Australie excuses officielles aux Aborigènes pour le «génocide» ?

L’Eglise unie demande au gouvernement de se prononcer

Sydney, 20 juin 1997 (APIC) Selon l’Eglise unie d’Australie, la troisième du pays, la seule façon de favoriser les relations raciales dans le pays serait que le gouvernement présente des excuses officielles aux Aborigènes pour sa responsabilité dans l’enlèvement systématique d’enfants aborigènes arrachés à leurs familles.

La demande de l’Eglise australienne a été lancée au début du mois dans le cadre de la polémique provoquée par une enquête officielle, qui a révélé que l’enlèvement des jeunes Aborigènes a été pratiqué couramment par le gouvernement et les institutions d’Eglises pendant 70 ans, jusqu’à la fin des années 60.

La controverse a été attisée par le refus du gouvernement de présenter des excuses officielles pour sa complicité et de verser des indemnités aux victimes.

Cette question entrave le processus, déjà fragile, de réconciliation entre les Australiens aborigènes et non aborigènes, qui a commencé au début des années 90.

Dans sa déclaration, l’Eglise unie affirme que ses membres responsables, aborigènes et non aborigènes, souhaitent qu’une «réponse nationale positive et compatissante» soit donnée aux victimes.

«La politique comme la pratique de séparer de leurs familles les enfants d’Aborigènes et ceux des insulaires du détroit de Torres, ont engendré des souffrances et traumatises énormes pour de nombreuses personnes durant le siècle dernier. Ces traitements ont été tellement inhumains que cela a constitué l’une des deux grandes raisons à l’origine de l’éloignement de la communauté aborigène du reste de l’Australie».

Une semaine après la publication du rapport sur les enlèvements d’enfants, le premier ministre Howard a présenté des excuses modérées à Melbourne, pour l’enlèvement des enfants aborigènes. Mais, signe des relations tendues entre le gouvernement et la communauté aborigène, plusieurs délégués lui ont tourné le dos durant son intervention.

Un peu plus tard, M.Howard a déclaré que ceux pour qui «l’histoire de l’Australie depuis 1788 (début de la colonisation britannique) n’était guère plus qu’un récit malheureux d’impérialisme, d’expérience et de racisme», avaient tort. «L’on ne devrait pas exiger des Australiens de cette génération de porter la responsabilité d’actions et de politiques du passé sur lesquelles ils n’avaient aucun contrôle», a-t-il ajouté

Le deuxième motif de cet éloignement, ajoute la déclaration, concerne le droit à la terre. En mai, le premier ministre John Howard, a présenté un projet de limitation des droits fonciers des Aborigènes, beaucoup vivant sur des terres louées à des fermiers blancs selon un bail à long terme. Ce projet gouvernemental était une réponse à la décision judiciaire, stipulant que ces baux n’annulaient pas les revendications des Aborigènes à leurs terres L’action du gouvernement a provoqué la colère des chefs aborigènes, lesquels ont menacé de porter l’affaire devant les Tribunaux, au cas où ce projet serait adopté.

Selon les responsables de l’Eglise unie, le projet du premier ministre n’est pas applicable et doit être abandonné par le gouvernement appelé à «revenir à la table de négociations avec les Aborigènes». (apic/eni/aa)

9 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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