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Rome: publication du message du pape pour la Journée mondiale de la Paix

Jean-Paul II y souligne le rôle décisif des femmes (091294)

Rome, 9décembre(APIC) Le Vatican a publié vendredi le message du pape

Jean Paul II pour la 28e Journée mondiale de la Paix, qui sera célébrée le

1er janvier 1995. Le pape y souligne notamment le rôle décisif des femmes.

Cette année, Jean Paul II a choisi de s’adresser «surtout aux femmes».

Son texte, de 13 pages, a été présenté par le cardinal Roger Etchegaray,

président du Conseil pontifical Justice et Paix.

C’est très positif, écrit Jean-Paul II, que se développe la présence des

femmes dans la vie sociale, économique et politique sur les plans local,

national et international. «Les femmes ont tout à fait le droit de jouer un

rôle actif dans tous les secteurs de la vie publique, et leur droit doit

être affirmé et défendu, y compris par des instruments juridiques lorsque

cela se révèle nécessaire».

En préambule, le pape pense qu’il est temps de «passer des paroles aux

actes»: la violence, les guerres, l’injustice «ne sont plus tolérables».

L’action, ajoute-t-il, ne peut «se limiter aux aspects extérieures de la

vie commune, mais elle doit influer sur les esprits». Avec une clef de voûte: la vérité sur l’homme, la dignité de la personne humaine, sans lesquelles une vraie paix n’est pas possible.

1995 étant Année internationale de la femme, le pape engage donc les

femmes sur ce chemin. «Dieu leur confie l’homme, l’être humain, d’une manière spécifique» et elles ont avec l’homme «des rôles complémentaires

dans la vocation commune à l’amour». Malheureusement, la réciprocité et la

complémentarité entre l’homme et la femme ne sont pas toujours au rendezvous. Et ce sont les femmes qui ont le plus souffert de cette réalisation

manquée, estime Jean Paul II.

Promotion de la femme: il faut aller plus loin

Certes, reconnaît Jean-Paul II, «les femmes ont accompli à notre époque

des pas significatifs» en s’exprimant à des niveaux importants, mais la

progression sur cette voie a été difficile et complexe, non sans erreurs

parfois, mais positive pour l’essentiel. Aujourd’hui, insiste-t-il, il faut

aller plus loin, car «l’édification de la paix ne peut faire abstraction de

la reconnaissance et de la promotion de la dignité personnelle des femmes».

C’est pourquoi le pape adresse «un appel pressant à réfléchir sur l’importance décisive du rôle des femmes dans la famille et la société». Il

fonde son appel sur le rôle de la mère dans la famille, qui est «la première école, l’école fondamentale de la vie sociale»: si les femmes y vivent

la paix en elles-mêmes et dans leur famille, elles pourront transmettre

leurs dons à toute la communauté et ainsi transformer la société humaine.

D’où l’importance, aux yeux du pape, de développer la présence des femmes dans la vie sociale, économique et politique. En ayant bien conscience

aussi que «la reconnaissance du rôle public des femmes ne doit pas diminuer

pour autant leur rôle irremplaçable à l’intérieur de la famille: leur contribution au bien et au progrès de la société a là une valeur réellement

inestimable, même si elle est peu considérée».

De l’avortement à la guerre: le camp de la vie

«Troublés et inquiets, nous assistons aujourd’hui au crescendo dramatique de tous les genres de violence», ajoute le pape, qui s’érige particulièrement, dans une longue liste de violences, contre l’utilisation de la

femme «comme pur instrument de plaisir» et contre «la coutume inadmissible

de la discrimination des garçons et des filles dès leurs premières années».

Plus globalement, le pape constate que les femmes et les enfants sont

malheureusement parmi les victimes les plus fréquentes de cette violence

aveugle, victimes de «formes détestables de barbarie qui répugnent profondément à la conscience humaine». Il évoque ici la question de l’avortement:

«Dans la violation du droit à la vie de l’individu humain se trouve déjà en

germe la violence extrême de la guerre. C’est pourquoi je demande aux femmes de s’engager toutes et constamment dans le camp de la vie».

Le Saint-Siège à Pékin

En présentant le texte, Mgr Etchegaray a insisté sur le fait que ce sont

les femmes qui ont le plus souffert dans «les rapports de réciprocité et de

complémentarité» entre l’homme et la femme. Il a souligné que les femmes

savent parler de paix même sans paroles, à travers leurs actes, et trop

souvent par «l’éloquence muette de leur souffrance». Il a fait part de la

préoccupation du pape: dans certains pays, «les filles sont parfois considérées de moindre valeur». En partant de la «triste situation» des femmes

et des filles dans le tiers monde, il a estimé que «la prostitution enfantine est la plaie la plus honteuse qui existe au flanc de l’humanité».

Le cardinal Etchegaray a également précisé que le Saint-Siège participe

à toutes les rencontres régionales de préparation de la Conférence internationale sur la femme qui se tiendra à Pékin en 1995 sous l’égide de l’ONU.

Au-delà des circuits ecclésiaux, le message du pape sera transmis, par

le biais des nonciatures, à tous les chefs d’Etat du monde et aux autorités

internationales, «y compris dans les pays musulmans, où nous savons que la

femme est trop peu reconnue», a ajouté Mgr Etchegaray. Même si, a précisé

Mgr Diarmuid Martin, secrétaire du Conseil «Justice et Paix», «il ne s’agit

pas d’une critique générale de l’islam. De nombreux textes de cette religion, a-t-il dit, prévoient le respect et la protection de la dignité de la

femme, parfois plus que dans certaines pratiques abusives qui blessent la

dignité de la femme occidentale. (apic/jmg/pr)

9 décembre 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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