Chiites et chrétiens victimes de persécution religieuse
Arabie Saoudite: Un rapport accablant d’Amnesty International (130993)
Londres, 13septembre(APIC) Depuis la crise du Golfe en 1990, les persécutions dont sont victimes les minorités religieuses en Arabie Saoudite se
sont nettement accentuées, dénonce l’organisation de défense des droits de
l’homme Amnesty International (AI). Dans un rapport qui paraît mardi à Londres, AI révèle qu’outre les chrétiens, la minorité chiite du pays (environ
10 % de la population) ne peut pas pratiquer librement sa foi et subit une
sévère répression.
AI appelle l’Arabie Saoudite à se conformer aux normes internationales
relatives aux droits de l’homme qui garantissent le droit de toute personne
à sa liberté de pensée, de conscience et de religion, et interdisent la
torture et les mauvais traitements infligés aux détenus.
D’après les informations d’AI, la persécution contre les chrétiens – essentiellement des travailleurs immigrés – a également augmenté de façon significative. Des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ont été arrêtés, la plupart du temps sans accusation ni procès, et maltraités par la
police religieuse. Dans de nombreux cas, les personnes arrêtées sont finalement expulsées de ce pays majoritairement sunnite, d’obédience wahabite.
«Les musulmans chiites et les chrétiens en Arabie Saoudite sont obligés
de pratiquer leur religion en secret, terrorisés à l’idée d’être découverts
par la police religieuse», note AI. Ils doivent donc exercer leurs activités religieuses dans la clandestinité. La police religieuse a en effet
pleins pouvoirs pour faire irruption chez les gens et arrêter ceux qu’elle
trouve en train de prier, ou en possession de chapelets, d’images du
Christ, d’ouvrages religieux chiites ou chrétiens ou de la pierre servant
aux prières des chiites (appelée «turba»)».
Une intolérance religieuse qui frappe aussi les musulmans
L’intolérance religieuse en Arabie Saoudite ne concerne pas que les nonmusulmans, puisque l’islam chiite est considéré comme incomptabible avec
l’islam wahabite. La discrimination approuvée par les autorités à l’encontre de la minorité chiite saoudienne signifie en pratique que les chiites
sont considérés comme des dissidents politiques. Certains ont même été accusés d’apostasie – reniement de l’islam – et condamnés à mort à l’issue de
procès iniques, comme le chiite Sadiq Abdul Karim Malallah, décapité sur la
place publique en septembre 1992 à al Qatif, révèle AI.
Interdiction d’un culte privé dans sa propre maison
Se considérant comme «une grande mosquée», le pays interdit aux non-musulmans toute pratique religieuse, qu’elle soit publique ou privée. Il ne
leur permet de posséder ni lieux de cultes ni écritures saintes et tout objet religieux est confisqué à la douane. Des chrétiens, la plupart du temps
des expatriés travaillant dans le pays pendant quelque temps, ont fondé des
petites communautés privées, dont les réunions sont réprimées. Sur 329 fidèles de religion chrétienne dont AI a appris l’arrestation depuis août
1990, 325 étaient des ressortissants de pays en voie de développement et
quatre seulement étaient originaires d’Europe occidentale ou d’Amérique du
Nord, constate le rapport.
Les observateurs remarquent qu’alors que l’Arabie Saoudite finance à
coups de millions de dollars des mosquées et des Centres islamiques par dizaines en Occident – comme récemment à Rome ou à Madrid – il est interdit
de diffuser la Bible dans ce pays ou d’ouvrir un lieu de culte chrétien,
malgré le fait que de nombreux expatriés chrétiens y vivent. (apic/com/be)