consacré au pèlerinage des orthodoxes grecs sur l’île de Tinos
Apic-Reportage: complément à l’article du bulletin no 238 (260892)
ENCADRE
L’archevêque orthodoxe d’Athènes et de toute la Grèce, Mgr Seraphim, est
à la tête d’une Eglise dont les fidèles représentent quelque 97,6% de la
population, contre 0,4% de catholiques, 0,1% de protestants et 1,5% de musulmans. Les causes historiques et culturelles de la rupture entre les
Eglises d’Orient et d’Occident remontent bien au-delà du Schisme d’Orient,
le 16 juillet 1054. La mésentente trouve sa toute première cause en 285 déjà, dans la division par Dioclétien de l’Empire romain en deux parties,
l’Orient et l’Occident. Dès cette époque, deux mondes, déjà marqués par des
origines et des influences différentes, ne vont plus cesser de s’éloigner
l’un de l’autre.
Les conflits doctrinaux entre Rome et Constantinople furent nombreux entre le IIIe et le XIe siècle. Maintes ruptures en furent les conséquences
(schisme «acacien» au Ve siècle, affaire des «trois Chapitres» au VIe siècle, schisme «monothéliste» au VIIe siècle, crise iconoclaste au VIIIe siècle, schisme de Photius au IXe siècle, etc). Dans ces crises, les problèmes
théologiques tenaient une place prépondérante; mais s’y ajoutaient les
questions de liturgie (usage du pain azyme, discipline ecclésiastique – célibat des prêtres, port de la barbe…) auxquelles l’Orient attachait beaucoup de prix. Mais deux sujets dominèrent bientôt les autres sans pour autant les éliminer: le «Filioque» et la primauté pontificale.
Les suspicions ainsi nourries de longue date allaient donner lieu à un
nouvel incident. Le véhément patriarche de Constantinople Michel Cérulaire
ayant repris contre Rome les accusations désormais traditionnelles, le pape
Léon IX, généralement mieux inspiré, envoya comme légat à Constantinople,
pour ramener la paix, son homme de confiance, le cardinal Humbert de Moyenmoutier, une personnalité au caractère aussi cassant que celui du patriarche. Ce fut le «clash» et, le 16 juillet 1054, Humbert déposa sur l’autel
de Sainte-Sophie, au milieu d’une célébration, une bulle excommuniant Cérulaire. Ce dernier réunit à Constantinople un concile qui procéda à l’excommunication des «latins».
Malgré diverses tentatives (concile de Lyon en 1274 et de Florence en
1439, l’unité ne fut jamais durablement rétablie. Il faudra attendre le XXe
siècle, avec l’avènement du pape Jean XXIII, puis du Concile Vatican II et
enfin la rencontre historique de Paul VI et du patriarche Athénagoras à Jérusalem en janvier 1964, pour voir s’ouvrir une ère nouvelle dans les relations entre Rome et le monde orthodoxe. Le 7 décembre 1965, le pape Paul VI
et le patriarche Athénagoras levaient solennellement les excommunications
réciproques de 1054. (apic/theo/pr)