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apic/PapeVoyage/Afrique

Kénya: Dernier jour et ultime étape du voyage du pape en Afrique

Près d’un million de personnes réunies à Nairobi (190995)

Nairobi, 19septembre(APIC) La dernière journée du 11e voyage africain du

pape Jean Paul II a été marquée mardi par un appel solennel du pape adressé

à chaque pays d’Afrique, lancé depuis Nairobi. Dans un «Parc de la Liberté»

et devant une foule estimée à un million de personnes, le pape a en effet

souhaité voir réuni autour de l’autel devant lequel il officiait les peuples de chaque pays d’Afrique.

Jean Paul II demande à l’Afrique de ne pas adopter «des modèles de développement économique et social, parfois imposés et qui ne reflètent pas le

génie de l’Afrique; de préserver la structure de la famille. Si Jean Paul

II, sur un plan politique, met en garde les africains contre «l’ethnocentrisme», il attend sur le plan religieux, que l’Eglise d’Afrique porte, à

travers la famille, «la lumière du Christ aux quatre coins de l’Afrique».

«Le Synode n’est pas terminé, le Synode ne fait que commencer!» Ainsi le

pape devait-il conclure, en fin d’après-midi de mardi le Synode spécial sur

l’Afrique, organisé dans sa phase préparatoire en Afrique, dans sa phase de

travail à Rome et dans sa phase célébrative en Afrique avec le 67e voyage

de Jean Paul II hors d’Italie, réalisé au Cameroun, en Afrique du Sud et au

Kénya.

Danc chaque pays cette fois visité, le pape a occupé la journée et demie

dont il disposait selon un même planning: visite de courtoisie au chef

d’Etat le jour de son arrivée, messe solennelle en plein air le lendemain

matin, séance synodale avec les représentants de l’Eglise catholique et des

autres religions l’après-midi.

Mettre en pratique le message du Synode

«il s’agit maintenant de mettre en pratique le message du Synode», a déclaré le pape au cours de l’homélie prononcée à Nairobi lors de la messe

célébrée en plein air en présence de plusieurs centaines de miliers de personnes – un million selon les organisateurs et la police -. «Je voudrais,

a-t-il dit, réunir autour de cet autel les peuples de chaque pays d’Afrique». Il les a tous nommés, donnant ici et là un commentaire: «Les peuples

du zaïre, qui peinent encore pour rassembler de manière démocratique leurs

différentes composantes»; «L’Angola, meurtris par de longues années de

guerre civiles»; «la Tunise», le Maroc et l’Algérie, pays à majorité musulmane, mais qui ont connu une présence du christianisme dès ses premiers

siècles».

Parcourant la liste des pays, le pape s’est arrêté un instant. Il a

haussé le ton et a martelé les mots suivants en lisant: «Les peuples du Burundi et du Rwanda. J’ai de vifs souvenirs de mes visites dans ces pays magnifiques en des temps de paix, alors qu’aujourd’hui, nous pensons avec

tristesse au terrible conflit ethnique encore latent après avoir englouti

tant de victimes innocentes. Pendant le Synode africain, nous, les pasteurs

de l’Eglise, avons ressenti le devoir d’exprimer notre consternation et de

lancer un appel au pardon et à la réconciliation: c’est la seule manière de

dissiper les menaces qui pèsent sur l’Afrique».

L’évangélisation passe par la famille

Pourquoi le pape visite-t-il aussi souvent l’Afrique? s’est interrogé

Jean Paul I . Et de donner une réponse «parmi d’autres»: l’Afrique est le

continent de la famille, et le futur de la mission d’évangélisation de

l’Eglise passe par la famille. La société africaine est profondément enracinée dans la famille. C’est un trésor… et tout afaiblissement de la famille est la source de problèmes inextriquables».

Dans cette perspective, Jean Paul II considère que la mère de famille

joue un rôle clef car «elle est généralement la première évangélisatrice».

Le pape a conclu son homélie sur cette prière: «Puissent les familles africaines trouver dans la Sainte Famille de Nazareth, la voie pour un voyage

sûr à travers les troubles dûs aux changements sociaux qui menacent de les

priver matériellement et spirituellement de leurs propres racines».

Après avoir invité les africains à préserver la structure familiale, le

pape a encore invité l’Afrique à renoncer à un développement économique et

social, parfois imposé, qui ne reflèterait pas le génie de l’Afrique.

Troisième session synodale

Après la messe très colorée et animée de danses et de chants africains,

le pape a donné la bénédiction finale revêtu d’un vêtement liturgique typiquement africain. Il a assisté ensuite, dans l’église du Jardin de la Résurrection, à sa troisième session synodale en terre d’Afrique en présence

de 800 personnes. Les représentants des autres confessions chrétiennes et

des autres religions étaient présents, à l’exception de ceux de l’islam,

qui avaient décliné l’invitation.

Jean-Paul II a écouté les rapports de ces différents représentants, introduits par le cardinal Maurice Otunga, archevêque de Nairobi: rapport sur

l’impact du synode dans cette région de l’Afrique, point de vue orthodoxe

et de la religion traditionnelle africaine. Le pape a dit l’»ardent désir»

qui était le sien de venir lancer le Synode en Afrique même, pour «vous aider à atteindre le but de ce synode et à prendre la bonne direction pour

votre vie ecclésiale en vue du grand Jubilé de l’an 2000». Il a présenté le

document final du synode, à savoir l’exhortation apostolique «Ecclesia in

Africa», qu’il a remise officiellement à chacun des pays à la fin de chaque

messe à Yaoundé, à Johannesbourg et à Nairobi, comme «un instrument et un

commencement», car «ce qui compte, a-t-il dit, c’est le renouveau effectif

des membres de l’Eglise, et leur ministère et leur service toujours plus

généreux».

Jean-Paul II a ensuite évoqué le rôle social de l’Eglise dans la société

africaine: «Si l’Afrique est fragmentée et divisée, l’Eglise, comme famille

de Dieu, doit être un modèle d’unité pour la société. Si l’Afrique est touchée par la pauvreté, la corruption, l’injustice et la violence, l’Eglise

doit être une communauté qui régénère, qui réconcilie, qui pardonne et qui

soutient.» Une communauté qui «irradie une foi vivante», fondée sur «une

riche vie de prière, de pratique des sacrements et d’intégrité morale».

L’évangélisation a besoin d’agents, des laïcs

L’évangélisation a besoin d’agents, au premier rang desquels le pape a

cité les laïcs: «la maturation de la communauté catholique en Afrique va

consister pour une bonne part dans le développement du rôle des laïcs, de

façon à ce qu’ils exercent, avec une totale responsabilité, leur vocation

et leur dignité de chrétiens». Observant que les laïcs africains, «surtout

les jeunes», sont déçus par le peu d’espace qui leur est laissé dans

l’Eglise, Jean-Paul II a appelé à la promotion d’un «laïcat dynamique» fondé sur les parents, les éducateurs et «des leaders politiques ayant un sens

profond de la moralité».

Dans sa réflexion sur les agents de l’évangélisation, le pape a encore

insisté sur le rôle particulier de la famille dans l’inculturation: «Les

Pères synodaux ont considéré la famille comme l’idée force de

l’évangélisation de ce continent».

Le pape a conclu en insistant une fois encore sur le fait que l’Afrique

possède les ressources humaines et spirituelles nécessaires pour tracer sa

propre voie, sans importer ce que les sociétés de consommation ont de moins

bon! Et d’ajouter: «Je vous lance aujourd’hui un défi qui consiste à rejeter un mode de vie qui ne correspond pas au meilleur de vos traditions locales et de votre foi chrétienne». (apic/cip/pr)

19 septembre 1995 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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