Rencontre avec une jeune femme, mariée, de la communauté Eucharistein
APIC-Interview:
La vie spirituelle ordonne la vie pratique
Marie-José Portmann, agence APIC
Saint-Maurice,
(APIC) Dans un écrin de verdure, entouré de chevaux, de moutons, de poules qui caquettent, la communauté de vie Eucharistein d’Epinassey réunit cinq filles et cinq garçons, âgés de 24 à 39 ans. Originaires du Valais, du canton de Fribourg et de France, ces laïcs ont abandonné leur vie professionnelle pour s’engager progressivement dans la vie consacrée. APIC a rencontré Marlène, jeune femme de trente ans. Elle fait exception à l’orientation vers le célibat consacré de la communauté puisse qu’elle y vit sa vocation de femme mariée.
Marlène a grandi dans la ville toute proche de Saint-Maurice. En ce lundi de la Pentecôte, elle accueille les pèlerins qui convergent de toute la Suisse romande vers le pré en pente où se déroulera l’Eucharistie. Posant sur son interlocutrice ses grands yeux bruns attentifs et sereins, elle expose sobrement mais avec conviction la mission et les perspectives de la toute petite fraternité lovée contre la montagne, derrière le village d’Epinassey et dont elle fait partie dès le début.
APIC: Qu’est-ce qu’Eucharistein?
Marlène: Après avoir vécu cinq années comme ermite de Notre Dame du Scex, Nicolas Buttet a fondé une communauté dont le cœur est l’Eucharistie. Nous nous relayons jour et nuit devant le Saint Sacrement. Nous approfondissons ensemble notre vocation dans la prière et l’échange. Plusieurs parmi nous se sentent appelés au sacerdoce. A côté de la louange, nous nous consacrons à l’accueil.
APIC: Qui vient frapper à la porte d’Eucharistein?
Marlène: L’accueil est ouvert à tous, pour un jour, un mois, une année ou plus selon les besoins. Nous pouvons loger jusqu’à 20 personnes. Après avoir rénové une ferme qui tombait en ruine, nous avons bâti une maison comptant de nombreuses chambres. Certaines personnes arrivent profondément blessées par des expériences difficiles, marginalisées et exclues de la société. A nous de mettre en eux l’espérance que le monde n’a plus en eux. Elles ont besoin d’un temps de reconstruction, d’un accompagnement au long cours. Ici, elles ont l’occasion de reprendre pied dans une existence communautaire où la vie spirituelle ordonne la vie pratique. Jardin, soins aux animaux, cultures, travail de construction, les personnes en détresse renouent avec les bases essentielles de l’existence. La dimension spirituelle passe avant la dimension psychiatrique même si nous sommes toujours en relation avec des médecins.
APIC: N’êtes-vous pas un peu coupés du monde?
Marlène: Bien au contraire. Nous sommes en lien étroit avec le Père Abbé de St-Maurice, Mgr Joseph Roduit, et avec notre paroisse de Saint-Maurice. Nous y animons un groupe de jeunes dénommé , selon une phrase de Mère Teresa. Nous organisons également un festival qui a réuni une centaine de jeunes l’an dernier. Nous assumons en outre une liturgie de prière à Châtel-Saint-Denis, au centre de la Suisse romande avec le . Au travers de ce mouvement qui réunit des personnes assumant des responsabilités importantes dans la vie politique et économique, nous consacrons une grande session annuelle à approfondir la doctrine sociale de l’Eglise.
APIC: Est-il réellement possible de concilier foi et participation active au monde du travail?
Marlène: C’est bien ce que nous cherchons à faire dans le volet mission de nos activités. Que l’on soit dans le monde ou dans une communauté, l’enjeu demeure le même. Il s’agit découvrir la nécessité et la portée d’une véritable vie intérieure. Sinon, on est ballotté comme des fétus de paille d’une réalité à l’autre, d’un choix à l’autre.
APIC: Votre communauté paraît en plein essor.
Marlène: La tendance va en effet vers un développement. Nous ne tirons pas de plans sur la comète. Nous nous contentons d’adapter au mieux notre structure aux besoins qui se manifestent. On ressent chez de nombreuses personnes qui font étape chez nous pour se ressourcer un besoin de sens et une soif de découvrir l’Eucharistie.
APIC: Eucharistein est regardé parfois avec scepticisme voire avec défiance.
Marlène: Les débuts ne vont jamais sans combat, c’est la dimension de l’enfantement spirituel. Nous ne comptons que quatre ans d’existence. C’est aussi un appel à la confiance. Notre communauté suscite parfois des réactions violentes mais elles sont presque toujours le fait de gens qui ne nous connaissent pas et qui ne sont pas prêtes à pousser la porte de notre maison, pourtant toujours ouverte. Nous faisons le maximum pour rester en lien avec l’extérieur, pour informer et expliquer notre vie.
APIC: Quel est le message de votre responsable, Nicolas Buttet?
Marlène: C’est celui de l’Eglise catholique. Nous n’avons pas d’autre enseignement que celui de notre Eglise. Par son expérience, Nicolas Buttet nous aide à discerner en nous à quoi nous sommes destinés.
APIC: Qu’en est-il de l’épanouissement personnel dans une vie consacrée à la prière?
Marlène: On vit pour Jésus, c’est vrai. On donne sa vie. C’est en se tournant vers Dieu que l’on se découvre et que l’on apprend à se connaître soi-même, pas en s’analysant. L’épanouissement vient en surcroît. Ce n’est pas le mouvement premier de notre démarche. Nous vivons intensément l’émotion du don de soi, selon le mot de Mère Teresa. (apic/mjp)
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