Appenzell: Sœur Scholastica ne peut pas récupérer sa fortune personnelle
Le tribunal cantonal d’Appenzell Rhodes-Intérieures a décidé que la religieuse Scholastica Schwizer, dernière résidente du couvent de Wonnenstein, ne pouvait pas exiger que l’association qui gère le monastère lui verse sa fortune personnelle. L’histoire de cette sœur, qui refuse depuis des années de quitter son couvent, a provoqué une vaste polémique dans le diocèse de Saint-Gall.
Avec kath.ch
Le tribunal cantonal d’Appenzell Rhodes-Intérieures a rejeté, le 21 août 2025, l’appel de sœur Scholastica Schwizer, âgée de 81 ans, contre une première décision du tribunal de district. La cour avait statué que l’association responsable du couvent des capucines de Wonnenstein n’était pas tenue de verser sa fortune personnelle à la religieuse.
La décision de justice est un nouveau développement dans une saga qui agite depuis plusieurs années le diocèse de Saint-Gall. Le conflit oppose Sœur Scholastica et un groupe de soutien dénommé ‘communauté d’intérêts Wonnenstein’, à l’évêché et à l’association ‘Kloster Maria Rosengarten Wonnenstein’, qui gère le couvent.
La religieuse résiste
Sœur Scholastica vit depuis plus de 60 ans à Wonnenstein. Elle est la dernière survivante de la communauté des capucines établie depuis en ce lieu depuis le XVIIe siècle. En 2013, l’évêque de Saint-Gall et son chancelier ont approché la communauté et proposé la création d’une association indépendante pour aider les religieuses vieillissantes à gérer le monastère. En 2014, la propriété du couvent est ainsi passée à l’association de droit civil ‘Kloster Maria Rosengarten Wonnenstein’, pour veiller au maintien de l’infrastructure du monastère et à l’entretien des dernières religieuses. Le but de l’association, liée à une société d’étudiants de l’Université de Saint-Gall, a pour but d’établir sur place notamment des bureaux, des cabinets médicaux, et un campus éthique de l’Université.
Après le décès de la supérieure de Wonnenstein, en 2020, Sœur Scholastica est la seule survivante de la communauté. Suite au décès, l’évêque et l’association ont fait pression pour qu’elle quitte le monastère. Mais la religieuse a toujours résisté à cette injonction, considérant que les plans de restructuration étaient un bradage de l’histoire et de l’esprit de Wonnenstein.
Actions en justice mises en échec
Les actions en justice de la religieuse pour faire valoir son droit de demeurer au monastère ont cependant échoué. En avril 2022, elle avait adressé une plainte auprès du Saint-Siège pour dénoncer la sécularisation illicite à ses yeux du monastère avec sa transformation en association privée. En août 2022, Rome décidait que le diocèse de Saint-Gall et l’association avaient agi en toute légalité et en conformité avec le droit canonique et que la religieuse devait rejoindre une autre communauté. Ce qu’elle n’a toujours pas fait, alors que l’ancien évêque, Mgr Markus Büchel, s’est refusé à la faire expulser.
Plus récemment, Sœur Scholastica a émis des revendications financières, demandant à l’association ‘Kloster Maria Rosengarten Wonnenstein’ de lui restituer sa fortune privée s’élevant à environ 56’000 francs. Dans un premier jugement, le tribunal de district d’Appenzell Rhodes-Intérieures avait décidé, en octobre 2024, que la somme n’appartenait pas à la religieuse et qu’elle devait en outre verser à l’association sa rente AVS mensuelle de 1225 francs, également de façon rétroactive. Après avoir fait appel au tribunal cantonal, ce dernier a confirmé, le 21 août 2025, le verdict du tribunal de district.
Les religieuses dépossédées de leurs biens?
L’avocat de la capucine, Michael Hochstrasser, a relevé que sa cliente était «très déçue» par ce jugement, qui signifie qu’une religieuse est tenue de perdre sa fortune lorsqu’elle entre au couvent et que l’institution peut disposer à loisir de cette somme. «Elle doit regarder sa fortune être gérée par des hommes étrangers qui poursuivent des objectifs auxquels elle ne peut s’identifier», a déploré l’avocat.
Le droit canon impose à toute religieuse de se déposséder de la gestion de ses biens. Chez les capucines, la ligne concrète est la pauvreté sans possessions personnelles: les biens éventuels (héritage, dons) sont traités selon la renonciation et les constitutions, et reviennent à la communauté. Mais la défense de Sœur Scholastica avait choisi de plaider sur la base d’une disposition du Code civil (article 27) selon laquelle un contrat est nul s’il restreint «de manière excessive» la liberté d’une personne. Mais dans le cas présent, les tribunaux appenzellois n’ont pas déterminé de caractère «excessif».
La religieuse envisage de porter l’affaire devant le Tribunal fédéral. (cath.ch/kath/arch/rz)