Belgique: dette africaine et dette du tiers-monde (121288)
Il faut relancer le débat, déclare «Justice et Paix»
Bruxelles, 12décembre(APIC) La Commission belge de Justice et Paix entend
relancer le débat sur le poids de la dette du tiers-monde, et en particulier de la dette africaine. Elle observe qu’»une solution globale au plan
mondial se fait attendre depuis de nombreuses années et que la majorité des
créances est détenue par des banques privées qui n’acceptent pas de tirer
les conséquences de leurs erreurs passées».
Les acteurs impliqués au niveau de ce problème ont pour nom Etats, banques et institutions publiques, et il n’y a pas de pouvoir ayant autorité
sur tous, dit la Commission. En attendant, le scandale se poursuit, déplore-t-elle: «Ce sont les pays du tiers-monde qui financent en fait le développement – voire l’armement – des pays les plus riches, tandis que des populations de plus en plus nombreuses du Sud souffrent de misère et de faim.
D’ailleurs, les transferts nets de capitaux, qui devraient ’normalement’
aller des pays du Nord vers les pays du Sud en développement, se sont inversés, notamment à cause de la charge des intérêts et du remboursement».
Dans les pays de l’Afrique subsaharienne, relève-t-on à Justice et Paix,
la situation est si dégradée qu’elle compromet un développement futur et
les conditions de vie élémentaires des gens. Une des causes principales est
le poids de la dette extérieure: «impossible de payer des intérêts sans imposer des coûts sociaux intolérables».
Or, souligne Justice et Paix, les pays européens ont des responsabilités
particulières envers les pays d’Afrique, vu les «liens historiques, politiques et commerciaux qui les unissent». Et cependant, depuis 1983, les pays
d’Europe n’ont plus consenti à un apport de fonds aux pays africains. En
revanche, depuis 1984, les remboursements africains ont dépassé les apports
de fonds bruts européens d’environ un demi-milliard de dollars par an.
La Commission Justice et Paix ne croit pas à la solution au cas par cas:
«Des arrangements bilatéraux risquent d’obéir plus à des considérations
géopolitiques qu’à des considérations d’équité ou de saine gestion internationale». Selon les auteurs de cette analyse, il conviendrait d’opter pour
une solution «multilatérale entre les pays d’Europe et d’Afrique»; elle
permettrait, écrivent-ils, «de mettre fin à tout flux financier venant
d’Afrique à cause de la dette du passé, d’ou une reprise des investissements en vue d’un effort de développement significatif, et de faire décider
les conditions de l’aide, sous forme de remise ou d’allégement des dettes,
par les pays en voie de développement». A ce propos, les Accords de Lomé
fournissent déjà un cadre de coopération politique et économique entre les
pays de la Communauté Européenne et ceux d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP).
D’autres faits plaident dans le même sens, soulignent en conclusion les
auteurs. Les créances européennes constituent la majeure partie de la dette
extérieure des pays africains. De plus, les pays ACP commercent pour 60%
avec la Communauté Européenne; ils favorisent ainsi cinq millions
d’emplois. Enfin, les montants de la dette globale des pays ACP sont importants (100 milliards d’écus), mais «non démesurés par rapport aux capacités
financières européennes: cela représente moins de 3% du revenu national
consolidé des douze pays de la CEE, et une valeur présente réaliste de cette dette devrait être de l’ordre de 1,5% du revenu national des Douze».
(apic/cip/pr)