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Ex-Yougoslavie: Retour d’une délégation oecuménique de haut niveau (201094)
La guerre dans les Balkans n’est pas une guerre de religion
Genève/St-Gall, 20octobre(APIC) Représentant toutes les grandes Eglises
chrétiennes d’Europe, une délégation oecuménique de haut niveau a effectué
une mission de paix d’une semaine en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et en
République fédérale de Yougoslavie. A leur retour, mercredi, les responsables religieux européens ont insisté pour dire que la guerre dans les Balkans n’est pas une guerre de religion. Ils ont également redit leur
opposition à tout nationalisme étroit sous prétexte d’identité nationale.
«Puisque nous n’avons ni la possibilité ni le droit de nier ou d’oublier
les blessures du passé, il nous faut nous pardonner mutuellement sans retard et bâtir la confiance et la réconciliation pour l’avenir»: c’est l’appel lancé par la délégation oecuménique mercredi à son retour d’ex-Yougoslavie. Mise sur pied par la Conférence des Eglises européennes (KEK) et le
Conseil des Conférences épiscopales européennes (CCEE), elle est partie le
12 octobre dernier pour la Croatie, la Bosnie-Herzégovine et la République
fédérale de Yougoslavie.
La délégation, composée du cardinal belge Godfried Danneels archevêque
de Malines-Bruxelles, du métropolite orthodoxe Michael Staikos (Vienne), du
Patriarcat oecuménique, et de l’évêque luthérien Henrik Svenungsson (Suède), a publié le 19 octobre un texte commun appelant à la paix et à la réconciliation.
Pour la paix et la réconciliation
Représentant toutes les grandes Eglises chrétiennes d’Europe, les évêques ont effectué ensemble cette visite pour «rencontrer et écouter leurs
frères chrétiens, ainsi que leurs voisins musulmans, juifs ou d’autres convictions». Ils l’ont fait dans l’esprit suivant: «Quand un membre du corps
souffre, les autres membres ont mal», précise la déclaration.
Les interlocuteurs rencontrés par la délégation ont redit que la paix et
la justice «peuvent et doivent être peu à peu rétablies» à travers
l’ex-Yougoslavie, sur la base «du respect de tous les voisins, du refus de
la violence, de la promotion du dialogue et d’une recherche et une
acceptation de la réconciliation».
Non au nationalisme étroit
«Ceci n’est pas une guerre de religion», ont-ils insisté. Convaincus que
l’identité et l’intégrité nationales dépendent des conditions de sécurité
et de la dignité offertes aux minorités, ils ajoutent que «l’identité
nationale ne signifie un nationalisme étroit». Ils sont de même persuadés
que le respect de la diversité implique que tous offrent aux autres la
possibilité de s’autodéterminer et réciproquement: «La démocratie doit nous
unir et non nous diviser.
On gagne la paix, pas la guerre
A propos du refus de la violence, la délégation prie instamment les responsables politiques de toutes les nations et de toutes les parties à choisir la voie de la négociation et à y persévérer pour rechercher des solutions plutôt que de les imposer par la violence. Elle encourage les négociateurs à continuer de promouvoir le compromis et la souplesse, plutôt que
d’imposer des ultimatums ou une discussion qui est close d’avance: «Les
plans de paix peuvent être améliorés. Elle invite dès lors «tous les dirigeants religieux et tous les croyants à prêcher et à mettre en pratique la
coexistence constructive et la réconciliation plutôt que l’éloignement et
la séparation», et insiste: «La religion doit faire partie de la solution».
La paix des coeurs
Quant à la promotion du dialogue, la délégation suggère des premiers
pas: «La paix commence dans les coeurs». Il faut des accords de cessez-lefeu inconditionnels et parfaitement respectés pour assurer une liberté de
mouvement aux secours humanitaires et au déplacement des civils. En effet,
«les personnes sont toujours plus importantes qu’un territoire», affirment
dans leur déclaration les évêques de la délégation conjointe KEK-CCEE.
«Les villes, zones et corridors démilitarisés et désarmés, placés sous
la protection de l’ONU, doivent avoir la priorité et continuer à bénéficier
d’un traitement préférentiel pour la réhabilitation des résidents qui sont
restés sur place ou sont de retour, ajoute la délégation. Il faut accroître
généreusement l’aide internationale pour les personnes réfugiées et déplacées et pour la reconstruction matérielle. Les gens ont besoin d’aide pour
se réinstaller et pour rebâtir.
Reconstruire une culture de paix
Enfin, l’éducation civique et l’enseignement religieux, avec le soutien
des médias, doivent chercher à évacuer les images hostiles et commencer à
construire une culture de la paix. L’éducation à la paix des jeunes et des
moins jeunes peut commencer dès maintenant.
En espérant que «tous pourront confesser leurs fautes et pardonner sans
condition», la délégation invite «à faire les premiers pas en vue de la réconciliation, à prendre des risques pour rétablir la paix et la justice,
protéger les droits et la dignité de la personne humaine et réaffirmer les
valeurs morales et spirituelles».
A Zagreb (Croatie), la délégation a rencontré le cardinal Kuharic et la
Conférence épiscopale catholique, réunie en session plénière; elle a eu
également des contacts avec des religieux franciscains et jésuites, avec
des responsables des Eglises protestantes et orthodoxes, ainsi qu’avec des
dirigeants des communautés musulmane et juive, et a rendu visite à M. Djure
Radic, responsable des Affaires religieuses au Bureau de la présidence
croate. A Osijek, des rencontres ont été mises sur pied entre des autorités
protestantes et juives et des membres de groupes pour la paix.
La délégation a visité ensuite la Bosnie-Herzégovine, jusqu’à Orasje,
une ville d’une trentaine de milliers d’habitants qui, ces derniers temps,
endure presque quotidiennement des bombardements. Cette visite avait pour
but de voir le travail humanitaire mené de front par les musulmans et les
chrétiens et de constater les graves dommages causés par la guerre, dont
les ruines d’une grande église catholique moderne, dynamitée par les
milices serbes en 1992 à Vudovice. En République fédérale de Yougoslavie,
la délégation a rencontré des autorités orthodoxes, catholiques et
protestantes à Novi Sad, avant de poursuivre jusqu’à Belgrade, pour une
rencontre avec le patriarche serbe Pavle et plusieurs évêques orthodoxes.
Là également, elle a eu des contacts avec des autorités catholiques,
musulmanes et juives. Enfin, elle a rendu visite au ministre des Affaires
Etrangères Dragoljvic. (apic/cip/be)