Belgique: Le mouvement «PAVES» désavoue la béatification de Pie IX
Revoir les dogmes de la virginité de Marie et de l’infaillibilité papale
Bruxelles, 3 septembre 2000 (APIC) La béatification simultanée de deux papes aussi différents que Pie IX et Jean XXIII est «un jeu d’équilibre politique de la hiérarchie vaticane voué à l’échec», déclare dans un communiqué publié dimanche le mouvement belge «PAVÉS (Pour un Autre Visage d’Eglise et de Société). Affilié au mouvement international «Nous sommes l’Eglise», «PAVES» demande entre outre que soit reprise la réflexion sur le dogme de la virginité de Marie et de l’infaillibilité pontificale.
Le Vatican ne tient pas compte du sens de l’Eglise de ses filles et de ses fils, ni des travaux des historiens et des théologiens. Il veut imposer autoritairement ses vues», déplore «PAVÉS» alors que le pape Jean Paul II vient de béatifier les deux papes conciliaires Pie IX et Jean XXIII. «PAVES» appelle «le peuple chrétien, les laïcs engagés à tous les niveaux de la vie et de la pastorale de l’Eglise catholique, les religieuses, religieux, diacres, prêtres et évêques à considérer l’erreur profonde la béatification de Pie IX et à reprendre fondamentalement la réflexion sur les dogmes mariaux et sur l’infaillibilité pontificale».
La béatification de Pie IX «dévalorise les béatifications et sanctifications opérées par le Vatican «, estime «PAVÉS», qui rappelle qu’en 22 ans de pontificat, Jean-Paul II a béatifié 994 personnes et en a canonisé 323 autres, plus qu’au cours des 300 dernières années. «Il faut savoir, commente «PAVÉS», que le processus d’étude et d’avancement des dossiers n’a guère changé depuis le Moyen Age. Il obéit souvent à des arrière-pensées politiques: se concilier tel gouvernement ou tel ordre religieux, valoriser les notions de soumission et de fidélité en ces temps de contestation.»
Démarche de pardon contredite
Aux yeux du mouvement belge, la béatification de Pie IX contredit la demande de pardon de Jean-Paul II du 12 mars dernier, dans laquelle il regrettait les manquements aux droits humains et à la tolérance. «Or précisément, Pie IX s’est gravement rendu coupable de ces manquements: dernier monarque en exercice des Etats pontificaux jusqu’à l’unification italienne de 1870, il a régné en despote absolu, refusant et condamnant les idées libérales et démocratiques de son temps, obligeant les Juifs de Rome à vivre, humiliés, dans le dernier ghetto d’Europe avant l’arrivée des nazis au pouvoir et organisant même le rapt d’un enfant juif pour le baptiser!, s’indigne encore «PAVES»
Pie IX, poursuit le communiqué, a proclamé le dogme de l’Immaculé Conception de Marie, «avec pour conséquences la mariolâtrie de certains catholiques, une séparation plus profonde d’avec nos frères protestants et des difficultés théologiques difficilement surmontables aujourd’hui où le progrès des sciences humaines et de la théologie modifie le concept de péché originel».
Pie IX a aussi publié le » Syllabus «, catalogue des idées libérales «qu’il condamnait très sévèrement, allant jusqu’à excommunier ceux qui les professaient «. Enfin, il a convoqué le concile Vatican I et pesé de tout son poids sur les évêques pour obtenir la proclamation du dogme de l’infaillibilité pontificale. En fait, affirme encore PAVÉS, il ne l’a obtenue qu’à la faveur de la déclaration de guerre franco-prussienne et du retour précipité chez eux des évêques français et allemands et comme en guise de consolation pour la perte des Etats pontificaux conquis par Garibaldi. «
» La proclamation de ce dogme est très discutable au regard des réalités historique, humaine et spirituelle, observe encore le mouvement. Il a causé un nouveau schisme dans l’Eglise (constitution de l’Eglise Vieille catholique), nous a éloignés des autres confessions chrétiennes et a occasionné jusqu’à aujourd’hui une papolâtrie indéfendable au sein des masses».
Le mouvement «PAVÉS» avait écrit le 15 juin au nonce apostolique à Bruxelles pour lui faire part de ses objections graves à la béatification de Pie IX. Il signale qu’un grand nombre de personnes, y compris un professeur d’université, en ont fait autant, dans le but de ne pas déconsidérer l’Eglise catholique. Les nonces des pays voisins ont reçu le même genre de courrier, en grandes quantités. «Nous n’avons reçu aucune réponse à ce jour!», souligne le communiqué. (apic/cip/mjp)