Argentine: Dictature: le président Kirchner demande d’accélérer les procès de militaires
Plus de «privilèges» pour les assassins
Buenos Aires, 13 août 2006 (Apic) Le président argentin Néstor Kirchner a exhorté la magistrature «à accélérer les procédures pénales contre les responsables de violations des droits de l’homme» durant la dernière dictature (1976-1983).
Kirchner a en outre demandé que les auteurs des violences soient détenus dans des prisons communes et non pas dans des pénitenciers militaires, pour empêcher qu’ils bénéficient de privilèges. «Il me semble que les renvois en jugement sont lents. Il faut être plus rapides, sans avoir peur d’avancer» a dit Kirchner, en ajoutant que «l’on estime à plus de 490 le nombre de centres de détention clandestins du régime, mais jusqu’ici nous n’avons procédé qu’à 200-300 arrestations de responsables».
Le président a ensuite rappelé que l’annulation en 2003 des lois dites «du pardon» par le Parlement, ensuite décrétées anticonstitutionnelles par la Cour suprême, «vise à éviter que l’impunité persiste». Kirchner a ensuite affirmé son «accord total» avec la proposition du ministre de la Défense, Nilda Garré, de retenir dans des prisons ordinaires tous les accusés de crimes contre l’humanité: «Il s’agit d’un acte de justice. Quelques personnes ayant enfreint la loi continuent d’être traitées comme si elles n’avaient rien fait».
Aujourd’hui, la majorité des militaires et des policiers sous enquête ont plus de 70 ans et peuvent bénéficier des arrêts à domicile; les accusés les plus jeunes sont surtout enfermés dans les casernes. Une sentence prononcée il y a quelques jours – une condamnation à 25 ans de prison pour un ex-policier de 66 ans, Julio Simon, mieux connu sous le sobriquet de ’Julian le Turc’ – est considérée comme historique par les organisations de défense des droits de l’homme et par les familles des victimes, représentant un premier pas concret dans la volonté de l’exécutif de «faire justice» sur les crimes de la dernière dictature.
Le premier d’une longue série?
Ancien marin puis sous-officier de la marine, «Julian le Turc» a été arrêté en juillet 2000, mais seulement inculpé pour l’enlèvement d’un enfant de 8 mois en 1978, remis à un couple de militaires; le rapt d’enfant étant le seul crime de la dictature dont les lois «du pardon» ne protègent pas les auteurs. Après la décision de la Cour suprême en juin 2005, «Julian le Turc» a ensuite été traduit devant les tribunaux pour de nombreux autres crimes – l’enlèvement des parents du bébé, la disparition de 145 personnes dans trois centres de détention clandestins – et condamné dans ce cadre à 25 ans de prison.
«J’espère que le procès de Julian le Turc n’est que le premier d’une longue série qui devrait mettre fin à l’impunité dont bénéficient les terroristes d’État», a commenté à la sortie du tribunal, à Buenos Aires, Fernando Poblete, frère de l’une des victimes. (apic/misna/pr)