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apic/Texte/Rome/Imed

?Qúy a-t-il d’essentiel, et de contingent, dans la conception catholique

de la Primaute du pape ? Un congres, organise au Vatican du 2 au 4 decembre

1996, a l’initiative du Cardinal Ratzinger, entend repondre a cette

question selon une approche pluridisciplinaire historico-theologique.

?Convoque au lendemain de l’ouverture officielle, le 30 novembre, du cycle

triennal de preparation du Grand Jubile de l’an 2000, cette recherche fait

suite a la volonte de Jean-Paul II de revoir les modalites d’exercice du

ministere petrinien en vue de rejoindre l’unite des chretiens.

?Trois theologiens, Prof. Pannenberg (lutherien), Prof Chadwick (anglican)

et Prof. Clement (orthodoxe – excuse pour raison de sante) on ete invites a

participer aux travaux, meme si l’objet de ce congres n’est pas d’abord

oecumenique. On entend, avant tout, approfondir la vision catholique de la

primaute, «une condition necessaire» indique Jean-Paul II, dans un message

aux congressites, pour aborder le dialogue oecumenique.

?Les travaux qui ont ete ouverts par un discours du Cardinal Ratzinger, et

la lecture d’un message du pape, le 2 decembre, vont se derouler en trois

parties : «le sens dogmatique du primat du Successeur de Pierre et de sa

transmission» ; «relation entre primat et collegialite» ; «nature et but

des interventions de l’Eveque de Rome en tant que primat, au regard des

Eglises particulieres».

?»Je suis convaincu d’avoir, a cet egard, – «l’unite de toutes les

communautes chretiennes» – une responsabilite particuliere, surtout lorsque

je vois l’aspiration oecumenique de la majeure partie des Communautes

chretiennes et que j’ecoute la requete qui m’est adressee de trouver une

forme d’exercice de la primaute ouverte a une situation nouvelle, mais sans

renoncement aucun a l’essentiel de la ma mission». Jean-Paul II, dans son

message, du 2 decembre, cite integralement ce passage (n 95) de

l’encyclique Ut Unum Sint. Il entend mettre ainsi en evidence «sa

preoccupation pour l’unite».

?Une preoccupation qui se heurte toutefois a une une «difficulte»,

reconnait Jean-Paul II, la primaute du pape. Or, comme la mission essentiel

du ministere petrinien est d’etre un «instrument d’evangelisation», et que

la nouvelle evangelisation continue Jean-Paul II, «est liee au temoignage

de l’unite de l’Eglise», il importe d’avancer maintenant dans la direction

de l’unite.

?Certes, le pape n’entend rien brader au nom de l’unite. Il precise a cet

egard «l’Eglise catholique est consciente d’avoir conserve, dans la

fidelite a la Tradition apostolique et a la foi des Peres, le ministere du

sucesseur de Pierre, que Dieu a constitue principe et fondement, visible et

perpetuel, de l’unite.»

?Mais, ajoute Jean-Paul II, ce congres entend «offrir une contribution

importante au service du developpement du dialogue theologique, en

indiquant notamment les elements essentiels de la doctrine de la foi

catholique sur cet aspect de l’ecclesiologie, en les distinguant des

questions legitimement discutables ou qui n’engagent pas de facon

definitive.» Ainsi, conclut-il, cette distinction, «loin de representer une

difficulte pour le dialogue oecumenique en lui meme, en represente, au

contraire, une condition necessaire».

?Dans son discours d’introduction, le Cardinal Ratzinger, redefinit ainsi

la problematique de cette rencontre : «Il s’agit de mettre en lumiere la

configuration doctrinale, en soumission a la recherche historique et a la

dimension theologique de la Tradition, de facon a caracteriser ce qui fut

retenu comme element du ’depositum fideí pendant le premier millenaire a

propos du Primat du Sucesseur de Pierre et comment s’est ensuite developpee

la conviction de foi a ce sujet jusqúa parvenir a la definition de Vatican

I et a l’enseignement de Vatican II».

?Le Cardinal Ratzinger poursuit : «la finalite de notre symposium est

d’elucider et d’expliquer les elements irremediables de la doctrine sur le

Primat du Sucesseur de Pierre» en «distinguant dans le ministere petrinien

la substance d’institution divine, de la forme et des expressions concretes

de son exercice historique actualise au cours des deux millenaires.»

?Le Cardinal Ratzinger, precise que ce congres n’entend pas se livrer a une

«etude analytique» de l’etat de la question, ni se confronter «aux

positions des autres confessions chretiennes non catholiques». Il s’agit,

souligne-t-il, d’une etude proprement «doctrinale». Elle vise a «faire

ressortir les points essentiels de la substance de la doctrine sur le

Primat, selon la certitude de foi de l’Eglise catholique, tout en indiquant

les problemes qui sont legitimenent ouverts a la discussion theologique

(…)».

?Avant de conclure, le Cardinal Ratzinger, developpe deux aspects

methodologiques assez nouveaux dans ce genre de reunion.

?Le premier a trait a l’interdisciplinarite de la recherche, ou histoire et

theologie sont sollicitees : «l’accroissement de la connaissance des

donnees historiques et exegetiques en reference a la Bible, portera a une

vision theologique approfondie du Primat Romain et de la fonction

ecclesiologique. Cela aidera a distinguer toujours mieux ce qui est

necessaire et ce a quoi on ne peut pas renoncer, de ce qui est accidentel

ou, non essentiel a la verite de foi. D’un autre point de vue, une telle

collaboration exige que l’evaluation doctrinale des donnees historiques

soit faite a la lumiere de la Tradition, comme lieu et critere de la

conscience veritative ( «conscienza veritative») de la foi ecclesiale».

?Le second aspect concerne les consequences oecumeniques d’une telle

recherche, car note le Cardinal Ratzinger, «on ne peut pas taire la portee

de ce theme dans le debat oecumenique» ou la question du primat du pape est

l’un des «points les plus brulants». A ce point, le Prefet de la Doctrine

de la Foi, observe : «La conscience que la question de la verite est au

centre de la theologie, oblige a poser le service de la verite comme

fondement et comme moyen de la recherche de l’unite des chretiens, sans a

priori, et dans l’obeissance au Seigneur.»

?C’est ainsi que la presence des trois invites de confessions chretiennes

non catholiques, doit etre percue, selon le Cardinal Ratzinger, comme

demontrant «l’interet que l’Eglise catholique entretient pour une

connaissance toujours plus approfondie des positions des chretiens non

catholiques, y compris sur des themes particulierement agites.

?»Pour les catholiques, ecrit le Cardinal Ratzinger, la critique contre le

primat du pape venant des autres freres chretiens, motive d’autant la

recherche d’une mise en oeuvre du service petrinien toujours plus conforme

au Christ. Et, pour la chretiente non catholique, le primat romain est un

defi visible et permanent pour une unite concrete, qui est un devoir de

l’Eglise et qui devrait etre une marque reconnaissable par le monde».

2 décembre 1996 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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