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apic/Suisse/ béatification
Rome: Béatification dimanche de trois Suissesses (251095)
Un événement majeur pour les catholiques
Fribourg, 24octobre(APIC) La Suisse catholique sera en fête dimanche prochain pour la béatification à Rome de trois filles du pays, Marguerite
Bays, humble couturière de Siviriez, Mère Marie-Thérèse Scherer, co-fondatrice des soeurs de la Sainte-Croix d’Ingenbohl et Mère Maria Bernarda Bütler, fondatrice en Colombie des soeurs franciscaines missionnaires de Marie
auxiliatrice.
Ces femmes, toutes trois issues de la seconde moitié du XIXe siècle, ont
connu des destins bien différents. Si Marguerite Bays n’a jamais quitté sa
terre natale de la Glâne fribourgeoise, Mère Marie-Thérèse et Mère Maria
Bernarda ont été de grandes voyageuses parcourant l’Europe et le monde pour
établir leurs fondations. Toutes trois ont surtout vécu une aventure intérieure avec le Christ qui les a conduites sur des chemins inconnus.
Marguerite Bays ou la sainteté «ordinaire»
Marguerite Bays est un peu le prototype de la sainteté «ordinaire». Elle
n’a laissé ni écrits, ni fondation, ni mouvement de spiritualité, mais le
souvenir d’une vie simple et pieuse. Dans cette vie ordinaire partagée entre la prière, le ménage, la couture, le travail de la ferme, les visites
aux malades et aux mourants, Marguerite reçu dans son corps les stigmates,
signes extraordinaires de la Passion du Christ. Chaque vendredi elle est
associée dans une exstase à l’agonie de Jésus au Jardin des Oliviers.
Laïque, elle a assumé sa place dans la paroisse en participant à la vie
liturgique et aux pèlerinages, en réunissant des enfants pour de petites
cathéchèses, en quêtant pour les missions ou encore en visitant les malades
et les agonisants. A sa mort, en 1879, Marguerite Bays passe déjà pour une
sainte dans tout le pays.
Marie-Thérèse Scherer, une «contemplactive»
Orpheline à huit ans, infirmière à seize, religieuse à vingt, supérieure
générale à trente-deux ans, femme d’affaires, Marie-Thérèse Scherer fut une
personnalité extraordinairement active. A la tête des religieuses de la
Sainte-Croix d’Ingenbohl durant plus de 30 ans, elle combat de front toutes
les pauvretés de son époque. Elle crée des hôpitaux, des maisons pour handicapés, envoie ses soeurs soigner les malades à domicile, visiter les prisonniers, secourir les blessés de guerre sur les champs de bataille, s’occuper des jeunes filles domestiques à Bâle ou au Tyrol. Voyageuse infatigable elle sillonne l’Europe pour visiter et soutenir les communautés de la
congrégation. Elle connaît chacune de ses quelque 1’700 soeurs par son nom.
A sa mort en 1888, à l’âge de 63 ans, elle laisse 422 communautés dans une
demi-douzaine de pays.
Maria Bernarda Bütler, une Suissesse en Colombie
Lorsque Verena Bütler entre à l’âge de 19 ans au monastère des capucines
de Maria-Hilf, à Altstätten (SG), elle n’imagine certainement pas finir ses
jours à l’autre bout du monde, en Colombie. En 1880, Maria Bernarda – c’est
son nom de religieuse – est élue supérieure d’une communauté alors florissante et rien ne semble la destiner à la mission lointaine. Beaucoup de
jeunes filles frappent à la porte du monastère, mais la communauté n’a pas
le droit de les accueillir toutes. En pleine époque du «Kulturkampf» le
nombre des religieuses est strictement limité par le pouvoir civil. D’un
autre côté Mgr Schumacher, évêque de Portoviejo, en Equateur, demande avec
insitance la venue de religieuses. On décide alors de fonder une filiale en
Amérique latine et Mère Maria Bernarda s’embarque avec six compagnes.
Les nouvelles circonstances en pays de mission demandent de mieux adapter le genre de vie de la communauté. Soeur Maria Bernarda fonde une nouvelle congrégation: les franciscaines missionnaires de Marie auxiliatrice.
Mais l’aventure n’est pas finie. Au bout de quelques années une persécution
anticatholique chasse les religieuses d’Equateur. Elles trouvent refuge à
Carthagène, en Colombie. C’est là que Mère Maria Bernarda meurt en 1924.
(apic/mp)
Encadré
Des béatifications pourquoi?
La béatification ou la canonisation a pour but de la part de l’Eglise de
proposer en exemple aux chrétiens le témoignage d’un de ses membres défunts
et d’autoriser un culte public en son honneur. Ce culte se traduit par
l’attribution d’un jour de fête au calendrier (généralement le jour anniversaire de la mort ou de la «naissance au ciel») et par la possibilité
d’exposer l’image du bienheureux dans les églises. Le saint ou le bienheureux peut en outre être pris comme patron (de personnes, de paroisses).
C’est essentiellement le degré d’extension du culte public qui fait la
différence entre un saint et un bienheureux. Le culte d’un bienheureux est
limité à une région, celui d’un saint est autorisé dans toute l’Eglise universelle.
La béatification n’est décidée qu’après une procédure très rigoureuse
placée sous l’autorité directe du pape depuis le XIIe siècle. Le procès
porte sur la sainteté de la personne au cours de sa vie, sur le rayonnement
spirituel qui s’est manifesté après sa mort et sur les miracles obtenus par
son intercession.
Le procès commence par une enquête diocésaine que l’on peut comparer à
celle d’un juge d’instruction. Le postulateur de la cause est chargé de
recueillir tous les éléments plaidant en faveur de la sainteté de la personne: témoignages, écrits éventuels, attestations de miracles. Le dossier
est ensuite transmis à Rome, à la Congrégation pour les causes des saints.
Cette Congrégation, comme toutes les autres est constitué d’un collège
de cardinaux et d’évêques secondés dans leur tâche par un panel d’experts:
historiens, médecins et théologiens.
Dans le cours de la procédure intervient le promoteur de la foi, sorte
de procureur, chargé de ne rien laisser dans l’ombre de la vie du serviteur
de Dieu, y compris les aspects négatifs, d’où son surnom passé aujourd’hui
dans le langage courant d’avocat du diable. La Congrégation se prononce ensuite par votes sucessifs sur le martyre éventuel, sur les vertus chrétiennes (héroïcité des vertus) et sur l’authenticité des miracles. Le dossier
est alors remis au pape à qui revient l’ultime décision.
La «machine à fabriquer des saints» a été extraordinairement active sous
le pontificat de Jean Paul II puisque depuis 17 ans pas moins de 1003 personnes ont été canonisées (272) ou béatifiées (731).
Deux autres suissesses au moins attendent aujourd’hui leur béatification: Mère Bernarda Heimgartner, fondatrice des soeurs de la Ste Croix de
Menzingen, morte en 1863 et dont les vertus héroïques ont été reconnues en
1994 et la jurassienne Soeur Marie de Sales Chappuis, né à Soyhières en
1793 et morte à Troyes, en France en 1875. (apic/theo/mp)