Tchad: Noël à Moundou, loin de la fièvre du consumérisme

APIC Témoignage

Quand Noël ne rime pas avec argent

Moundou, 18 décembre 2000 (APIC) Un grand magasin parisien a accueilli samedi 120’000 visiteurs. Autant dire l’équivalent d’une grande ville. Cadeaux somptueux ou plus modestes, tout y passe, à l’approche de Noël, y compris les économies des consommateurs, en moyenne 3’000 francs français par ménage pour Noël, hormis pour ceux qui, nombreux, tirent le diable par la queue.

Présent à Moundou, au Tchad, depuis cet été, un Fribourgeois prépare lui aussi la Nativité. Maurice Page, ancien journaliste à l’APIC, a fait ses emplettes au marché du lieu. Pour quelques francs, y compris une petite voiture, un jouet confectionné par des gosses avec des boîtes de conserve. Témoignage.

>. (apic/maurice page/pr)

18 décembre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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Rwanda: au milieu des horreurs... des élans de vie (230694)

APIC – TEMOIGNAGE

De retour du Rwanda, une déléguée de Terre des Hommes raconte

Fribourg, 23juin(APIC) Au milieu de la folie meurtrière et quotidienne du

Rwanda, des images de massacres…, trop rares sont les témoignages d’une

autre réalité, faite celle-là de solidarité. Entre gens qui ont tout perdu,

témoins souvent de la mort atroce des leurs. De retour de Rwamagana, une

ville située à 70 km à l’est de Kigali, dans une région aux mains des forces du FPR, Liliane Beuggert, du Service d’information de Terre des Hommes

(TdH) raconte. Et fait le point sur l’une des deux actions lancées il y a

un mois par son organisation, pour venir en aide à la population locale.

Quelque 30’000 personnes déplacées, les unes dans les maisons laissées

vides par ceux qui ont fui les massacres, les autres dans des camps à proximité, tentent tant bien que mal de survivre… de s’organiser. De repousser si possible les images d’un cauchemar vécu, comme pour mieux conjurer

les haines ethniques. Hutus et Tusis mélangés… Des femmes et des vieillards, des enfants surtout…, qui forment le 80% de cette population. Les

hommes ayant sans doute été massacrés, lâche Liliane Beuggert.

Au milieu d’une population dont le souci majeur quotidien consiste à

chercher de l’eau et du bois, surtout de quoi se nourrir, «les récoltes

dans les champs arrivent à maturité», TdH soutien l’hôpital local. Grâce à

l’appui d’une équipe de quatre personnes – un médecin espagnol, une femme

chargée de la logistique et deux Rwandais -. L’établissement est doté de

250 lits. L’équipe de TdH est chargée d’épauler le seul médecin rwandais et

une trentaine de personnes soignantes restés à Rwamagana.

Médecine d’urgence, avant tout

«Beaucoup de blessures sont anciennes, parce que les gens n’ont pas osé

sortir de leur cachette. Ils commencent aujourd’hui d’affluer, car la situation est plus calme. Leurs blessures sont infectées par les balles reçues, par des flèches aussi, par les coups de machette, les éclats d’obus et

de grenades. Beaucoup d’enfants figurent parmi ces victimes, blessés et

abandonnés au bord de la route parce qu’on les croyaient morts. Côté médical, le travail ne manque pas non plus, avec des cas de méningite, des crises de paludisme. Des gens qui, avant notre arrivée, ne pouvaient plus être

soignés par manque de médicaments. Notre action se limite pour l’instant à

une chirurgie et à une médecine d’urgence. Dans quelque temps débutera une

campagne de vaccination pour tous les enfants de moins de douze ans», explique L. Beuggert.

Le rôle de l’équipe de TdH ne se limite toutefois pas à la seule médecine. Quelque 1’200 enfants non accompagnés, c’est-à-dire sans famille, ont

trouvé place au sein d’une famille d’accueil, en attendant que commencent

les recherches sur leurs familles, décimées ou bien encore vivantes, réfugiés ici ou là pour les plus «chanceux». Des enfants recueillis par une population elle-même en exode, sans distinction ethnique aucune. Par une population qui, bien que frappée par le malheur, trouve encore les moyens de

laisser parler une ancestrale générosité. «Seuls 30 enfants n’ont à ce jour

pas trouvé une famille d’accueil», déclare L. Beuggert. Pour eux, TdH a improvisé un orphelinat de fortune, avec, pour s’en occuper, des rwandaises

handicapées physiques, qui consacrent à ces gosses l’essentiel de leur

temps.

A en perdre la parole

Pas facile d’oublier pour la Lausannoise de TdH le regard perdu de

ces gosses sur les lits d’hôpitaux ou dans les rues. «Des enfants à jamais

traumatisés par les horreurs et les souffrances. Certains en ont perdu la

parole. Pas facile d’effacer de sa mémoire les grands yeux noirs d’une fillette de deux ans, blessée d’un coup de machette à la tête qui hurle à la

mort chaque fois qu’un regard se pose sur elle. La gamine à vu mourir sa

mère en cours de route. Avec son frère de quatre ans, elle est l’unique

survivante de sa famille. Son grand-père âgé de 80 ans tente de s’en occuper tant bien que mal.

A l’instar de ces deux mômes, une adolescente, étudiante à l’école

d’ssistante sociale de Butare, a tout perdu: père et mère, soeurs et frères. Déplacée à Rwamagana, elle apporte aujourd’hui son réconfort et son

soutien au autres déplacés, aux adultes et aux enfants, tutsis et hutus

confondus. Elle les écoute raconter leur drame. Le même qu’elle a vécu.

Sur un million de francs prévus dans un premier temps pour ses deux actions – la seconde se déroulant avec un délégué dans les environs de Butare

– TdH a déjà reçu la promesse de 200’000 francs. «Reste 800’000 à trouver.

Une partie a été demandée à d’autres organisations, mais l’autre doit être

trouvée par nos soins, d’où notre appel à la générosité», lance Liliane

Beuggert, encore sur le coup du voyage, effectué de la frontière de l’Ouganda à Rwamagana, sur les pistes sous la conduite d’un guide membre du

FPR. «Quatre heures de route à travers des villages pillés, des villages

fantomes». (apic/pierre rottet)

Pour soutenir l’action de TdH, deux possibilités s’offrent aux donateurs. La première consiste à appeler le 157 00 04, où les prmesses de dons

sont enregistrées, la seconde en versant directement les dons sur le CCP de

TdH, 8 – 11 504 – 8, avec la mention Rwanda.

23 juin 1994 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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