Australie: Un pasteur et parlementaire veut faire interdire le port du tchador
Polémique sur fond «d’anti-terrorisme»
Canberra, le 9 décembre 2002 (APIC) Fred Nile, parlementaire australien et pasteur retraité de l’Eglise Unie, a demandé que les autorités australiennes interdisent aux femmes musulmanes de porter leur habit traditionnel en public. Sa proposition a suscité une vive polémique dans une Australie sur le qui-vive depuis les attentats de Bali, qui ont fait 200 morts, dont une majorité d’australiens.
La polémique a été alimentée en partie par la position du premier ministre, John Howard. Interrogé sur les remarques de Fred Nile lors d’une interview à la radio, il a déclaré comprendre ses propos, tout en ne le soutenant pas explicitement. Le bureau du premier ministre a ensuite publié une déclaration démentant tout soutien à l’interdiction du vêtement traditionnel des musulmanes.
Le pasteur James Haire, président de l’Eglise Unie d’Australie a pour sa part déclaré que «de telles remarques sont en contradiction avec l’Evangile chrétien de liberté et de paix». «Nous soutenons le droit des femmes musulmanes à porter le vêtement qu’elles estiment convenir à leurs croyances», a-t-il poursuivi.
Mesure «anti-terroriste»
Le pasteur Nile a affirmé que la longue robe portée par certaines femmes musulmanes pourrait servir à cacher des bombes et des armes. «Ce n’est pas un conte de fées, ceci s’est produit à Moscou, où six femmes vêtues du tchador portaient des explosifs et était prêtes à faire exploser le théâtre et à tuer sept ou huit cent personnes», a rappelé le pasteur. Le siège d’un théâtre moscovite en octobre 2002 a effectivement été mené par des rebelles musulmans tchétchènes, d’obédience fondamentaliste.
Interdire les porte-documents ?
Il y a environ 300’000 musulmans en Australie, en majorité de souche libanaise ou turque, mais environ la moitié d’entre eux sont nés australiens. Depuis l’attentat de Bali, des agents de sécurité ont effectué des descentes dans les maisons de musulmans suspectés d’avoir des liens avec des groupes extrémistes. Yasser Soliman, président du Conseil islamique de Victoria, a critiqué les remarques du pasteur Nile tout en faisant observer que des armes pouvaient être aisément cachées dans des porte-documents. «Et alors, vont-ils être interdits ?», a-t-il demandé.
Un habitué de la provocation
Fred Nile, pasteur de l’Eglise unie à la retraite et membre du parti démocrate chrétien de la Chambre haute du parlement de Nouvelle-Galles-du- Sud, est un vétéran de la vie politique du pays. L’an dernier, il avait fait la une des journaux en dénonçant les livres et les films de Harry Potter qui, disait-il, «attirent les enfants vers la sorcellerie et le satanisme».
Le pasteur Fred Nile est aussi célèbre pour sa réunion de prière annuelle – qu’il organise la veille de la parade du mardi gras pour les homosexuels et les lesbiennes – réunion durant laquelle les fidèles demandent à Dieu de faire tomber la pluie pendant le cortège de la «gay pride». (apic/eni/sh)