Etats-Unis: Une étude suggère que l'être humain possède un sens moral inné
Bébé fait la différence entre le bien et le mal
New Haven, 14 février 2014 (Apic) Savons nous distinguer dès notre naissance entre le bien et le mal? De plus en plus de chercheurs pensent que oui. Une nouvelle étude américaine réalisée sur des bébés donne en effet à penser que notre sens moral ne serait pas que le résultat de nos expériences et de notre éducation.
Les psychologues et les philosophes ont pendant longtemps estimé que les nouveau-nés étaient une «page blanche» sur le plan moral, et que les parents déterminaient totalement le sens du bien et du mal chez l’enfant. Mais de plus en plus de scientifiques considèrent aujourd’hui que, même si les parents et la société contribuent à former un système de valeurs chez l’individu, ils ne le créent pas.
80% de voix pour le gentil lapin vert
Une équipe de chercheurs de l’»Infant Cognition Center» de l’Université de Yale, dans le Connecticut, surnommé le «Baby Lab», sont récemment arrivés à cette conclusion, rapporte le 13 février la chaîne de télévision américain CNN.
Le docteur Karen Wynn, qui dirige le centre, et ses collaborateurs étudient depuis des décennies le comportement des bébés. Il y a environ huit ans, ils ont commencé une série de recherches sur des enfants de moins de 24 mois, pour voir comment ils comprenaient les concepts de bien et de mal.
Un des tests les plus simples a consisté à mettre le bébé devant un comportement «mauvais» et un autre «bon» et de le laisser «approuver» l’un ou l’autre. Concrètement, les enfants ont été confrontés à deux scènes différentes. Dans la première, l’on voyait un lapin en peluche habillé en vert aider généreusement un chat à ouvrir une boîte. L’autre séquence montrait un lapin vêtu d’orange se montrer méchant envers le chat, en lui fermant brutalement le couvercle de la boîte qu’il voulait ouvrir.
Les chercheurs ont ensuite présenté aux bambins les deux peluches vues dans les séquences, afin qu’ils en choisissent une. Les résultats ont montré que 80% des bébés optaient pour la «gentille» peluche. Cette proportion montait à 87% pour les nourrissons de trois mois.
Un sens moral «tragiquement limité»
Les chercheurs ont travaillé selon une méthodologie scientifique rigoureuse, réduisant au maximum le risque d’erreur. Les couleurs des t-shirts des lapins ont été régulièrement changées et ils ont pris garde à ce que les mères, toujours présentes, ne puissent pas influencer leurs enfants.
Pour Paul Bloom, qui a mené l’étude, les résultats démontrent qu’un enfant, avant de savoir parler ou marcher, peut émettre un jugement sur la moralité d’un comportement. Ce qui voudrait dire que l’être humain naît avec un sens rudimentaire de la justice. Le chercheur précise toutefois que ce sens moral est «tragiquement limité». Il relève que l’humain est par nature indifférent, voire même hostile aux personnes qu’il ne connaît pas, ce qui peut l’amener à des comportements violents. Le rôle des parents et de la société est donc d’amener l’enfant à surmonter ces limites et à développer les orientations morales qui existent dans son esprit dès la naissance. (apic/cnn/rz)