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apic/Eglise grecque melkite/ primauté du pape

Liban: L’Eglise grecque catholique-melkite (010396)

se veut un pont entre l’Orient et l’Occident

Resituer la papauté «dans les limites

reconnues au premier millénaire»

Baalbek, 1ermars(APIC) Pour établir un pont entre les Eglises d’Orient et

d’Occident, la papauté devrait être resituée «dans les limites reconnues

par les saints Pères d’Orient au premier millénaire». Toute la structure

élaborée par Rome autour de son autorité au deuxième millénaire doit être

rediscutée avec les orthodoxes eux-mêmes, estime Mgr Cyrille Salim Bustros,

évêque grec-catholique melkite de Baalbek et rapporteur général du Synode

des évêques sur le Liban, qui s’est tenu au Vatican du 26 novembre au 14

décembre dernier.

C’est ainsi que Mgr Bustros a résumé, lors d’une rencontre avec un groupe de journalistes, dont le correspondant de l’agence de presse oecuménique

ENI, le sens d’une initiative lancée lors du Synode de son Eglise, tenu

l’été dernier au Liban.

A cette occasion, Mgr Elias Zoghbi, prédécesseur de Mgr Bustros à Baalbek et aujourd’hui à la retraite, avait formulé une «profession de foi» «Je crois tout ce qu’enseigne l’orthodoxie orientale; je suis en communion

avec l’évêque de Rome, dans les limites reconnues par les saints Pères

d’Orient au premier millénaire».

Proposition approuvée par 25 évêques sur 27

Cette «profession de foi», a précisé Mgr Bustros, a été approuvée par 25

des 27 évêques du Synode melkite. Parmi ceux qui ne l’avaient pas signée

figure le patriarche d’Antioche des grecs-melkites catholiques, sa Béatitude Maximos V Hakim, résidant à Damas.

Jean-Paul II, a poursuivi Mgr Bustros, dans l’encyclique «Ut unum sint»

du 30 mai 1995, a écrit: «Pendant un millénaire, les chrétiens étaient unis

par la communion fraternelle dans la foi et la vie sacramentelle, le siège

romain intervenant d’un commun accord, si des différends au sujet de la foi

ou de la discipline s’élevaient…»

«Et aussi, dans la même encyclique, le pape demande aux Eglises non catholiques de l’aider à ’trouver une forme d’exercice de la primauté ouverte

à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l’essentiel de sa

mission’. Notre proposition s’inscrit donc dans un sillon déjà ouvert, mais

sur lequel il faut encore avancer.»

Mgr Boustros a ensuite expliqué que la «profession de foi» de Mgr Zoghbi

était annexée à une brochure du même ex-évêque de Baalbek intitulée «Orthodoxes unis, oui! Uniates, non». D’après la revue «Irenikon», éditée en Belgique, le métropolite grec-orthodoxe de Byblos (Liban), Georges Khodr,

avait commenté cette initiative en ces termes: «Je considère cette profession de foi de Mgr Zoghbi comme posant les conditions nécessaires et suffisantes pour rétablir l’unité des Eglises orthodoxes avec Rome.»

Il faut rediscuter la primauté du pape avec les orthodoxes

Pour sa part, Mgr Bustros a déclaré au correspondant d’ENI: «Après la

rupture définitive entre l’Orient et l’Occident, survenue en 1054, en ce

millénaire, l’Eglise catholique romaine a suivi toute une évolution, même

en ce qui concerne le pouvoir du pape et sa primauté. Tout ceci est rediscuté avec les orthodoxes, en tenant compte cependant que les Conciles de ce

millénaire considérés comme ’oecuméniques’ par les catholiques, devraient

au contraire être plus exactement considérés seulement comme ’Conciles généraux’, parce les Eglises orthodoxes en étaient absentes. Il en découle

que les dogmes proclamés par ces Conciles, en particulier par Vatican I,

qui en 1870, a défini ceux de la primauté pontificale et de l’infaillibilité du pape – lorsqu’il s’exprime «ex cathedra» – doivent être considérés

comme les opinions théologiques de l’Eglise d’Occident.»

Pour le moment, aucune réaction de Rome

A la question – «Quelle a été la réaction de Rome à votre proposition?»

Mgr Bustros a répondu: «Jusqu’ici, aucune. Nous avons fait notre proposition. Il appartient maintenant aux théologiens de l’approfondir et de

l’étudier avec toutes ses implications.»

Les melkites catholiques – aujourd’hui environ 500’000 – dispersés au

Moyen-Orient, et aussi dans les deux Amériques – sont des «uniates», issus

du Patriarcat orthodoxe d’Antioche en 1724. Parmi les orientaux qui, durant

les siècles passés, se sont unis à Rome, les melkites sont ceux qui, en majorité, se sont proposés comme «un pont» entre l’Orient et l’Occident.

Durant le Concile Vatican II (1962-65), leur patriarche Maximos IV

Sayegh avait réitéré sa fidélité au pape mais en même temps critiqué la

tentative de Rome de «latiniser» les Eglises catholiques orientales, et

aussi contesté ce qu’il appelait la «papolâtrie». Le patriarche affirmait:

«Nous sommes au Concile la voix des orthodoxes absents».

Le même patriarche disait encore: «Quand interviendra la réconciliation

entre Rome et l’orthodoxie, nous, les melkites, nous disparaîtrons, parce

que nous retournerons au sein de l’Eglise d’Antioche comme si nous n’en

étions jamais sortis.» (apic/eni/ba)

1 mars 1996 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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