Après le schisme, on remet les points sur les «I» (060788)

Conférence du Père Marie-Dominique Philippe à Fribourg

Fribourg, 6juillet(APIC) «La déchirure au sein de l’Eglise de Pierre ne

doit pas faire perdre la foi aux catholiques», a déclaré le Père Marie-Dominique Philippe, OP, le mardi 5 juillet au soir, lors d’une conférence

donnée à l’invitation de la Mission de l’Immaculée de Saint-Maximilien Kolbe. Ce sont les récents événements d’Ecône qui ont inspiré le thème de son

discours. Bien que Mgr Lefebvre et le Père Philippe suivent l’enseignement

philosophique et théologique de Saint Thomas et la tradition de l’Eglise le

Père dominicain ne peut pas justifier l’attitude de l’évêque intégriste

face à l’autorité de l’Eglise catholique.

C’est sans grande surprise pour les auditeurs, que le Père Philippe a

orienté son discours sur le récent schisme de l’Eglise catholique. Il n’est

pas impossible de refuser une théologie, car tout théologien est libre. En

revanche, «la foi est un mystère qui va au-delà de ce que l’on comprend,

grâce à elle on est amené à accepter même ce que l’on ne comprend pas. Sinon ce n’est plus la foi, et la foi ne peut pas être réduite à une opinion

théologique» a souligné le Père Philippe. Or l’homme, par prudence, a tendance à n’accepter que ce qu’il comprend, mais dans l’ordre de la foi il

devrait accepter, en toute confiance, d’obéir. Le pape Jean- Paul II aurait

avoué à Mgr Lefebvre qu’à l’époque du Concile il avait rejeté même plus de

propositions que l’évêque de Dakar, mais cela ne l’avait pas empêché d’accepter pleinement le Concile.

Selon le conférencier, ne pas accepter l’autorité du pape en le taxant

d’hérétique, c’est parler contre le Christ lui-même: un enfant n’a pas à

juger les gestes de son père, tout comme nous n’avons pas à juger ceux du

pape, quand bien même nous ne les approuvons pas toujours. Un père n’a-t-il

pas plus d’expérience que ces enfants? «Obéir au successeur de Pierre,

c’est accepter l’autorité du Père, qui se transmet à travers les hommes.»

Donc si on obéit, on est sûr d’être en conformité à la Volonté du Père.

Même si l’obéissance sans condition à l’autorité coûte parfois, c’est le

seul moyen d’être en conformité avec la volonté du Père et d’être par conséquent libre. «Mgr Lefebvre n’a aucune autorité, si on lui obéit on n’est

pas libre» a conclu le Père Philippe. Le Christ est mort par obéissance,

mais de sa mort sont nés des fruits innombrables. «Obéir c’est un peu mourir à nous-mêmes, mais si le grain de blé ne meurt pas il ne porte pas de

fruits…»

Fidélité à Pierre

Pour fonder ses propos concernant l’obéissance,le Père Philippe à rappelé les trois alliances, de Dieu avec les hommes, énoncées par saint Jean

Bosco: l’alliance avec Jésus dans l’Eucharistie, l’alliance avec Marie à la

croix et enfin celle avec Pierre. Toutes trois sont indissolubles. Même si

Pierre à renié trois fois, Dieu l’a choisi pour être le successeur du

Christ. Si on obéit au pape, qui est homme au même titre que Pierre, ce

n’est pas parce qu’il est applaudi et populaire, mais parce qu’il est choisi par Dieu.

A la question de savoir si en tant que professeur dominicain très attaché à la tradition et à l’enseignement thomiste, il ne comprenait pas

d’une certaine manière l’attitude de Mgr Lefebvre, le Père Philippe a

répondu: «Je suis catholique et donc j’accepte le Concile et j’essaye de le

comprendre…»

Les lacunes de Mgr Lefebvre

Le conférencier a évoqué le souci que lui causait le ralliement de tant

de jeunes à l’Eglise schismatique. Il a cité l’exemple de dix jeunes dominicains qui s’étaient rallié à Mgr Lefebvre. Ceux-ci avaient désiré approfondir ce que la tradition disait sur la liberté religieuse. Passant au

peigne fin tout ce que le Concile Vatican II a dit et tout ce que l’Eglise

a révélé depuis Saint-Augustin à nos jours, ils ont constaté que l’enseignement de Concile Vatican II ne contredisait en rien la tradition de

l’Eglise catholique. A ce sujet les jeunes dominicains en question ont

édité un fascicule sur la question. Il n’ont pas tarder non plus à se séparer de l’évêque intégriste pour se rallier à celui de Rome, non sans faire

remarquer à Mgr Lefebvre qu’il n’avait pas assez étudier l’enseignement de

l’Eglise et que ses objections étaient absolument fallacieuses.

Pour souligner que le problème traditionaliste ne se situe pas au niveau

de la liturgie, mais au niveau de la foi, le Père Philippe a rappelé que le

Cardinal Lustiger avait célébré une messe de St-Pie V à Paris dimanche dernier. Il a terminer en disant que vouloir s’accrocher à la tradition de

l’Eglise, à la façon de Mgr Lefevbre, c’est vouloir retenir un héritage.

C’est précisemment ce qui, dans une famille, provoque des divisions. «S’en

tenir à la lettre tue, l’Esprit vivifie. S’en tenir à la tradition morte,

ça tue», s’est exclamé avec force le Père Philippe. (apic/bcy)

6 juillet 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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