliorer ainsi la situation des pays en développement d’ici 2015.

Dans son allocution du 4 avril où, pour la première fois depuis sa conversion au catholicisme après avoir quitté ses fonctions de Premier ministre britannique en 2007, il s’exprime de manière détaillée au sujet de la religion, Tony Blair n’a fait aucune allusion à l’Iraq et a affirmé que toutes les religions devaient être sauvées de l’extrémisme pour pouvoir répondre à une aspiration profondément ancrée dans l’esprit humain, à une époque de turbulences sans précédent dans le monde.

«Pour que la religion soit une force du bien, elle doit non seulement être délivrée de l’extrémisme – la religion servant alors à exclure -, mais aussi de son manque de pertinence, une partie intéressante de notre histoire, certes, mais pas de notre avenir», a estimé Tony Blair. «La religion est réduite à un système de convictions et d’actes étranges qui paraissent, à certains, bien éloignés des nécessités et des préoccupations de la vie courante. C’est cet aspect-là qui offre à la sécularisation militante une cible facile».

La Fondation de Tony Blair concentrera ses efforts sur les religions abrahamiques – christianisme, judaïsme et islam – de même que sur l’hindouisme, le sikhisme et le bouddhisme, et aidera ses fidèles à promouvoir une coexistence pacifique et à rejeter toute conception extrémiste et de nature à susciter des divisions, selon laquelle les religions sont systématiquement en lutte les unes contre les autres.

Tony Blair «criminel de guerre»

Tony Blair, qui était anglican quand il était Premier ministre, a déclaré avoir sous-estimé l’ampleur du déplacement du centre de gravité mondial, économiquement et politiquement, qui est passé de l’Occident à l’Orient. Il est probable que, d’ici une vingtaine d’années, la Chine, comme l’Inde, se seront largement industrialisées, même si la majeure partie de leur population vit actuellement d’une agriculture de subsistance, a estimé Tony Blair. «La forte influence de la religion en Orient et en Occident, tant sur le plan historique que culturel, pourrait aider les deux hémisphères à s’unir autour de valeurs communes au lieu de subir une lutte pour la domination».

Avant que Tony Blair ne prononce son allocution qui a duré 45 minutes, Pax Christi, le mouvement catholique pour la paix, avait organisé une veillée silencieuse, et tandis que l’assistance quittait la cathédrale, des manifestants portant des pancartes et munis de tambours et de sifflets exigeaient que l’ancien premier ministre soit poursuivi comme criminel de guerre.

Norman Kember, un ancien otage en Irak, qui a participé à la veillée de Pax Christi, a expliqué aux reporters que ce qui lui était arrivé n’était rien en comparaison avec les souffrances endurées par le peuple iraquien. Selon lui, Tony Blair en était partiellement responsable, il devait admettre son erreur et s’en repentir.

Religion et politique ne font pas bon ménage

Tony Blair a répondu aux questions qui lui avaient été soumises à l’avance, mais à aucune concernant la guerre en Iraq. Son allocution s’inscrivait dans le cadre d’une série de conférences sur le thème de la Foi et la Vie en Grande Bretagne organisées par le cardinal Cormac Murphy O’Connor, chef de l’Eglise catholique en Angleterre et au Pays de Galles.

Il a expliqué pourquoi il n’avait pas clairement manifesté ses convictions religieuses pendant qu’il était Premier ministre, «ce n’est pas sans raison que mon ancien attaché de presse Alastair Campbell a dit une fois dans une phrase restée célèbre : Nous ne faisons pas Dieu. Dans notre culture, ici en Grande-Bretagne et dans bien d’autres pays d’Europe, admettre que l’on a la foi mène à toutes sortes de suppositions, dont aucune ne s’avère vraiment utile pour les politiciens», a ajouté Tony Blair. «D’abord, vous risquez d’être considéré comme quelqu’un de bizarre. Les gens normaux ne sont pas censés s’intéresser à Dieu». (apic/eni/js)

8 avril 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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