Autrefois méprisé, le mbira connaît aujourd’hui une popularité croissante au Zimbabwe. Diabolisé par le colonialisme, parce que «particulièrement africain», cet instrument de musique renaît aujourd’hui. Au point qu’il a fait son
Le mbira, instrument de musique traditionnel habituellement associé au culte des ancêtres dans certains groupes ethniques d’Afrique, connaît en effet une popularité grandissante dans les Eglises du Zimbabwe, parmi les chanteurs de gospel qui l’utilisent durant les services religieux.
Le mbira est devenu si populaire qu’un groupe, l’ayant utilisé pour chanter des louanges l’an dernier, a gagné une place dans le hit-parade sur une radio locale.
Une vidéo de gospel du musicien traditionnel Chiwoniso Maraire accompagné par le mbira, réalisée l’an dernier, est encore populaire auprès de certains téléspectateurs zimbabwéens.
Le célèbre chanteur de gospel Charles Charamba a pour sa part inclus dans son dernier album un chant exhortant les chanteurs chrétiens à utiliser le mbira, qui «n’est plus un objet de mépris, pour louer Dieu». Le mbira rejoint d’autres instruments comme le tambour africain, les jingles et les trompettes qui invoqueraient les esprits «malins» mais sont utilisés maintenant pour la musique religieuse.
Un réveil
«Notre peuple se réveille du sommeil dans lequel l’avait plongé l’éducation des missionnaires», a commenté l’évêque méthodiste Levee Kadenge, dans un entretien accordé à l’Agence oecuménique ENI. «Les systèmes éducatifs coloniaux et missionnaires nous ont appris à avoir du mépris pour nous-mêmes et pour ce qui est africain. Nombreux sont ceux qui réalisent que tout ce que l’on nous a appris était mauvais, vraiment mauvais après tout», a-t-il estimé.
Loin de la polémique, l’abbé Patrick Zingoni, joue parfois du mbira durant la messe. Cet instrument, assure-t-il, est aussi bon que les autres. «C’est notre instrument et nous devrions promouvoir son emploi», a-t-il dit. Et d’ajouter: «C’est comme un couteau, il peut être utilisé pour de bonnes ou de mauvaises raisons. C’est un instrument qui provoque l’âme. La plupart du temps, il est difficile d’avoir envie de prier, et le mbira vous donne l’énergie de le faire».
Le Père Zingoni a l’intention de réaliser un documentaire sur l’utilisation du mbira durant la messe et autres services solennels.
Quant au poète et réalisateur de films Albert Chimedza, il reproche à «l’histoire d’avoir diabolisé le mbira pour une génération qui a grandi au temps où il était dans l’intérêt des missionnaires et de l’administration coloniale de diaboliser tout ce qui était africain». (apic/eni/pr)