Athènes : l’archevêque de Chypre exprime son désarroi (020688)
Athènes, 2juin(APIC) Dans une récente interview accordée à la revue
«Ekklisiastiki Alitheia» publiée par le bureau de presse du Saint-Synode de
l’Eglise orthodoxe de Grèce, l’archevêque Chrysostome de Chypre s’est livré
à une analyse de la situation politique de son pays. Il a exprimé ses
craintes pour l’avenir et lancé un appel de détresse vers le monde hellénique, alors que le règlement de la «question chypriote» n’a fait aucun
progrès depuis l’occupation du nord de l’île par les forces armées turques
en 1974. C’est un véritable cri de douleur que le primat de l’Eglise de
Chypre laisse échapper dans ce long entretien, face à la «tragédie» vécue
par son peuple.
Interrogé sur le rôle joué actuellement par l’Eglise orthodoxe de Chypre
en matière sociale, l’archevêque Chrysostome a souligné l’importance de
l’aide morale et matérielle apportés par son Eglise aux réfugiés originaires du nord de l’île et aux associations qui aident ceux-ci «à ne pas
s’identifier aux autres Chypriotes, mais à être conscients qu’ils rentreront un jour dans leur foyers».
L’Eglise de Chypre s’efforce également, a dit l’archevêque, de préserver
l’unité au sein d’un peuple gagné par la «discorde», et de promouvoir
«l’unité autour des objectifs de notre lutte, et non pas autour de partis
ou de personnes». Car l’Eglise, fidèle à ses engagements historiques, continue à être le «porte-drapeau maintenant l’esprit de lutte «en faveur de
la liberté de son peuple.
Le problème actuel de Chypre, estime l’archevêque, «n’est pas, comme on
le dit faussement et à dessein sur la scène internationale, la différence
entre les deux communautés (grecque et turque). C’est l’invasion de l’armée
turque. L’envahisseur turc arrache le peuple à ses maisons. Dans les lieux
qu’il occupe, il n’y a plus de Grecs : ils ont été chassés. Faisant venir
des colons de Turquie, l’envahisseur a pillé et ravagé l’héritage culturel
de notre patrie, les églises, les monuments antiques, tout ce qui témoigne
de l’hellénisme».
L’archevêque Chrysostome ne voit pas de «solution dans un avenir proche». Selon lui, l’armée turque stationnée au nord «attend de trouver l’occasion de s’emparer du reste de l’île». Dans ces conditions, «vers qui nous
tourner pour demander secours ? Tout d’abord, en tant que chrétiens, nous
demandons l’aide de Dieu, créateur de la justice, et nous tournons ensuite
nos regards vers la mère patrie».
«Vers qui nous tourner alors que nous vivons une tragédie, que nous faisons face à un danger mortel ? Qui sera disposé à entendre le cri d’une
fraction de la nation hellène, qui lutte pour survivre ? Nulle région de
l’hellénisme autant que la nôtre n’a peut-être enduré tant d’épreuves, de
catastrophes, de destructions, de massacres, de pillages, ni la barbarie et
la férocité de tant d’envahisseurs ! Mais l’hellénisme de Chypre n’a pas
cédé et demeure inaltérable dans ses sentiments, dans son esprit et dans
son coeur : ce coeur, que l’on a voulu lui arracher, continue à saigner et
à souffrir de ses blessures, mais il est conscient d’être grec».
Interrogé sur les conditions d’un règlement du problème chypriote, le
primat de l’Eglise de Chypre estime qu’il n’y aura de solution que «lorsque
nous y croirons et que nous serons unis». (apic/sop/bd)