le président de la CNBB exige une autre politique d’habitation

Après un éboulement meurtrier dans une favela brésilienne, (060492)

La responsabilité des autorités dans l’accident mise en cause

Mariana (Brésil) 6avril(APIC) Mgr Luciano Mendes de Almeida, président de

la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) et archevêque de Mariana (Etat de Minas Gerais), est revenu à plusieurs reprises, lors de déclarations à la presse et dans ses homélies dominicales, sur l’éboulement de

terrain du 18 mars dans la favela Vila Barraguinha, dans la commune de Contagem qui a détruit plus de 400 baraques et a causé la mort d’au moins 30

personnes. De son côté, Mgr Fernandes de Araujo, archevêque de Belo Horizonte, met en cause la négligence des autorités qui avaient été averties du

risque de l’éboulement.

Le président de la CNBB fait allusion aux responsabilités des autorités

publiques, responsables de la sécurité et de la salubrité des habitations,

également dans les favelas: pourquoi autant de maisons qui sont le lieu

d’habitation de nombreuses familles ont-elles été anéanties et recouvertes

par la terre? Cette tragédie aurait pu être évitée.

Pour Mgr Luciano Mendes, le drame survenu à la favela Vila Barraguinha

implique deux mesures urgentes à prendre: La première est la nécessité

d’opter pour une politique d’habitation adéquate qui prennne en compte le

fait qu’il y a au Brésil 15 millions de familles sans habitation digne de

ce nom. Tout cela suppose une action intelligente pour réduir le flux migratoire venant des zones rurales, en planifiant des améliorations agricoles qui permettent à ces familles paysannes une vie digne sur leurs terres.

Quant au grand nombre de personnes qui sont déjà dans les villes, il est

prioritaire que l’on construise en dur des habitations populaires qui permettent l’achat ou la location en rapport avec le revenu familial. Une autre exigence mise en exergue par le président de la CNBB: il faut changer

ce type de société dans laquelle croissent l’individualisme et l’accumulation de richesses pour quelques uns. Qui renforce en outre chaque jour

l’inégalité sociale et la misère. Une tragédie comme celle de la favela

Barriguinha est un signal qu’on a pas le droit d’oublier. «Devant Dieu et

devant les hommes nous ne pouvons pas nous croiser les bras et oublier le

devoir de la solidarité fraternelle».

Mgr Serafim Fernandes de Araujo, archevêque de Belo Horizonte, est scandalisé de ce qui est arrivé à la favela qui se trouve sur son diocèse. Il

s’est écrié devant les journalistes: «J’ai eu le coeur brisé quand j’ai vu

les scènes de la catastrophe, mais je dénonce les autorités responsables

car elles ont été avisées qu’il y avait un risque d’éboulement. Elles n’ont

pris aucune mesure pour avertir les habitants de la favela.»

Quinze jours avant l’éboulement en effet, la Défense civile de la commune de Contagem avait été alertée du danger que représentait les travaux de

fouilles que l’entreprise de commerce, M. Martins SA, faisait faire près de

son immeuble. Ces fouilles étaient localisées au sommet d’une petite colline, en contre-bas de laquelle se trouvaient précisément les nombreuses baraques de la favela sinistrée. (apic/em/ba)

6 avril 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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