L’évêque de Namur garde une minorité de blocage
Belgique: Le groupe de presse francophone Medi@bel passe en mains flamandes
Namur, 1er juillet 1999 (APIC) Le groupe de presse belge francophone «Vers l’avenir» récemment rebaptisé «Medi@bel» restera en mains belges, mais passera sous contrôle flamand. Ainsi en a décidé son propriétaire, l’évêché de Namur, qui cède 58,9% du capital à un pool d’actionnaires en formation dominé par le groupe de presse flamand VUM, éditeur du quotidien «De Standaard». Cette prise en mains ne cache aucune volonté idéologique ou communautaire. L’indépendance des titres sera maintenue, ont assuré les repreneurs.
Bonjour … gooie morgen. C’est par ces mots de bienvenue, inusités dans la presse francophone belge, que les journalistes et travailleurs de la société Medi@bel ont appris jeudi, en conseil d’entreprise, que leurs titres (»Vers l’Avenir», «La Libre Belgique» et «La Dernière Heure») sont désormais contrôlés par la Société belge d’édition (SBE) dominée par des actionnaires flamands, emmenés par la VUM.
L’évêché de Namur, jusque là actionnaire majoritaire de Medi@bel, a préféré l’offre de la SBE à celle du groupe Axemédia, constitué par les frères Le Hodey. L’offre de la SBE est celle qui garantit le mieux l’identité et le développement du groupe, ainsi que les valeurs qui inspirent ses différents titres de presse, a souligné Jean Godeaux, le président du conseil d’administration de Medi@bel. Les nouveaux actionnaires apportent 800 millions de francs belges d’argent frais (32 millions de francs).
La SBE prend ainsi 58,9% du capital de Medi@bel, à côté de la société luxembourgeoise Imprimerie Saint-Paul (16%), éditrice du premier quotidien grand-ducal, «Luxemburger Wort» et propriété de l’archevêché du Luxembourg. L’évêché de Namur conserve une minorité de blocage de 25,1%. La SBE est présidée par Philippe Delaunois, ancien administrateur-délégué de Cockerill Sambre. Il devient le patron de Medi@bel.
Avec 33% du capital de la SBE, la VUM en est l’actionnaire prédominant. Si on y ajoute les 10% de Synvest, ainsi que les 22,5% du groupe chrétien Arco, le groupe Medi@bel est dominé à 65,5% par un actionnariat flamand. Les 34,5% restant sont en mains francophones : 12% pour les familles (Delaunois, de Pret, du Monceau et Desclée) et 22,5% pour le holding wallon Mosane.
Le président de Medi@bel, Jean Godeaux s’est voulu rassurant. Il s’agit d’un projet économique et culturel, pas idéologique et encore moins communautaire. L’indépendance des titres est maintenue. Medi@bel envisage la création d’une fondation qui consoliderait l’identité rédactionnelle de chacun des titres, a-t-il ajouté.
Outre VUM, trois autres groupes étaient prétendants au rachat de Medi@bel : le consortium Axemedia conduit par la famille Le Hodey et comprenant notamment le groupe suisse Edipresse; l’homme d’affaire Stéphane Jourdain, à qui les vieilles familles namuroises avaient vendu leurs parts. et enfin le quotidien français «Le Monde». Ce dernier avait toutefois déjà jeté l’éponge il y a quelques semaines. (apic/leSoir/mp)