Attaques contre des mosquées chiites à l’est du Royaume

Arabie saoudite: Discriminés, les chiites saoudiens réclament plus de liberté

Riyad, 12 mai 2003 (Apic) Discriminée, la minorité chiite d’Arabie saoudite réclame plus de liberté et davantage de participation à la vie politique. Les chefs de la communauté chiite – considérée comme «mécréante» par le régime dominant sunnite de tendance fondamentaliste wahhabite – ont remis au prince héritier Abdallah une pétition munie de 450 signatures réclamant des réformes.

Les autorités saoudiennes ont d’autre part promis d’enquêter sur les récentes attaques visant trois mosquées chiites dans l’est du pays.

Les chiites ne peuvent pratiquer librement leur foi par crainte des poursuites, note l’organisation de défense des droits de l’homme Amnesty International. Les ouvrages de jurisprudence chiite sont interdits et les processions traditionnelles de deuil chiite de l’Achoura ne sont autorisées que dans certains endroits et soumises à des contrôles très stricts. D’après le Rapport relatif à la liberté religieuse du Département d’Etat américain, le gouvernement saoudien «soutient la majorité sunnite et les membres de la minorité chiite sont en butte à la discrimination politique et économique sanctionnée officiellement. Dans certains cas, ceux-ci ont fait l’objet de détentions arbitraires et d’autres formes plus graves de discrimination».

Une minorité suspecte aux yeux des sunnites

Jaffar as-Shayeb, militant de la minorité chiite saoudienne, était à la tête d’une délégation de 18 personnes qui a remis au prince Abdallah en avril dernier la pétition réclamant des réformes tout en l’assurant de leur loyauté au pays. La majorité sunnite considère les chiites comme des infidèles et craint qu’ils ne s’allient avec le voisin iranien, perçu comme une menace. Parmi les discriminations dont ils sont victimes, on note l’interdiction d’accéder aux postes les plus importants dans le domaine politique, militaire, diplomatique ou de la sécurité. L’exercice de leur religion est sévèrement restreint, ainsi que leurs activités culturelles et l’expression publique de leurs opinions dans les médias ou la publication de littérature chiite.

Les chiites, qui sont entre 200 et 300’000, se concentrent notamment dans la province pétrolière côtière du Hasa, à l’est du Royaume. Les chiites réclament du gouvernement de Riyad d’employer davantage de chiites au sein de l’armée, des forces de sécurité et de la diplomatie saoudienne.

D’après Jaffar as-Shayeb, le prince Abdallah a proposé la mise sur pied d’un forum religieux soutenu par le gouvernement pour que sunnites et chiites d’Arabie saoudite se connaissent mieux. Les autorités saoudiennes ont par ailleurs annoncé des enquêtes concernant des tentatives d’attentats contre des mosquées chiites la semaine dernière. Des inconnus ont cherché à mettre le feu à trois mosquées sur l’île de Tarut, située dans le Golfe arabo-persique. (apic/orj/ai/be)

12 mai 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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