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France: les relations avec l’islam et le judaïsme et la mission (151294)
Trois tâches essentielles pour l’Eglise de France
Paris, 15décembre(APIC) Les relations avec l’islam et le judaïsme ne sont
pas pour l’eglise de France des branches facultatives, ont rappelé les commissions épiscopales lors de la présentation de leurs rapports annuel jeudi
à Paris. Rapports que le Secrétariat pour les relations avec l’islam (SRI),
le comité épiscopal pour les relations avec le judaïsme et la Commission
épiscopale des missions à l’extérieur ont discutés durant trois jours avec
les membres du Conseil permanent de l’épiscopat.
Pour le Père Couvreur, secrétaire du Secrétariat pour les relations avec
l’islam, (président Mgr Guy Deroubaix, évêque de Saint-Denis) les visages
de l’islam en France sont multiples. Un fait est à noter: la seconde génération (jeunes d’origine étrangère nés en France) est en passe de devenir
la composante majoritaire de la communauté musulmane de l’Hexagone. Ce qui
se traduit tant par l’apparition d’associations de jeunes réclamant la parfaite comptabilité de leur ’francité’ avec leur fidélité à l’islam que par
la création d’institutions formant des imams issus de cette même génération. Autre fait à retenir: la distance prise par ces jeunes avec le pays
d’origine de leurs parents.
L’islam vient donc, à ce titre, une réalité française puisque majoritairement religions de français et non plus d’étrangers. Le Père Couvreur précise aussi que dans les banlieues à quartiers sensibles, l’Islam peut ouvrir un avenir à ceux qui vivent dans la précarité. Pour autant, il ne faut
pas céder à l’amalgame entre ce retour à la pratique et la pénétration du
radicalisme islamiste, comme le font trop systématiquement les médias.
La complexité contradictoire des évolutions sociologiques autant que la
profondeur des malentendus n’est toutefois pas à ignorer. La question du
foulard islamique est, à cet égard, révélatrice.
Quant à l’avenir, il sera traversé, estime le SRI, par trois données:
L’islam en France est vécu dans une situation inédite, minoritaire, ce qui
pourrait être pour lui une chance. La socété française vit à l’heure de la
pluralité religieuse alors que le grand public vit sur la pseudo-certitude
que l’islam et la société française sont des réalités définitivement closes. Le contact avec l’islam est stimulant pour l’Eglise: En Algérie, celle-ci vit jusqu’à l’extrême le défi d’une convivialité interreligieuse, à
mettre en oeuvre le décret conciliaire «Nostra Aetate» tout en approfondissant sa catholicité.
L’ouverture au dialogue avec les juifs
Le Père Dujardin, pour le Comité épiscopal des relations avec le
judaïsme, (présidé par Mgr Poulain, évêque de Périgueux), a souligné les
efforts faits au sein même de l’Eglise pour sensibiliser au judaïsme:
action dominicale d’éveil, session annuelle de formation destinée aux
prêtres.
Il a par ailleurs annoncé un évènement d’importance: la publication prochaine d’un texte sur l’Ancien testament (en association avec la Fédération
protestante de France): «de la lecture qui en sera faite dépendra largement
l’ouverture du dialogue avec la communauté juive» estime-t-il. Celle-ci, si
elle se félicite des signes importants de rapprochements, de reconnaissance
que sont le transfert du Carmel d’Auschwitz ou la reconnaissance de l’Etat
d’Israël, reste toutefois dans l’expectative. Non sans se demander si ces
gestes ne relèvent pas, peu ou prou, d’une stratégie du Vatican. Pour aborder le dialogue en vérité, il faudrait que l’Eglise propose une réflexion
explicite sur la Shoah et une définition précise de l’attitude de repentance; toutes choses attentues avec impatience par les partenaires juifs. Toutefois l’idée d’un dialogue toujours plus fécond entre ces deux religions
soeurs fait dans la communauté juive un sérieux progrès, bien que limité
encore à quelques institutions juives.
En écho, «l’Eglise est-elle pleinement prête à entrer dans cet effort?»
demande Mgr Gaston Poulain dans son rapport. Et de rappeler un texte du
Saint-Siège selon lequel «Les Juifs et le judaïsme ne devraient pas occuper
une place marginale dans la catéchèse et la prédication mais y être intégré
organiquement». Il s’interroge encore sur l’opportunité d’envisager un enseignement plus systématique de l’histoire de l’antisémitisme, tant celuici reste vivace.
Succès inattendu pour «Planète Mission»
Quant au Père Olivier de Berranger, porte-parole de Mgr Bonfils, président de la Commission épiscopale des missions à l’extérieur (CEME), il
s’est félicité du succès inattendu de «Planète Mission»: 6’300 inscrits
dont plus de 2’200 jeunes de 15 à 25 ans dont la participation a été très
fervente. Un succès qu’il explique par l’encyclique «Redemptoris Missio» et
par le fort courant synodal de l’Eglise de France. Il se dit également
frappé par la présence active de 350 témoins d’Eglise soeurs des 5 continents et par celle de 76 représentants des médias: «Ce qui laisse augurer
d’un bon suivi dans les relations entretenues par la mission avec l’opinion
publique».
Comment sortir des mentalités néocolonialistes? Comment faire la part en
tre mission et aide au développement» Comment annoncer l’Evangile avec un
authentique souci de promotion de la dignité humaine? Autant de questions
qui traversent la CEME, soucieuse par ailleurs de porter une attention
spéciale à l’enfance et à la jeunes, et autour desquelles sera organisé en
1995 un grand colloque. (apic/jcn/mp)