Sénégal : Le président Wade présente ses regrets et non ses excuses

Appel aux musulmans et aux chrétiens à clore l’incident

Dakar, 1er janvier 2010 (Apic) Le président Abdoulaye Wade du Sénégal a exprimé jeudi 31 décembre ses «regrets» aux chrétiens de son pays face aux propos qu’il a tenus le 28 décembre à leur encontre. Ils font croire, selon lui, qu’il a assimilé le symbole du Christ dans les églises à une adoration de ces statues.

En réponse aux critiques faites par certains imams de Dakar opposés à son initiative de construction d’un Monument de la renaissance africaine sur une colline de la capitale, il avait notamment déclaré: «dans les églises, on prie Jésus qui n’est pas Dieu. Tout le monde le sait, mais personne n’a jamais dit quelque chose (…)». Ces propos ont suscité la colère des catholiques du pays. L’archevêque de Dakar, le cardinal Théodore Adrien Sarr, les a condamné sans équivoques, et exigé du chef de l’Etat, des excuses publiques.

Selon le cardinal Sarr, le président Wade lui a personnellement téléphoné pour s’excuser et expliqué le sens de sa déclaration, qui aurait été «mal interprétée». En plus il a dépêché auprès de lui, une délégation officielle, conduite par son fils, Karim Wade, ministre d’Etat, ministre des Infrastructures et des transports aériens, pour présenter ses excuses. La presse sénégalaise, citant l’entourage du cardinal Théodore Adrien Sarr, a rapporté que celui-ci avait auparavant refusé de recevoir, le mardi 29 décembre, une première délégation officielle, composées de membres du gouvernement et de proches collaborateurs du chef de l’Etat, envoyé auprès de lui pour présenter les excuses du président Wade. Elle attendu pendant une heure à la résidence du cardinal, avant de retourner sur ses pas, le cardinal ne l’ayant pas reçue. Il semble que ce ait insisté pour que le président Wade présente des excuses publiques.

«Certains chrétiens ont pu se sentir blessés par la diffusion, par des journaux et des radios connus pour leur hostilité à mon égard, d’une phrase extraite de mon discours, hors de son contexte, déformant donc le sens de mes propos», a dit le président Wade dans son traditionnel message de vœux à la nation. «Si la compréhension de mes propos a pu offenser certains membres de la communauté chrétienne, je suis le premier à le regretter», a-t-il souligné.

Action en faveur du dialogue islamo-chrétien

Il a estimé que «l’incident aurait pu rester dans des limites et s’en arrêter-là, s’il n’y avait pas eu un ou deux individus qui ont voulu provoquer l’incendie, jouer les pompiers et monnayer leur intervention». «Je crois avoir donné suffisamment de gages de ma bonne foi et de ma volonté de protéger et d’aider les chrétiens dans le cadre de mes prérogatives et responsabilités suprêmes, de façon qu’ils se sentent à l’aise dans notre pays, leur pays, pour exercer librement leur religion», a poursuivi le président sénégalais. Il a cité la Constitution du 22 janvier 2001, dans laquelle il dit avoir «fait inscrire en bonne et due place les droits des minorités religieuses». En outre, a-t-il encore rappelé «on oublie souvent que depuis des années, je plaide, comme un avocat isolé dans le désert, en faveur du dialogue islamo-chrétien, malgré l’opposition de certains musulmans qui n’en veulent pas». (apic/ibc/ag/bb)

1 janvier 2010 | 14:41
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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