Au G7, le pape rencontrera Biden, Macron et Zelensky
Dans le cadre du G7, à Bari (Pouilles), le pape François participera le 14 juin 2024 à une dizaine d’entretiens avec des chefs d’État ou de gouvernement, dont Joe Biden, Emmanuel Macron, Volodymyr Zelensky, Luiz Lula da Silva, Narendra Modi, ou encore Recep Erdogan. Le pontife a été invité à l’événement principalement pour s’exprimer sur l’intelligence artificielle.
C’est un marathon diplomatique de quelques heures que s’apprête à accomplir le pape François. À 87 ans, le pontife se déplace à Bari dans le cadre du G7 pour alerter les dirigeants de pays sur le besoin d’une législation mondiale encadrant l’intelligence artificielle. Une thématique sur laquelle le Saint-Siège travaille depuis des années, et à laquelle le pape a consacré deux grands messages en janvier.
Mais l’intelligence artificielle ne sera pas le seul sujet du déplacement du pape qui doit arriver en hélicoptère dans la périphérie de Bari, capitale des Pouilles, à 12h30. Accueilli par la Première ministre italienne Giorgia Meloni, il entamera un premier tour de rencontres bilatérales à huis clos. Après une rencontre avec la directrice du Fonds monétaire international, le pontife s’entretiendra avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Le problème ukrainien
Les deux hommes se sont parlés plusieurs fois au téléphone depuis l’invasion russe de l’Ukraine, en février 2022. Il y a un an, Volodymyr Zelensky a été reçu au Vatican par le pontife durant une quarantaine de minutes en privé. Une audience très médiatisée, durant laquelle les deux dirigeants se sont accordés sur la «nécessité de continuer les efforts humanitaires en soutien à la population». Mais, par la suite, le président ukrainien s’est montré peu enthousiaste à l’idée d’une médiation vaticane, préférant que le Saint-Siège se concentre sur une diplomatie humanitaire.
La rencontre entre le pape et le président ukrainien interviendra à la veille d’un sommet pour la paix qui se déroulera les 15 et 16 juin au Bürgenstock, dans le canton de Nidwald. Un grand rendez-vous international auquel prendra part le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin.
Une cinquième rencontre avec Emmanuel Macron
Sitôt son entretien avec le président ukrainien terminé, le pape François enchaînera avec une rencontre avec Emmanuel Macron. Il s’agira de leur cinquième entrevue officielle. La dernière remonte à septembre, quand le pape s’est rendu à Marseille, à l’occasion des Rencontres méditerranéennes.
Durant les quelques minutes d’entretien à huis clos, les discussions pourraient porter sur la paix en Ukraine et à Gaza. Le contexte politique français pourrait aussi compter parmi les sujets évoqués, a indiqué à l’agence I.MEDIA une source romaine. Bien que le projet de loi français sur la fin de vie soit interrompu en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale à la suite des élections européennes, le pape pourrait signifier sa déception concernant un texte qui allait autoriser le suicide assisté et l’euthanasie. Sur ce point, le pape François avait confié avoir mis en garde le président français par ces mots: «Avec la vie, on ne joue pas.»
Après un quatrième entretien prévu avec le Premier ministre canadien Justin Trudeau – qui était venu au Vatican en mai 2017 -, le pape François participera à 14h15 à la session commune du G7 où il prononcera un discours sur l’intelligence artificielle. À 17h30, une photo réunissant tous les participants sera prise, avant qu’un second cycle de rencontres bilatérales ne débute pour le pape.
Joe Biden, un entretien pour la paix?
Le pape François s’entretiendra d’abord avec William Samoei Ruto, le président du Kenya, pays que le pontife avait visité en 2015. Ce sera ensuite au tour de Narendra Modi, Premier ministre de l’Inde qui vient tout juste de remporter les élections législatives dans son pays. Lors de sa venue au Vatican en octobre 2021, le leader indien a invité le pape François à se rendre en Inde. Une invitation à laquelle ce dernier n’a pas encore donné suite officiellement.
Le président Biden s’entretiendra ensuite en privé avec le pontife, qui l’avait reçu dans son bureau au Vatican en octobre 2021. Le pape François devrait, comme ce fut le cas lors d’une conversation téléphonique en octobre dernier, mettre sur la table la question de la paix. Les États-Unis soutiennent financièrement et militairement les armées israéliennes et ukrainiennes.
Un voyage en Turquie au programme de l’entretien avec Erdogan?
Reçu il y a tout juste un an au Vatican, le président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva retrouvera le pape François pour un entretien privé. Revenu au pouvoir après l’élection présidentielle de 2022, 20 ans après sa première victoire électorale, le chef d’État brésilien entretient une relation d’amitié avec le pape François.
Après l’arrivée au pouvoir du président Jair Bolsonaro en 2019, une lettre de François adressée à Lula avait fuité dans la presse brésilienne. «La vérité vaincra le mensonge, le salut vaincra la condamnation», écrivait le pontife. Il exprimait ainsi au leader du Parti des travailleurs sa compassion face aux «dures épreuves» qu’il avait traversées sur le plan politique mais aussi familial.
Le pape rencontrera aussi en tête-à-tête le président turc Recep Tayyip Erdogan. Une fois encore, les guerres en Ukraine et à Gaza devraient être abordées. En octobre dernier, les deux dirigeants s’étaient appelés pour réagir au conflit meurtrier entre le Hamas et Israël. Un autre sujet pourrait être abordé: le probable voyage du pape en Turquie en 2025, à l’occasion du 1700e anniversaire du Concile de Nicée. Le saint-Père pourrait en effet se rendre au Phanar, siège du patriarcat de Constantinople à Istanbul, puis, avec le patriarche Bartholomée, à Iznik, nom contemporain de Nicée, ville qui fut à l’origine du premier Credo chrétien.
Enfin le pape François rencontrera le président de la République algérienne Abdelmadjid Tebboune, invité lui aussi à participer à cette édition du G7. L’histoire des rapports entre l’Algérie et le Saint-Siège est émaillée de tensions. Jamais un pape ne s’est rendu dans ce pays du Maghreb. Un temps évoqué, le déplacement du pape François à l’occasion de la béatification des 19 martyrs d’Algérie avait été démenti par le Saint-Siège en 2018.
Une fois terminée cette séquence diplomatique intense et unique dans le pontificat de François, celui-ci retournera en hélicoptère au Vatican, où il doit atterrir à 21h15. (cath.ch/imedia/hl/rz)





