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apic/Campagne de Carême 96/Mgr Ruiz/Hôte d’honneur
Zurich:Lancement de la Campagne oecuménique de Carême 96(230296)
«Enchanté-e de te connaître»:à la rencontre des autres cultures
Hôte d’honneur: Mgr Ruiz, l’évêque des Indios du Chiapas
Zurich, 23février(APIC) Mgr Samuel Ruiz Garcia, l’évêque des Indios du
Chiapas, a participé vendredi à Zurich à l’ouverture de la Campagne oecuménique de Carême 1996 qui a pour thème la rencontre entre les cultures, et
pour slogan «Enchanté-e de te connaître». Le célèbre évêque, médiateur entre les insurgés «zapatistes» de l’EZLN et le gouvernement mexicain, a lancé ce message d’espoir: «Après des siècles d’oppression sociale et culturelle, les Indios deviennent les sujets de leur propre histoire. Ils ne
veulent plus seulement être tolérés mais être reconnus comme des égaux».
Mgr Ruiz est depuis 36 ans à la tête du diocèse mexicain de San Cristobal de las Casas, à la frontière avec le Guatemala, où vit une importante
population de descendants des Indiens Mayas, méprisée et marginalisée depuis des siècles. «Tatic (grand père) Samuel», comme le nomment les communautés indigènes en signe d’affection et de profond respect, est cette année l’hôte des oeuvres d’entraide catholique «Action de Carême», protestante «Pain pour le Prochain» et catholique-chrétienne «Etre Partenaires».
Malgré la persistance de la discrimination raciale au Mexique, pays en
majorité peuplé de métis, Mgr Ruiz a déclaré: «nous sommes entrés dans
l’ère indienne. C’est un progrès irréversible. Certes, a-t-il admis, depuis
l’insurrection des Indiens du Chiapas le 1er janvier 1994, 70% de l’armée
mexicaine se trouve dans la région. Des Indiens connaissent en ce moment où il n’y a plus de combat, mais ce n’est pas encore la paix – davantage la
famine et la souffrance. «Mais l’Indien est devenu un nouvel acteur de
l’histoire, il récupère sa dignité d’être humain».
Evoquant la réalité de l’Eglise catholique au Mexique, Mgr Ruiz a déploré qu’il n’y ait pas encore d’Eglise indigène. «Cependant il y a un progrès. Nous reconnaissons aujourd’hui la possibilité d’un dialogue avec les
religions pré-colombiennes». Il faudrait en effet reconnaître que la philosophie des Indios n’est pas celle d’Aristote: il faut bâtir à partir des
mythes indigènes et reconnaître que l’oppression des Indios n’est pas seulement économique, mais également culturelle. Un message qui cadre tout à
fait avec le thème de la Campagne de Carême 96.
Avec les étrangers, des mentalités différentes se développent
La Campagne «Enchanté-e de te connaître» attire l’attention sur le fait
que bien des problèmes avec les étrangers ne sont pas d’abord des problèmes
culturels ou ethniques, a déclaré Mme Anne-Marie Holenstein, directrice de
l’Action de Carême. «Des mentalités différentes se développent avant tout
là où des tensions sociales ou économiques ne trouvent pas de solutions».
Dès lors, a-t-elle souligné, il ne s’agit d’idéaliser ni l’élément indigène
ni l’étranger ou se qui est exotique. «La campagne offre des pistes pour
aider à vivre ces tensions de manière fructueuse».
Christoph Stückelberger, secrétaire général de Pain pour le Prochain, a
rappelé à son tour que la campagne s’attache au thème de la cohabitation
concrète avec les autres. Avec «l’opération «Projet de rencontre», les paroisses et les communautés de toute la Suisse sont invitées à faire chez
elles l’expérience de la rencontre». Pain pour le Prochain, l’Action de Carême et Etre Partenaires ont proposé de mettre sur pied en Suisse romande
des rencontres spéciales entre paroisses romandes et alémaniques. Enfin,
une nouveauté, avec, cette année, une coopération entre les oeuvres d’entraide et la Fédération Suisse de Sport. La campagne «Enchanté-e de te connaître» et son pendant «fairplay», pour une attitude loyale dans le sport,
se complèteront. Dans l’une comme dans l’autre formule il s’agit de vivre,
de cohabiter avec l’autre dans le respect mutuel. (apic/be)
Encadré
Cette année, la Campagne oecuménique de Carême propose aux Suisses la découverte de l’autre. Avec un slogan sous forme d’invitation, «Enchanté(e)
de te connaître», elle entend mettre l’accent sur la réalité de la société
d’aujourd’hui, dans ce qu’elle a de multiculturelle, mais aussi dans ce
qu’implique la coexistence de groupes culturels différents dans un même
espace.
Après «Ciel ma terre», en 1995, et «Les femmes animent le monde», l’an
dernier, c’est un autre défi que propose aujourd’hui de relever les responsables de cette campagne. Dont l’ouverture officielle se fera pour la
première fois en Suisse romande, le dimanche 25 février, lors d’un culte
oecuménique célébré à la cathédrale St-Pierre de Genève, avec la participation de la conseillère fédérale Ruth Dreifuss. La prédication en sera
assurée par le pasteur Henry Babel.
Partenaire des oeuvres d’entraide catholique et protestante, Mgr Samuel
Ruiz est pour quelques jours leur hôte commun. Avec Mgr Ruiz, deux Rwandais
participeront du 23 février au 10 mars à la campagne 96, l’un est Hutu et
théologien laïc, père de famille, l’autre est Tutsi et prêtre. Laurien Ntezimana et Modeste Mungwarareba sont également des partenaires de l’Action
de Carême. Ensemble, ils forment depuis plusieurs années des animateurs
chargés de promouvoir la paix au sein du peuple rwandais déchiré.(apic/be)
Encadré
Mgr Samuel Ruiz Garcia est né à Irapuato, dans le diocèse mexicain de Léon,
le 3 novembre 1924. Il a été ordonné prêtre en 1949 et évêque en 1960. Son
diocèse de San Cristobal de las Casas (qui porte le nom du célèbre dominicain espagnol Bartolomeo de las Casas, défenseur des Indios à l’époque de
la «conquista», et qui fut évêque du Chiapas en 1543) est plus vaste que la
Suisse. Le diocèse a une population d’un million et demi d’habitants, à
plus de 70% catholiques. «Tatic Samuel» a appris quatre des langues mayas
et s’emploie à promouvoir une pastorale populaire basée sur la revalorisation des cultures autochtones et sur la priorité à l’action sociale et au
programmme en faveur de la dignité humaine. (apic/be)
Encadré
En 1995, l’Action de Carême a reçu des dons pour près de 22 millions de
francs. Avec les autres recettes, dont 2,1 millions de contributions de la
Confédération, le total des recettes est de près de 25 millions. Pour la
même période, «Pain Pour le Prochain» (PPP) a reçu pour plus de 14 millions
de dons auxquels il faut ajouter un peu plus de 2 millions de contributions
de la part de la Confédération. La collecte 1995 a connu une progression de
14,9 % par rapport à l’année précédente grâce notamment à un legs de 1,67
million. L’Action de Carême, dont la progression est de 1,9 % par rapport à
l’an dernier, soutient 509 projets dans les pays du tiers monde et 69 projets en Suisse. Pain pour le Prochain finance pour sa part 216 projets et
programmes de développement. «Etre Partenaires», l’oeuvre d’entraide catholique-chrétienne a reçu en 1995 pour 132’000 francs de dons. (apic/be)