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apic/Lefort/pédophilie

APIC- Interview

Belgique: procès de John Stamford, (150295)

éditeur du guide homosexuel et pédophile «Spartacus»

François Lefort, prêtre et médecin, crie son indignation

Paris, 15février(APIC/Jean-Claude Noyé) Au moment où reprend à Turnhout,

en Belgique le procès de John Stamford, éditeur du guide homosexuel et pédophile «Spartacus», François Lefort, prêtre et médecin, dénonce avec violence le crime organisé qu’est l’exploitation sexuelle des enfants. John

Stamford, – contre qui il a fait une déposition écrite qui sera produite

lors du procès – ne risque que quatre mois de prison, déplore-t-il, tout en

espérant que l’impact médiatique du jugement soit suffisant pour faire bouger les choses. De passage à Paris, (il vit la plupart du temps en Afrique), François Lefort a commenté pour l’APIC son combat.

APIC: Qui est John Stamford?

François Lefort: John Stamford, un ancien pasteur anglican, est l’éditeur

du guide «Spartacus», la référence du tourisme sexuel et pédophile dans 150

pays. En me faisant passer pour l’intermédiaire d’un homme riche amateur de

jeunes enfants, j’ai eu l’occasion de le rencontrer. Il a immédiatement

compris ce que mon «commanditaire» voulait et m’a remis un répertoire d’un

millier de correspondants dans le monde entier, capables de fournir en

quelques heures un enfant, fille ou garçon, de n’importe quel âge. Le lendemain, j’adressais ce fichier à la chaîne de télévision française Antenne

2. Mais il a fallu attendre dix ans pour qu’il soit arrêté.

C’est homme est malin. Il a un dossier en béton. De nationalité anglaise, il vit en Belgique et travaille en Hollande. Vous imaginez les complications judiciaires! Il n’y a pas de pédophilie romantique. Ce commerce

brasse beaucoup d’argent. Et ces gens-là n’hésitent pas à tuer. Regardez,

j’ai reçu par la poste ceci. (Il montre une grosse boîte d’allumettes qui

contient une migale morte). J’ai également reçu une lettre anonyme avec ce

message: «Nulle part au monde, tu es à l’abri».

APIC: Que peut-on attendre de ce procès?

F.L. Je ne m’y rendrai pas, non par peur des représailles, mais parce que

je sais d’avance que la peine n’excédera pas quatre mois de prison. Le maximum prévu pour l’inculpation d’incitation à l’exploitation sexuelle des

adultes et des enfants. Nous voudrions qu’il soit jugé pour proxénétisme.

Cet homme utilise un langage uniquement économique. Je me battrai contre

lui jusqu’au bout, je veux lui casser les reins. Par contre au plan médiatique, si ce procès peut faire «sauter les plombs», c’est une bonne chose.

APIC: Votre combat en faveur des enfants ne date pas d’hier…

F.L. La lutte contre la pédophilie n’est pas ma spécialité, si j’ose dire.

Je m’occupe d’abord des enfants des rues. Plus de 80% d’entre eux peuvent

s’en sortir si l’on s’occupe d’eux. Mais il faut savoir que 45% des enfants

des rues se prostituent. En 1985, je suis parti en voyage autour du monde

pour faire une étude sur la prostitution enfantine, laquelle a fait à

l’époque l’objet d’une vaste campagne de sensibilisation. Dans la foulée,

je suis parti en Mauritanie en plein désert, sans téléphone, ni fax, seul

médecin au milieu de 60’000 personnes dans un territoire de 20’000 km2. Finalement l’évêque, qui est pourtant un ami, m’a renvoyé parce que j’avais

dénoncé l’esclavage et les massacres dans le pays, ceci sur la pression des

autorités politiques, notamment françaises.

A Nouakchott, capitale de la Mauritanie, les enfants de la rue se sont

organisés tout seuls, avec efficacité. Il était plus aisé de les réinsérer.

APIC: Quelle est votre action aujourd’hui?

F.L. En tant que secrétaire général du Fonds de solidarité pour les enfants

de la rue de la Fondation Raoul Follerau, je coordonne les actions en faveur des enfants des rues dans 42 pays, aux Philippines, en Afrique, en

Amérique latine etc.

APIC: Lorsqu’on parle d’exploitation des enfants on entend aussi parfois

trafic d’organes…

F.L. Aujourd’hui, j’ai l’intime conviction que l’on tue des enfants pour le

commerce d’organes. A la morgue de Cochabamba, en Bolivie, j’ai vu des cadavres d’enfants dépouillés de leur coeur, de leur foie, de leurs reins. Ce

sont des preuves formelles. Mais on me rétorque souvent: ’ce ne sont que

des rumeurs’. Aujourd’hui, Interpol a deux priorités: le trafic de drogue

et le terrorisme international; il faudrait en mettre une troisième: le

trafic d’enfants.

APIC: Ces dernières années, plusieurs scandales concernant des prêtres pédophiles ont éclaté, en particulier aux Etats-Unis…

F.L. On a la sexualité du monde dans lequel on vit. Beaucoup de prêtres vivent au contact direct des enfants. Par ailleurs les contacts charnels avec

les femmes sont prohibés, fantasmés et refoulés dans le sens négatif. Le

risque existe donc que leur sexualité ressorte sous la forme dégradée de la

pédophilie. Je souhaiterais faire une étude sur la sexualité des prêtres.

Combien d’entre eux respectent vraiment leur engagement de célibat et de

chasteté? Sont-ils 95% ou seulement 5%? S’ils n’étaient qu’une faible proportion, il faudrait alors revoir sérieusement la règle du célibat. (apicjcn/mp)

15 février 1995 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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