Belgique: Le Père Venuste Limguyeneza, prêtre ruandais, curé à Waterloo
«L’Eglise ne craint pas les procès»
Bruxelles, 25 avril 2001 (APIC) L’Eglise catholique ne craint pas les procès, affirme le Père Venuste Limguyeneza, âgé de 50 ans, prêtre ruandais du diocèse de Butare. Après avoir été menacé de mort dans son pays, il vit depuis 1995 en Belgique, où il est curé à Waterloo. Il connaît personnellement Soeur Gertrude et Sœur Marie Kisito, les deux bénédictines accusées de génocide au procès qui se déroule à Bruxelles.
La tragédie du génocide a été suivie par toute une série d’accusations, souvent exagérées, fausses ou inventées, déplore le curé ruandais de Waterloo. «Au sein de l’Eglise, ce qui fait mal. c’est que des religieuses accusent d’autres religieuses. Il est bon que ce procès ait lieu. Il nous fera approcher de la vérité. L’Eglise n’a pas peur de la vérité qui ressort d’une justice indépendante. Si l’on prouve la culpabilité de ses enfants, l’Eglise respectera les conclusions du procès.» Le prêtre reconnaît que dans le passé, et durant ces derniers mois, l’Eglise a été accusée de vouloir cacher les coupables. Une accusation lancée avant tout par la Revue «Golias», en France, précise-t-il. L’opinion publique mondiale a parlé du pouvoir de l’Eglise, de sa tentative de soustraire le personnel religieux à la justice humaine, et d’une Eglise qui voudrait falsifier la vérité. C’est une accusation tout à fait gratuite, pour le prêtre venant du diocèse de Butare.
La Belgique veut changer son image colonialiste
Le Père Venuste Limguyeneza connait depuis longtemps les religieuses incriminées. Soeur Gertrude, la Supérieure, était estimée des autres religieuses. Elle est devenue supérieure pour ses qualités humaines, son bon sens: elle n’a rien d’une génocidaire, souligne son compatriote. Pour lui, la Belgique suit particulièrement ce qui se passe en Afrique Centrale parce que cette région du monde faisait partie de son empire colonial. En Belgique, nombreux ceux les Ruandais en exil, de toutes les tendances, et nombreux aussi les Belges qui ont connu le Rwanda.
La Belgique cherche aussi à se donner l’image d’un pays qui protège les droits de l’homme, qui poursuit ceux qui accomplissent des crimes internationaux. Elle a appuyé le procès contre Augusto Pinochet, et à présent elle insiste sur le Rwanda, estime encore le prêtre ruandais.
«Après le génocide, nous avons tous le droit de savoir ce qui s’est passé. Et il est nécessaire que les responsables des assassinats répondent devant la justice. Quand on parle de réconciliation, il est important de penser aussi aux victimes qui sont mortes, à leurs familles blessées, mais aussi aux innocents accusés injustement. Il est urgent aussi de les innocenter, conclut le Père Venuste Limguyeneza. (apic/cip/fs/mjp)