Fondés sur la connaissance de l’anglais, ils sont discriminatoires

Australie: Une Eglise australienne demande l’arrêt des tests de citoyenneté

Melbourne, Australie, 29 avril 2008 (Apic) L’Eglise unie d’Australie s’est engagée dans une lutte pour l’abolition des tests de citoyenneté récemment mis en place, affirmant qu’ils ne conviennent pas et que leur principal objectif est d’évaluer les compétences en anglais.

Ce test a été mis en place en novembre, quelques jours avant que le gouvernement de John Howard, qui était à la tête d’une coalition de centre-droit, ne cède le pouvoir.

L’Eglise unie, troisième dénomination d’Australie, a déclaré qu’elle exhorterait le gouvernement travailliste (centre-gauche) nouvellement élu à mettre fin aux tests. «Ce test est superflu, sans intérêt et discriminant», a déclaré Elenie Poulos, directrice nationale de l’Eglise unie pour la justice sociale.

Proposé quelques semaines avant une élection nationale, cet examen sur ordinateur allait permettre, selon le gouvernement Howard, d’aider les migrants à s’intégrer et à maximiser les possibilités qui leurs sont offertes en Australie. Cependant, un rapport de l’Eglise unie a mis en lumière que ce test banalisait la citoyenneté, mettait l’accent sur une vision de l’histoire particulièrement conservatrice, notamment en affichant un certain mépris pour les aborigènes d’Australie, et excluait les gens qui ne parlent pas anglais.

Tests visant plus l’assimilation que l’intégration

Le rapport de l’Eglise indique par ailleurs que le test insiste de manière excessive sur les héros australiens du sport et tend plus à l’assimilation qu’au multiculturalisme. Une des questions portait sur Sir Donald Bradman, légende du cricket, et une autre sur la soi-disant valeur australienne de «mateship», concept d’amitié et de loyauté. Selon ce rapport, le fait de mettre l’accent sur le sport n’a aucune pertinence pour l’exercice réel de la citoyenneté et celui d’utiliser le mot «mate» – que l’on peut traduire par «pote» – laisse penser que «pour être Australien, il faut maîtriser le langage familier. Le rapport souligne également qu’il existe un risque qu’un gouvernement manipule le test pour présenter une interprétation particulière de l’histoire à des fins politiques.

Lorsque le test a été mis en place, Voula Messimeri, présidente de la Fédération des conseils de communautés ethniques d’Australie, a déclaré : «Les réfugiés qui ne parlent pas l’anglais et qui ont passé plusieurs années dans des camps de réfugiés vont avoir du mal à répondre à ces questions sur un ordinateur.»

Cette préoccupation semble avoir été corroborée par de récentes statistiques sur le taux d’échec au test. Près de 93 % des personnes qui ont passé le test l’ont réussi, mais celles qui venaient du Programme humanitaire australien – essentiellement des réfugiés – ne réussissaient qu’à 80 %. Le taux d’échec des personnes originaires d’Afghanistan était de 24 %, et celui des personnes provenant d’Irak de 16 %, tandis que 24 % des candidats d’origine soudanaise échouaient à leur première tentative. Ces chiffres ont poussé l’Eglise unie à croire que l’objectif principal mais tacite de ce test était «d’évaluer les compétences en anglais». (apic/eni/js)

29 avril 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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