Inde: Les extrémistes hindous veulent toujours (260494)

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détruire la cathédrale catholique de Pondichéry

Deux bataillons protègent la cathédrale depuis deux mois

New-Delhi, 26avril(APIC) Dissuadés en mars dernier par le déploiement

massif de deux bataillons des forces de sécurité indiennes de s’emparer de

la cathédrale catholique de Pondichéry pour la détruire, le mouvement «Hindu Munnani» veut maintenant l’occuper «avec des moyens non-violents», a annoncé mardi Ram Visvalingam, chef de cette organisation extrémiste hindoue.

Les fanatiques religieux soutiennent que cette cathédrale a été construite

sur l’emplacement d’un ancien temple hindou consacré au dieu Shiva.

S’il ne veut plus envahir ce lieu de culte catholique par la force, Ram

Visvalingam affirme qu’»il n’y a absolument aucun doute» que ses partisans

détruiront un jour la cathédrale de la ville de Pondichéry, ancienne colonie française au sud-est de l’Inde.

C’est la première fois dans l’histoire que l’on menace un édifice religieux chrétien en Inde. Le 6 décembre 1992, la mosquée de Ayodhya avait été

détruite par des extrémistes hindous parce que le bâtiment musulman avait

été édifié sur le lieu présumé de la naissance du dieu Rama. Les émeutes

provoquées par cette destruction avaient fait plus de 1’200 morts. A Pondichéry, port de cabotage d’une centaine de milliers d’habitants situé sur la

Côte Est, au sud de Madras, l’on s’attend au pire depuis quelques mois.

Avant le bouclage du secteur par les forces de sécurité, le chef du mouvement «Hindu Munnani» avait annoncé qu’il voulait organiser ce mois-ci un

culte dédié à Shiva à l’intérieur de la cathédrale, pour ensuite l’occuper

avec ses adeptes. Comme l’accès leur en est désormais interdit, ils récitent maintenant leurs prières quotidiennement devant l’entrée de l’édifice.

Les recherches faites sur la construction de la cathédrale de Pondichéry

montrent qu’aucun temple hindou ne se trouvait à cet emplacement, mais il y

en avait bien un à l’endroit où le cimetière catholique a été construit. Il

avait été détruit au XVIIIe siècle par l’administrateur colonial français

Joseph François Dupleix pour des raisons militaires à un moment où les Anglais bombardaient la ville. Par ailleurs lors du retour l’ancienne colonie

française à l’Inde en 1954, l’Etat avait garanti la protection des nombreuses tombes jésuites se trouvant à l’intérieur de la cathédrale.

La politique ultranationaliste menée par le puissant parti BJP met en

cause les fondements mêmes de l’Inde laïque et pluraliste voulue par ses

«pères fondateurs». Les minorités religieuses en Inde, pays à 83% de religion hindoue, craignent pour leur avenir. Les musulmans sont quelque 120

millions, les chrétiens près de 20 millions (en grande majorité catholiques), sans compter les sikhs, les bouddhistes et d’autres communautés religieuses plus petites (jaïnistes, parsis, juifs, etc.) (apic/eda/kpr/be)

26 avril 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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