Une icône reproduite sur timbre-poste

Belgique: grâce à l’abbaye de Chevetogne (050192)

Bruxelles, 5janvier(APIC) L’icône russe de «Notre-Dame – Réjouissance de

l’Enfant» est reproduite depuis peu sur un timbre-poste belge d’une valeur

de 10 fb, ce qui, pour la première fois dans le pays, a nécessité l’usage

de la couleur «or». Cette icône provient de l’abbaye de Chevetogne, près de

Ciney, où des bénédictins de plusieurs nationalités consacrent leurs efforts à la promotion de l’unité des chrétiens.

L’icône en question appartient au type «Glytkophilousa», ce qui veut dire: «Celle qui aime tendrement». La Vierge porte l’Enfant Jésus sur la main

droite et incline sa tête vers le visage de son fils, qui serre sa joue

contre la sienne et caresse de sa main droite le menton de sa mère. Dans sa

main gauche, l’Enfant – dont l’Evangile assure qu’il est le Verbe de Dieu porte un rouleau, signe de la Sagesse divine.

Une inscription en bas de l’icône révèle la date de sa consécration et

le nom de l’iconographe: «Cette sainte image a été bénie en 1703. Elle a

été peinte par l’iconographe du Tsar, Kirill Oulanov». Celui-ci appartenait

à une famille de peintres-iconographes, originaire de Kostroma. D’autres

icônes de lui, de son frère Vasili et de son fils Ivan sont conservées à la

Galerie Treliakov de Moscou. Kirill Oulanov fut nommé peintre de l’Ecole de

l’Arsenal à Moscou en 1688. En 1710, il devint moine sous le nom de Kornili, dans un monastère près de Moscou, où il mourut en 1731.

Histoire et usage des icônes

Dans le monde byzantin et orthodoxe, on appelle icône toute image religieuse, quelle que soit la technique de fabrication. De l’Antiquité, on a

conservé des portraits d’empereurs, de hautes dignitaires ainsi que des

portraits funéraires. Ceux de Fayoum, peints sur bois, en moyenne Egypte,

sont les mieux conservés et les plus connus.

Du IIe au IVe siècle, les chrétiens ont adopté les usages de la société

dans laquelle ils vivaient. Ils ont honoré les portraits de leurs défunts,

des apôtres et des martyrs. Cela a donné naissance à la peinture des icônes. Jusqu’au Ve siècle, l’icône ne jouera qu’un rôle modeste. Néanmoins,

les icônes du Christ et de la Vierge dites «non faites de main d’homme» et

les icônes ayant été en contact avec un saint sont vénérées comme de précieuses reliques, auxquelles s’attache la renommée de certains miracles. Du

VIe au VIIe siècle s’installe alors un véritable culte des icônes.

Il existe différentes catégories d’icônes, dont celles mobiles, qui sont

conçues à l’usage des fidèles, des prêtres, de l’empereur et des hauts dignitaires; elles ornent les petites iconostases (sorte de cloison où sont

accrochées les icônes) des foyers et l’on peut les emporter en voyage, les

porter en procession ou les exposer dans les lieux publics. Des icônes plus

petites et en métal sont portées au cou. Des personnes de haut rang font

don d’icônes aux monastères et aux églises pour le pardon de leurs péchés.

Les icônes fixes décorent alors les églises et les monastères.

Le culte des icônes

Le culte des icônes a fini par tourner à l’idolâtrie, ce qui a provoqué

en 726 le mouvement iconoclaste. Très peu d’icônes des premiers siècles

survivront à la destruction systématique des images religieuses. Le Mont

Sinaï, resté à l’abri des guerres, possède encore certaines oeuvres des Ve

et VIe siècles.

En 843, la vénération des icônes a été rétablies et leur art a connu,

sous les Commènes, un développement considérable, alliant l’élégance du

style au raffinement. De plus en plus, dans les églises, la barrière de

choeur s’est transformée en iconostase, chargée de représentations du

Christ, de la Vierge et des saints.

Du IXe siècle jusqu’à la chute de Constantinople en 1453, l’art de

l’icône va encore se développer dans tout l’empire byzantin. On voit les

cadres des icônes s’orner, les iconostases prendre de l’importance, tandis

que les supports se diversifient: bois, mosaïque, revêtements d’or et d’argent. La peinture byzantine ne s’arrêtera pas par la suite, même si Constantinople en perd le monopole. Au fil des siècles, l’icône reste ainsi une

expression majeure de la sensibilité et de la spiritualité de nombreux artistes, célèbres ou anonymes. (apic/cip/pr)

5 janvier 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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