Suisse: «Suicide collectif» de la secte de l’Ordre du Temple solaire
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Suisse: «Suicide collectif» de la secte de l’Ordre du Temple solaire
Au moins 48 morts à Cheiry (FR) et à Salvan (VS) (051094)
Fribourg, 5octobre(APIC) Au moins 48 personnes sont mortes dans la nuit
de mardi à mercredi lors de ce qui paraît être un «suicide collectif» des
membres de «l’Ordre du Temple solaire», dans une ferme de Cheiry, dans le
canton de Fribourg et dans trois chalets des Granges, près de Salvan, en
Valais.
Dans le village des Granges, sur la commune de Salvan, près de Martigny,
l’alerte a été donnée à 3h30 du matin. Trois chalets isolés étaient en
flammes. Les pompiers ont découvert quinze corps, dont des enfants, dans le
premier chalet, et dix dans le second. Le troisième chalet n’avait pu encore être fouillé dans la matinée car il était toujours en flammes.
Après minuit, un incendie ravageait une ferme isolée de Cheiry, dans le
canton de Fribourg. Après avoir trouvé le corps du propriétaire de la maison dans une chambre, les pompiers ont découvert vers 5h du matin, cachés
dans une cave, les corps de 22 autres personnes âgées de 20 à 80 ans. Les
passeports laissés sur place indiquent qu’il s’agit de Français, de Canadiens et de Genevois. Certains s’étaient étouffés avec des sacs en plastique, d’autres ont été tués d’une balle dans la tête. Quelques-uns portaient
des capes rouges, noires et blanches, les femmes des tuniques dorées.
Pas de prosélytisme dans la région, affirme le curé de Surpierre
Dans les deux villages, c’est la consternation. «Ces gens étaient très
discrets, ils n’ont à ma connaissance jamais fait de publicité ou de prosélytisme dans la région», témoigne Jean Richoz, curé de Surpierre, paroisse
dont dépend Cheiry. «Je suis ici depuis deux ans, je ne me suis pas occupé
d’eux, tout paraissait calme». Les gens disaient: «il semble qu’il s’agit
d’une secte, mais ils ne font pas de mal». Le propriétaire de la ferme
était un agriculteur genevois à la retraite âgé de 73 ans.
Aux Granges, les habitants ignoraient même la présence d’une secte. Certes, ils avaient été intrigués par le va-et-vient de voitures de location
immatriculées à Genève, mais croyaient à de simples touristes.
Une discrétion tout à fait dans l’esprit initiatique et ésotérique de ce
type de groupement, analyse Paul Ranc, diacre de l’Eglise réformée vaudoise, ancien président de l’Association pour la défense de la famille et de
l’individu (ADFIS). Depuis quelques années, des sectes de ce type néo-templier existent en France et en Suisse. Il s’agit de sociétés initiatiques
qui prétendent ressuciter l’idéal des templiers du Moyen-Age. «Ce n’est
qu’une dégénérescence» juge Paul Ranc, qui admet cependant n’avoir ni lui-même, ni l’ADFIS jamais eu de contact direct avec ce mouvement.
Ces gens s’adonnent à une mystique occulte alliée à des symboles de type
chrétiens, c’est-à-dire la robe des templiers et la croix. Ils ont également une parodie de messe. Des éléments confirmés par la découverte dans la
ferme fribourgeoise, cachée derrière une paroi de planches, d’une chapelle
équipée d’un autel et de vases liturgiques.
«A mon avis, poursuit Paul Ranc, cet ordre est une dissidence d’un ordre
templier établi. L’usage de pratiques occultes pourrait expliqué qu’ils ont
’disjoncté’.» Les adeptes se réunissent en cercles fermés dans des endroits
tranquilles et ne font aucune publicité. «J’ai constaté depuis plusieurs
années qu’ils se sont développés à Fribourg et en Valais parce qu’ils peuvent y trouver facilement des endroits isolés, où on ne les embête pas.»
«Leur suicide collectif m’étonne beaucoup, explique le spécialiste des
sectes. Je ne l’explique pas d’une façon rationnelle. Jamais une secte de
type initiatique n’en est arrivée là. Les cas connus sont le fait de sectes
judéo-chrétiennes.» (apic/mp)
