La cathédrale catholique Notre-Dame d'Arabie, à Awali, dans le royaume de Bahreïn | AVONA
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Bahreïn: la cathédrale Notre-Dame d'Arabie consacrée le 10 décembre

La cathédrale catholique Notre-Dame d’Arabie, à Awali, dans le royaume de Bahreïn, dédiée à Marie Reine d’Arabie, sera consacrée le 10 décembre 2021 par le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples.

Jacques Berset pour cath.ch

La cérémonie a lieu en présence de Mgr Eugene Nugent, nonce apostolique pour le Koweït et le Bahreïn, et de Mgr Paul Hinder, un religieux capucin originaire de Suisse orientale, depuis mai 2020 administrateur apostolique du Vicariat apostolique de l’Arabie du Nord (AVONA), basé à Bahreïn.

La veille, jeudi 9 décembre, l’impressionnant lieu de culte catholique – la plus grande église catholique de la Péninsule arabique – est officiellement inauguré par le roi Hamad bin Issa Al Khalifa, qui avait fait don, en 2013, d’un terrain de près de 9’000 m2, situé dans la zone de la compagnie pétrolière gouvernementale Bapco (Bahrain Petroleum Company B.S.C). Conformément aux instructions des autorités locales, seuls quelques représentants sont autorisés à assister aux deux événements.

Le rêve de Mgr Camillo Ballin

Mgr Camillo Ballin, évêque italien de l’AVONA, décédé le 12 avril 2020, voit ainsi s’accomplir son «rêve missionnaire», la construction de «sa» cathédrale à Awali, à une vingtaine de kilomètres au sud de Manama, la capitale de Bahreïn. Avant son décès, Mgr Ballin avait confié à cath.ch que pour lui, le don de ce terrain de 9’000 m2 était «le premier miracle accompli par ’Notre-Dame d’Arabie’, signifiant l’ouverture de Bahreïn aux autres et le respect pour le christianisme». Il avait mentionné le courage du roi Hamad bin Issa Al Khalifa d’avoir fait ce geste, malgré les sévères critiques de milieux islamistes.

Mgr Camillo Ballin a vu son «rêve missionnaire» se réaliser | © Jacques Berset

Le vicariat apostolique d’Arabie septentrionale englobe Bahreïn, le Koweït, le Qatar et l’Arabie saoudite. L’archipel de Bahreïn compte environ 80’000 catholiques, mais les chrétiens de diverses confessions sont quelque 140’000, soit moins de 10 % de la population.

Manque de place dans les églises

A Bahreïn, le manque de place dans les églises est un problème majeur pour les catholiques. Jusqu’à présent, le royaume ne comptait qu’une seule église dans la capitale et une petite chapelle en banlieue. Pour les quelque 80’000 catholiques qui vivent dans le pays, il fallait célébrer plus de 25 messes du vendredi au dimanche, et l’église était toujours bondée.

D’où la construction de cette cathédrale, destinée à devenir un lieu de référence dans la région. La seule autre cathédrale du vicariat, celle de la Sainte-Famille-dans-le-Désert, se trouve au Koweït. Cependant, la cathédrale Notre-Dame d’Arabie n’est pas seulement destinée aux catholiques de Bahreïn, mais aussi à tous les catholiques de la Péninsule arabique.

Aussi pour les fidèles d’Arabie saoudite, où les églises sont interdites

Elle est particulièrement importante pour les fidèles d’Arabie saoudite, où les églises et autres lieux de culte chrétiens ne sont pas autorisés et la pratique publique d’une autre religion que l’islam est interdite. Comme l’Arabie saoudite abrite les sites les plus sacrés de l’islam, confirme l’AVONA, les religions non islamiques ne sont pas reconnues et leurs activités publiques sont prohibées.

Il n’y a par conséquent pas une seule église dans ce pays pour rassembler les presque 1,5 million de catholiques, selon Regina Lynch, directrice du département des projets de l’œuvre d’entraide catholique internationale «Aide à l’Eglise en Détresse ACN», qui a soutenu financièrement les différentes étapes de ce projet en faveur des chrétiens de la Péninsule arabique. Dans toute la région, mais particulièrement en Arabie saoudite, la pratique publique du christianisme est sévèrement restreinte et limitée aux terrains des ambassades étrangères et aux maisons privées. C’est pourquoi de nombreux chrétiens qui vivent en Arabie saoudite se rendent dans la nation voisine de Bahreïn pour recevoir les sacrements et vivre leur foi en communauté.

Jusqu’à présent, il n’y avait que cinq églises officiellement reconnues pour desservir les habitants de ce vicariat de plus de 2,2 millions de km2, explique Regina Lynch. Pour la responsable d’Aide à l’Eglise en Détresse ACN, cette nouvelle construction marque une avancée majeure dans les relations entre l’Eglise et le royaume de Bahreïn et témoigne également du nombre toujours croissant de catholiques dans la région.

Des travailleurs migrants provenant d’une centaine de nations

Bien qu’il n’existe aucun chiffre officiel, on estime qu’il y a bien plus d’un million de catholiques rien qu’en Arabie saoudite. Le Koweït compte environ 350’000 fidèles catholiques, Bahreïn environ 80’000 et le Qatar entre 200’000 et 300’000. Les fidèles sont tous des travailleurs migrants provenant d’une centaine de nations, la majorité étant originaire des Philippines et de l’Inde, mais également du Pakistan, du Bangladesh, du Sri Lanka, sans compter les chrétiens des pays arabes – Libanais, Palestiniens, Irakiens, Syriens ou Egyptiens – et les ressortissants de nombreux pays d’Amérique latine et d’Afrique.  

Les chrétiens vivant à Bahreïn ont une vie souvent très difficile, car ce sont des immigrés qui ont quitté leur propre pays, leur famille et leurs amis, et beaucoup sont seuls. Les conditions de vie de ces travailleurs immigrés sont souvent précaires et ils ont besoin de soutien et d’un lieu où ils peuvent se retrouver entre compatriotes, ce qu’ils trouvent dans les vastes locaux de la nouvelle cathédrale.  

Des lois sur le travail inexistantes

«Ils n’ont pas de protection sociale. Pour eux, les lois sur le travail sont inexistantes. Quand les immigrés perdent leur travail et n’ont plus de contrat, ils deviennent des illégaux, passant parfois des mois à rechercher un nouvel employeur. Sans revenus, ils ne peuvent plus envoyer d’argent à leur famille sur place ou restée au pays», confiait Mgr Ballin à cath.ch.

Environ 80 % des fidèles appartiennent au rite latin, tandis que les autres rites sont principalement le syro-malabar, le syro-malankare, le maronite et le copte, explique le Père Saji Thomas, curé de la nouvelle cathédrale.

Une capacité de 2’300 places assises

Ce dernier est enthousiaste: l’église a une capacité de 2’300 places assises, avec deux chapelles et deux grandes salles, avec un lieu pour les confessions. Structurellement, la forme de la cathédrale ressemble à une tente dans laquelle, selon l’Ancien Testament, le prophète Moïse a rencontré son peuple, explique-t-il.

Si le chantier a débuté en 2018, le projet remonte à 2013 et la cérémonie de la pose de la première pierre a eu lieu le 31 mai 2014. La cathédrale a la forme d’une tente, comme celle que les juifs montaient dans le désert pendant l’exode pour prier Dieu. Elle est de forme octogonale, le chiffre huit symbolisant l’éternité. Elle ne comprend ni croix, ni signes religieux à l’extérieur, officiellement «par souci de discrétion», mais dispose d’un clocher visible de loin.

L’une des chapelles abrite la sainte patronne du Vicariat apostolique d’Arabie du Nord, Notre-Dame d’Arabie – la Vierge Marie couronnée tenant un chapelet et l’enfant Jésus. Le nouveau complexe situé à côté de la cathédrale sera le siège du vicariat apostolique d’Arabie du Nord, créé en août 2012. Le centre sera également ouvert aux autres confessions chrétiennes. Rappelons que la première église catholique des temps modernes dans tout le golfe Persique a également été construite à Bahreïn, en 1939, sur un terrain concédé par l’émir de Bahreïn. (cath.ch/aed-acn/com/be)

La cathédrale catholique Notre-Dame d'Arabie, à Awali, dans le royaume de Bahreïn | AVONA
9 décembre 2021 | 09:47
par Rédaction
Temps de lecture: env. 5 min.
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