Genève: Consultation pour repourvoir au poste de délégué épiscopal

APIC Interview:

Délégué épiscopal: un collaborateur indispensable pour l’évêque

Genève, 4 novembre 1999 (APIC) Une consultation sera prochainement lancée à Genève pour repourvoir le poste de délégué épiscopal, pour succéder à l’abbé Jean-Paul de Sury. En quoi consiste cette fonction? A quels besoins pastoraux répond-elle? Les explications de Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire à Genève.

Qu’est-ce qu’un délégué épiscopal?

Mgr Pierre Farine: C’est un peu la «doublure» de l’évêque auxiliaire, qui l’envoie pour le représenter ou pour agir quand lui-même ne peut pas le faire. Il lui confie un certain nombre de tâches et de dossiers, certains contacts et négociations.

Cette fonction existe-t-elle ailleurs en Suisse?

Mgr Farine: Dans le canton de Vaud, oui. Par contre, en Suisse alémanique, où il n’y a pas de décentralisation, cette fonction n’existe pas, ou, du moins, elle ne s’appelle pas comme ça. De fait, le délégué épiscopal est une fonction non prévue par le Droit canonique. Elle est née des nécessités de notre diocèse, où les évêques auxiliaires ne résident pas avec l’évêque diocésain et ont des tâches non seulement au niveau diocésain, mais aussi au niveau de la Conférence des évêques et de l’Eglise universelle. Ils ont donc besoin de quelqu’un pour les seconder.

Si vous n’aviez pas de délégué épiscopal, qu’est-ce qui changerait dans votre ministère?

Mgr Farine: Je devrais réduire un certain nombre de contacts avec les paroisses, les confrères, les assistants pastoraux et les communautés. J’aurais moins de temps pour rencontre les gens.

Comment se passera exactement la consultation que vous allez lancer pour nommer un nouveau délégué épiscopal?

Mgr Farine: Elle sera adressée, courant novembre, à tous les agents pastoraux, prêtres et laïcs. On leur demandera de donner trois noms de prêtres qu’ils pensent qualifiés pour prendre ce poste. Après dépouillement, une liste sera dressée et transmise au Conseil épiscopal qui, en communion avec l’évêque, choisira un candidat et le contactera. Si cette personne donne son accord, Mgr Genoud procédera à sa nomination. Il est bon de signaler que ce prêtre sera remplacé dans le ministère qu’il accomplissait auparavant. Il n’y aura pas de «trou».

Pouvez-vous esquisser le portait du délégué épiscopal selon vos rêves?

Mgr Farine: J’aimerais que ce soit un homme de contact, et que nous puissions former une bonne équipe, comme avec Jean-Paul de Sury dont la collaboration m’est précieuse. Il faudrait qu’il puisse être en contact avec le Bureau, le Conseil pastoral cantonal, les communautés, l’Eglise, quoi!

Un collaborateur à mi-temps sera-t-il à même d’assumer toutes les tâches qu’assume actuellement l’abbé de Sury?

Mgr Farine: En tant que délégué de l’évêque auxiliaire qui est à Genève, ce prêtre sera surtout appelé à remplir les tâches genevoises. C’est là sa première et principale insertion. L’abbé Jean-Paul de Sury a beaucoup d’engagements au niveau national. Il continuera d’en accomplir certains, mais il arrive au bout de plusieurs mandats. Le nouveau délégué épiscopal ne les assumera pas.

Vous avez émis le souhait d’engager une autre personne à mi-temps pour s’occuper plus particulièrement des relations avec le personnel laïc. N’était-ce pas l’une des attributions du délégué épiscopal?

Mgr Farine: Oui, mais il n’a jamais eu le temps de s’y impliquer vraiment, du fait de ses nombreuses autres tâches. Les relations avec le personnel sont très importantes. Il faut une présence.

Cette personne sera aussi chargée de la prospective pastorale. Qu’entend-on par là?

Mgr Farine: La prospective pastorale est l’élaboration de tout ce que devra ou pourra être la pastorale à l’avenir. Il s’agit de définir les orientations futures, de déterminer les besoins de notre Eglise. En ce qui concerne par exemple les agents pastoraux, nous sommes actuellement dans une situation de «semi-urgence». Jusqu’à présent, nous nous sommes bornés à constater les manques. Une vraie prospective doit nous aider à repérer ces manques avant qu’ils ne se produisent, en nous signalant à l’avance les personnes qui arriveront en fin de mandat.

Il y quelques mois, le Conseil pastoral n’a-t-il pas procédé à une enquête auprès des agents pastoraux, afin justement de ne pas être pris au dépourvu lorsqu’ils arriveront à la fin de leur mandat?

Mgr Farine: Oui, et ce fut très positif. Grâce à cette petite prospection, nous savons maintenant où sont les problèmes, et cela jusqu’en 2004. Mais dans deux ou trois ans, il faudra recommencer! Grâce à la collaboration de cette nouvelle personne engagée à mi-temps, nous irons de l’avant. La commission de prospective pastorale, mise sur pied voici deux ans, va sortir de sa période de latence et retrouver de la vigeuer.

Cela fait maintenant trois ans que vous avez été nommé évêque auxiliaire. Etes-vous un évêque heureux? Quel regard sur votre ministère portez-vous et quel bilan en tirez-vous?

Mgr Farine: Bien sût que je suis un évêque heureux! Pendant ces trois ans, une de mes priorités a été de visiter les communautés paroissiales. J’en ai effectivement visité plusieurs, mais je n’ai pas fini. Je vais donc continuer, avec une préférence pour les petites communautés, celles que ne font pas parler d’elles, celles où apparemment, il ne se passe rien – ce qui n’est pas le cas! Une autre de mes priorités est l’œcuménisme. Le bilan est très positif. Nous avons des rencontres régulières avec nos collègues des Eglises réformées et catholique-chrétienne. Les contacts sont fréquents et fructueux. Parmi nos projets, il y en a un qui me plaît particulièrement. A l’occasion de l’an 2000, les trois Eglises vont placarder des affiches annonçant une «bonne nouvelle». Pour une fois, elles ne demanderont pas d’argent. Juste cela: l’annonce de la bonne nouvelle. C’est notre mission première et c’est une très belle idée.

Et le dialogue interreligieux?

Mgr Farine: Dans ce domaine aussi, il y a bien des choses qui bougent. C’est un chemin à poursuivre avec attention. (apic/propos recueillis par Gladys Théodoloz/tg/pr)

Nazareth: Mosquée devant la basilique de l’Annonciation objet de nouvelles controverses

Les évêques américains critiquent le gouvernement israélien

Nazareth, 4 novembre 1999 (APIC) Les évêques américains critiquent la position d’Israël sur la question de la construction d’une mosquée à Nazareth. Selon le quotidien israélien «Haaretz», le président de la Conférence épiscopale des Etats-Unis, Mgr Joseph Anthony Florenza, se plaint dans une lettre au président Clinton que le gouvernement israélien ait cédé de fait aux pressions de musulmans extrémistes.

«L’autorisation de la construction de la mosquée près de la basilique de l’Annonciation à Nazareth, précipite l’exode des chrétiens qui quittent Israël et renforce les menaces qui pèsent sur la communauté chrétienne dans les Lieux-Saints», écrit encore Mgr. Florenza. Le message a été remis au président Clinton avant que ce dernier ne rencontre à Oslo le Premier ministre israélien Ehud Barak et le dirigeant palestinien Yasser Arafat.

Plusieurs hauts fonctionnaires palestiniens font pression par ailleurs sur le mouvement islamique en Israël pour que celui-ci retire la demande de construction d’une mosquée devant la Basilique de l’Annonciation à Nazareth. Toujours selon le quotidien «Haaretz», «l’Autorité palestinienne a peur que cette provocation n’affecte les relations de la Palestine avec le Vatican».

L’Autorité palestinienne souhaite conserver de bonnes relations avec le Saint-Siège car l’Eglise catholique a toujours défendu les droits des Palestiniens et des Israéliens à Jérusalem, une position soutenue par la communauté internationale. Elle craint aussi que les affrontements ne freinent l’élan touristique provoqué par la célébration du grand Jubilé de l’an 2000.

Un accord approuvé par Israël stipule que les musulmans pourront occuper un tiers du terrain qui se trouve en face de la Basilique de l’Annonciation pour construire une mosquée. Le dimanche de Pâques de cette année, des magasins et des véhicules appartenant à des chrétiens avaient été attaqués par les intégristes musulmans qui ont demandé de construire la mosquée devant la symbolique Basilique de l’Annonciation, comme défi de l’islam militant à la religion chrétienne. (apic/kna/zenit/ba)

4 novembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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Mgr Bernard Agré, évêque de Yamoussoukro, Côte d’Ivoire

APIC – Interview

Propos recueillis par Maurice Page, Agence APIC

Mgr Bernard Agré, est un des pionniers de l’Eglise de Côte d’Ivoire. Fondateur du diocèse de Man en 1968, il a pris en 1992 la direction de celui de

Yamoussoukro nouvellement créé. Face à une population en majorité animiste,

l’évêque âgé de 64 ans est à la pointe de l’Evangélisation. Le Synode des

évêques sur l’Afrique qui a pris fin le 8 mai est pour lui un point de départ. A partir d’une relecture de Vatican II, c’est une occasion unique à

saisir pour donner un visage plus africain à l’Eglise.

Beaucoup se demandent aujourd’hui que peut-on attendre de bon de l’Afrique? remarque Mgr Agré qui refuse ce pessimisme. Comme il refuse de penser

que le Synode va tout changer comme un coup de bagette magique. L’attitude

fondamentale est une remise en question ou plutôt une conversion pour sortir des routines rouillées. L’Eglise est une famille, elle a besoin de témoins, plus que de maîtres.

APIC: L’inculturation était au centre du Synode. C’est un droit et un devoir pour l’Eglise africaine et non pas une concession, ont relevé les Pères synodaux. Jusqu’où peut-on aller dans le domaine des sacrements, en

particulier le mariage?

B.A.: L’inculturation consiste à habiller la parole de Dieu avec nos propres habits. Ce n’est pas un phénomène typique pour l’Afrique. L’Europe a

elle-même inculturé le christianisme du Proche-Orient et issu de la tradition juive. Le cas du mariage est typique. Même s’il n’est pas conforme, il

contient beaucoup de bonnes choses. Nous avons aujourd’hui trois mariages

superposés: le mariage coutumier, le marige civil et le mariage chrétien.

Il faut chercher une certaine unification. L’Occident a d’ailleurs connu un

processus semblable, puisque dans plusieurs pays d’ancienne chrétienté, le

mariage religieux est aussi valable sur le plan civil.

APIC: Cela implique des modifications du droit canon?

B.A.: Le droit canonique est la codification de la vie. De temps en temps

on éprouve donc le besoin de le modifier. C’est aux théologiens, aux canonistes africains, aux pasteurs, de nous pencher sur le sens de la vie des

gens, de voir ce qu’ils cherchent, ce qu’ils souhaitent. Pas pour nécessairement les contenter, mais voir ce qui est faisable, ce qui est conforme à

la loi de Dieu, ce qui facilite les rapports humains, la communication.

APIC: Votre diocèse de création très récente compte un grand nombre d’animistes, il s’agit pour vous d’une question primordiale?

B.A.: La grâce de Dieu saisit les gens là où ils sont. Certains viennent au

christianisme en étant monogames, mais d’autres sont polygames. Que faire

avec eux? Leur donner le baptême? Leur donner les sacrements? Ce sont autant de problèmes humains et pastoraux qu’on ne peut pas trancher au couteau. Au Synode, nous avons souhaité la création de commissions permanentes

au sein des conférences épiscopales pour se pencher sur ces questions, en

corrélation avec Rome et avec les conférences régionales. Il faut aussi

consulter les «hommes ressources» qui incarnent la sagesse du peuple. Ils

sont la mémoire de la communauté et quelques fois leurs avis nuancés nous

donnent des solutions très humaines.

APIC: L’avenir de l’Eglise en Afrique repose sur les petites communautés de

base dirigées par des catéchistes. Le manque des prêtres est souvent encore

important. Ne pourrait-on pas conférer le sacerdoce à ces responsables de

communautés?

B.A.: Nous n’avons pas attendu le Synode pour cela. Certains responsables

de communauté qui n’étaient pas mariés ont déjà été appelés au sacerdoce.

Faut-il le souhaiter pour des personnes mariées? La vie nous le dira. Dans

certaines régions la direction des paroisses est confié à des laïcs mariés,

au Zaïre par exemple. Ces gens gardent et distribuent l’eucharistie mais ne

célébrent pas la messe. Ils s’occupent des sépultures, de la proclamation

de l’Evangile ou de l’homélie. Dans vos paroisses en Europe, ces tâches

sont encore assumées presque uniquement par des prêtres, parfois des diacres. Avec le manque de prêtres elles devront aussi davantage s’appuyer sur

les laïcs, hommes et femmes.

APIC: Les prêtres formés dans des séminaires en ville ne sont-ils pas coupés de la base et de la communauté?

B.A.: La formation des prêtres est revenue sur le tapis plusieurs fois au

cours du Synode. Il s’agit d’adapter la formule aux circonstances. On peut

peut-être considérer que des études classiques longues sont de trop. Mais

un pasteur qui prend la Bible et qui commence à Evangéliser sans autre

n’est pas non plus un modèle. Il s’agit d’insérer davantage les futurs prêtres dans la vie. Après la première année de théologie, les séminaristes

sont envoyés dans les paroisses comme stagiaires pour un an. Quand certains

reviennent, les écailles leur tombent des yeux. Le peuple chrétien veut que

ses prêtres soient bien formés au point de vue intellectuel mais tient aussi à ce que le clergé soit proche de sa réalité.

APIC: Inculturation signifie aussi l’autonomie?

B.A.: Il faut voir trois sortes d’automonie pour nos Eglises. L’indépendance culturelle d’abord. C’est tout ce qui regarde la catéchèse, la liturgie,

les structrures d’évangélisation. Ce qui sert à dire que Jésus-Christ est

quelqu’un de chez nous. Que sa Parole a été ’digérée’ par nos cultures.

Il y a l’indépendance au niveau du personnel pour l’ enseignement, l’encadrement, l’évaluation, la gestion. On peut pendant un certain temps importer ce personnel. Mais il faut que ces gens en forment d’autres pour les

remplacer.

La troisième indépendance est économique et financière. Une Eglise qui

ne peut pas se prendre en charge financièrement reste une Eglise mineure.

Il faut que les fidèles soient éduqués à participer, même s’ils sont pauvres. Nous ne refusons pas l’aide extérieure. Mais nous ne pouvons pas indéfiniment tendre la main. D’autant que sur place avec un peu d’imagination, de persévérance et de bonne gestion, il y a beaucoup de choses à faire.

APIC: Le Synode a beaucoup insisté sur le thème de la justice et de la

paix?

B.A.: Le message final est rempli de cette réalité. L’Eglise doit être à la

fois ’leader’ et servante attentive aux vrais besoins des personnes. En

particulier des jeunes et les femmes. Il y a aussi l’évangélisation des milieux politiques et des décideurs administratif. Trop souvent notre apostolat ne touche pas cette dernière catégorie qui a une place importante dans

la vie quotidienne. On ne demande pas que l’Eglise dirige les banques. Mais

l’Eglise demande que les banques soient honnêtes. L’Eglise doit être la

promotrice de la vie de la cité.

APIC: La perspective de la Conférence sur la population et le développement

du Caire en septembre a beaucoup préoccupé les évêques?

B.A.: Il faut regarder la croissance de la population d’une façon raisonnée

et non pas anarchique. L’Afrique n’est pas homogène. Au Rwanda par exemple

la densité de la population est forte, mais il y a ailleurs encore de larges espaces inoccupés. C’est la confrontation avec la ville qui laisse augurer des lendemains difficiles. Nous ne sommes pas contre la limitation et

la régulation des naissances. Nous devons avoir une paternité et une maternité responsables. Il faut voir les moyens que l’on emploie. L’Afrique traditionnelle avait des moyens tous simples, comme l’allaitement maternel qui

était très efficace pour l’espacement des naissances. Puis sont venus les

contraceptifs et le sida qui s’en mêle.

Aujourd’hui on refuse de voir le côté ethique et le côté culturel. On ne

peut pas casser les tabous culturels, il faut en tenir compte lorqu’on propose des solutions. Nous sommes assez inquiets de voir que là où les préservatifs ont été tant pronés le sida n’a pas reculé. Qu’est-ce cela veut

dire? Le moyen employé est-il le meilleur? Alors qu’on ne dit presque rien

sur l’autodiscipline, l’éducation, l’information objective, la fidélité au

partenaire. Qu’on trouve tout à fait dépassé de parler de virginité. Je

crois que sont des valeurs qu’on ne peut pas fouler aux pieds impunément.

Il est beaucoup plus facile d’inonder nos pays de préservatifs.

APIC: Vous dites le christianisme a passé sur beaucoup d’Africains comme un

vernis?

B.A.: Le christianisme a une action lente sur les peuples. Quel qu’il soit,

l’homme porte les sequelles du péché originel. L’Europe dont le christianisme a plus d’un millénaire connaît aussi les massacres dans l’ex-Yougoslavie, sans oublier l’Holocauste. L’Europe n’a pas tellement à faire la leçon. Mais nous reconnaissons que cela va trop loin et que cela veut dire

que nous n’avons pas assimilé le message chrétien. Nous sommes toujours en

pays de mission. Il faut labourer et relabourer. Le christianisme doit être

toujours un défi lancé à tous ceux qui se prétendent chrétiens. Chacun doit

faire sa conversion. Le Synode est une occasion unique de se remettre en

question, de relever les défis. (apic/mp)

16 mai 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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