Australie: 7e Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises (290191)

«Viens, Esprit Saint, renouvelle toute la Création»

Genève, 29janvier(APIC) La septième Assemblée générale du Conseil oecuménique des Eglises (COE) se tiendra à Canberra, en Australie, du 7 au 20

février. On y attend un millier de délégués des 310 Eglises membres.

L’Eglise catholique qui n’est pas membre du COE enverra des observateurs.

Le COE a l’habitude de se réunir dans des régions significatives en attirant l’attention sur des peuples et des éthnies en difficulté. C’est le

cas des aborigènes d’Australie. D’autre part, dans un pays où trois ressortissants sur quatre sont nés à l’étranger, une population multiraciale et

multireligieuse se constitue, préfigurant la société de demain. Enfin Canberra, ville de 180’000 habitants, située à 250 km au sud de Sydney, capitale fédérale du Commonwealth d’Australie, signifie dans la langue des aborigènes «lieu de rencontre».

Malgré la guerre du Golfe, les dates de l’Assemblée maintenues

La délégation allemande avait suggéré un ajournement de l’Assemblée pour

manifester une solidarité avec tous ceux qui souffrent de la guerre au Moyen-Orient. Après avoir consulté ces derniers jours les présidents et membres du bureau du Comité central ainsi que de nombreuses Eglises membres,

en particulier celles de la région concernée, le COE a décidé de maintenir

les dates prévues depuis longtemps. «Profondément affligé par l’escalade de

la guerre dans le Golfe et par l’extension possible de ce conflit», le COE

réitère dans un communiqué son engagement à contribuer à la recherche d’une

solution juste et pacifique. Pour le Conseil mondial des Eglises, l’Assemblée donnera aux Eglises membres l’occasion de s’exprimer sur la crise et

de témoigner ensemble de la nécessité d’un règlement constructif du conflit.

Source de vie, de libération, de réconciliation

Le thème des rencontres organisées par le COE est centré sur JésusChrist, confessé comme «Seigneur et Sauveur» par l’ensemble des Eglises

membres. Pour cette assemblée de Canberra, le thème principal a sa source

dans la troisième personne de la Trinité. Il est formulé sous forme de

prière: «Viens, Esprit Saint, renouvelle toute la Création». Un thème particulièrement adéquat, souligne le pasteur Emilio Castro, secrétaire général du COE, à une époque où beaucoup aspirent à des valeurs spirituelles

renouvelées. Interpellés par la pauvreté et la misère qui règnent dans une

très grande partie du monde, beaucoup recherchent des modes de vie plus

respectueux de l’environnement. Le nouvel état de guerre dans lequel se

trouve la planète rend cette prière encore plus urgente.

Quatre sous-thèmes ont été choisis par les théologiens, quatre grandes

confessions également formulées comme des prières développant le thème général et résumant en quelques mots les enseignements fondamentaux de

l’Ecriture et de la Tradition sur la personne et l’oeuvre de l’EspritSaint. Des questions d’une grande actualité y sont soulevées.

Esprit source de vie, veille sur ta Création!

Tant en grec qu’en hébreu, un seul et même mot sert à désigner l’haleine, le vent et l’Esprit. Dans le récit de la Genèse, c’est le souffle de

Dieu planant sur le chaos qui crée l’univers, et c’est en soufflant dans

les narines de l’homme que Dieu lui donne vie, pour en faire non le propriétaire, mais le gérant de la Création. Ici est introduite la question

d’une éthique de justice pour la survie de la création, celle du développement des sciences et de la technique, celle des recherches sur les particules élémemntaires et les manipulations génétiques.

Esprit de vérité, libère nous!

Cette seconde confession est tirée de l’évangile de Jean, qui ajoute que

«la vérité nous rendra libres». Au delà du péché personnel et du salut individuel, il y a un péché collectif, responsable de la pauvreté, des guerres, de la destruction de la vie et de la nature. L’Esprit libère les hommes pour leur donner la force de lutter pour la libération de tous. Thèmes

connexes: la lutte contre le racisme; le rôle joué par les médias qui imposent des modèles culturels le plus souvent originaires de l’hémisphère

Nord, au détriment des cultures locales dans le tiers monde; la nécessité

d’une démilitarisation progressive, l’esprit de classe, le sexisme.

Esprit d’unité, réconcilie ton peuple!

Le troisième sous-thème est centré sur l’Eglise communion dans l’Esprit

et sur la réconciliation. Le COE mentionne ici les séparations entre les

chrétiens, en soulignant la division la plus scandaleuse: le fait qu’ils se

retrouvent dans des camps opposés dans leurs luttes pour la paix et la justice. Il rappelle que si la notion de «peuple» a souvent été accaparée par

ceux qui pensaient avoir été «choisis» par Dieu, que ce soit Israël ou les

chrétiens, dans l’Ancien testament, le peuple (ou «anawim») désigne les

faibles, les pauvres et les opprimés.

Esprit Saint, transforme-nous et sanctifie-nous!

L’Esprit est présent dans la Parole et le sacrement, mais il est aussi à

l’oeuvre dans la vie de tous les croyants. Cette spiritualité se manifeste

par la prière et la méditation, mais aussi par le don de soi dans le service et le témoignage. Là encore les chrétiens sont interpellés par les situations de pauvreté, car l’Evangile lance un défi aux sociétés d’abondance. Cette même spiritualité a des liens avec l’écologie. Le dualisme qui

sépare matière et esprit, nature et histoire représente un grave danger. Il

faut retrouver l’accent biblique qui met en avant l’unité de la Création et

renvoie à une spiritualité dynamique, capable de transformer la société.

Les assemblées du COE sont devenues des célébrations mondiales de la foi

et de l’engagement chrétien. Comme ce fut le cas lors des précédentes occasions, Canberra rassemblera des chrétiens venus de toutes les parties du

monde et représentant toutes les traditions de la religion chrétienne.

Quinze invités particuliers représentant d’autres religions se joindront à

eux. Leur présence rappellera que le mot grec «oikoumene», dont provient le

mot «oecuménique», signifie: «toute la terre habitée». (apic/cip/ba)