L’histoire d’un génocide contée par les descendants des aborigènes
Australie: 7e Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises (140291)
Canberra, 14février(APIC) Des représentants de la communauté aborigéne
d’Australie ont présenté la colonisation féroce subie par leurs ancêtres.
Mercredi, lors de la session plénière de l’Assemblée du Conseil oecuménique
des Eglises (COE) qui se tient actuellement à Canberra, ils ont évoqué le
génocide programmé des premiers habitants de l’Australie.
«Dès leur arrivée en Australie, les Britanniques ont commencé à annexer
systématiquement le continent en le prenant à ses habitants originels,
d’après le principe inventé pour les besoins de la cause, nommé ’terra nullius’. Ces procédés revenaient à nier l’humanité et jusqu’à l’existence des
aborigènes. Or la Constitution et le droit australiens sont encore fondés
sur cette notion», ont déclaré leurs descendants d’aujourd’hui.
Ils ont aussi rappelé que les aborigènes ont été victimes de terribles
massacres, dont beaucoup ont été approuvés ou tolérés par les autorités. En
1823, le gouvernement des Blancs prit la décision officielle de convertir
les aborigènes au christianisme en leur apprenant à s’habiller, à prier, à
tavailler, à être assidus et obéisssants, bref, de les rendre «chrétiens,
civilisés et utiles». Ce fut une des périodes les plus funestes de l’histoire d’Australie, car les aborigènes étaient regroupés de force dans les
«missions», séparés par sexe et par groupes d’âge, avec interdiction de
partir. En outre les jeunes filles étaient fréquemment victimes d’abus
sexuels. Jusqu’à récemment, on arrachait des bébés noirs à leurs mères et à
leurs communautés dans le but de les «civiliser». En fait ce fut là un véritablée génocide culturel, affirme la communauté aborigène.
Entre 1950 et 1970, les aborigènes à peau claire recevaient «un certificat de bonne conduite» qu’ils devaient toujours porter sur eux comme le fameux «pass» pour les Noirs en Afrique du Sud et qu’on pouvait leur retirer
à la moindre incartade. Le droit de vote ne leur fut accordé qu’en 1967.
Un anniversaire diversement célébré
«En 1988, la plus grande partie de l’Australie célébrait son 200e anniversaire. La nation aborigène, elle, pouvait célébrer 200 ans d’invasion,
de vols et de meurtres» ont encore déclaré leurs représentants sur la scène
du ’Théâtre Royal’ devant tous les délégués du COE.
Evoquant le rôle des Eglises chrétiennes, ils ont été directs et francs:
«Pendant ces deux siècles, les Eglises ont participé à l’oppression systématique et au génocide des aborigènes australiens. Dès le début, elles sont
restées silencieuses sur les problèmes de justice. Plus encore, elles ont
été complices des actes de conquête et de domination des colons européens
dont les conceptions du monde étaient fort différentes des nôtres. Pour assurer notre survie, nous avons dû lutter contre les Eglises. C’est seulement au cours de ces dernières années que les Eglises se sont enfin mises
sérieusement à défendre le peuple aborigène». (apic/soepi/ba)