Belgique: «La dernière dictature» en version française (100693)

Rik Devillé, prêtre belge, plaide «pour des paroisses sans pape»

Bruxelles, 10juin(APIC) «Au moment où tant de peuples se tournent vers

les modèles démocratiques, l’Eglise catholique romaine s’accroche à une

structure de type féodal». C’est le cri et le thème principal du livre de

Rik Devillé, un prêtre flamand de 49 ans, ouvrage intitulé «La dernière

dictature. Plaidoyer pour des paroisses sans pape».

L’auteur de ce pamphlet, ordonné prêtre en 1969, est aujourd’hui curé de

paroisse dans le Brabant flamand. «Mon intention n’est pas de prêcher de

nouvelles doctrines. Mon ouvrage est une invitation à retourner aux sources

évangéliques, à les rechercher, même dans cette Eglise au bord de la faillite», dit-il.

Tous les soupçons mènent à Rome

«En écrivant ce livre, dit-il, j’ai voulu me joindre à tous ceux qui

veulent promouvoir une Eglise plus juste, plus démocratique et qui connaisse mieux la Bible». Toute l’histoire de l’Eglise est revisitée et l’auteur

ouvre un procès sur ce qui ne va pas aujourd’hui: «Tous les soupçons mènent

à Rome». Les titres des quatre parties de l’ouvrage donnent le ton du réquisitoire: «Les personnes et les pouvoirs dans l’Eglise catholique romaine»; «Le pouvoir du sacré»; «L’argent maudit»; «Voir Rome et souffrir». Des

débuts du christianisme aux finances actuelles du Saint-Siège, en passant

par le statut des ministères, de la papauté et des sacrements, presque tout

y passe, jusqu’à l’Opus Dei, qualifiée de «garde présidentielle» dont le

pape se serait entouré pour asseoir son pouvoir.

L’auteur invite son lecteur à un procès, mais ne semble pas vraiment

l’instruire, tant le cri de protestation et l’impression subjective se mêlent au relevé des faits. Les formules frappantes de l’ouvrage sont aussi

nombreuses qu’approximatives: «Autant les grandes pages de l’Evangile sont

précieuses, autant les messages qui viennent de Rome ne sont que bavardage». «Jésus rendait confiance à l’homme blessé. Rome ne réussit souvent

qu’à blesser une foule ignorante à coup d’angoisse et de sentiments de culpabilité.»

Un réveil des paroisses?

«Pourtant ce livre n’est pas un cri de désespoir, poussé juste avant la

liquidation de l’entreprise», assure Rick Devillé. L’auteur laisse entendre

aussi un appel à l’espérance exprimé à sa manière dans le sous-titre de

l’ouvrage: «Plaidoyer pour des paroisses sans pape». «Si les paroisses ne

répondent pas aux questions qui préoccupent l’homme de la rue – l’environnement, l’industrie des armes, la solitude, tous les problèmes relationnels, la menace de la pauvreté, la perte de la sécurité sociale, le chômage, l’immigration, etc – elles n’ont plus de raison d’être», témoigne Rik

Devillé. Ce réveil des paroisses n’est pas possible sans une redécouverte

de la Bible et de Jésus. «Il faut rendre la parole à Jésus», affirme l’auteur.

Réaction de l’archevêché

L’archevêché de Malines-Bruxelles a déploré dans un communiqué «un

certain nombre d’incorrections, une sélection unilatérale des éléments, et

une série d’affirmations théologiques qui ne sont pas acceptables, entre

autre sur la primauté du pape, sur la naissance virginale, sur le baptême

des enfants, sur la présence réelle dans l’Eucharistie et sur son caractère

sacrificiel.» L’archevêché a appelé l’auteur à respecter la fidélité à

l’enseignement et à la pratique pastorale de l’Eglise catholique, «ce que

l’auteur a d’ailleurs confirmé dans une déclaration à la presse.»

(apic/cip/mp)

11 juin 1993 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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