Contestation de la représentation du protestantisme par l’EPUB
Belgique: Les Eglises Evangéliques créent leur propre Synode
Bruxelles, 9 janvier 1998 (APIC) Treize dénominations évangéliques ont constitué le 3 janvier un «Synode Fédéral des Eglises Protestantes et Evangéliques en Belgique». Ce Synode, qui représente au moins 225 Eglises ou communautés locales, a été érigé «en vue de représenter l’ensemble du protestantisme auprès des autorités» de l’Etat, indique un communiqué publié à l’issue de la première assemblée.
L’Eglise protestante unie de Belgique, (EPUB) seule instance écclésiastique réformée reconnue actuellement par l’Etat a vivement déploré que «la création d’un Synode parallèle ressemble davantage à une volonté d’arracher de prétendus privilèges à l’EPUB».
Une centaine d’Eglises évangéliques membres de la Fédération des Eglises Francophones de Belgique se sont rattachées au nouveau Synode fédéral. On en compte à peu près autant comme membres de l’Alliance Evangélique de Flandre. S’y ajoutent une trentaine de groupes membres de l’Alliance des Communautés pentecôtistes de Flandre.
Au total, les Eglises évangéliques de Belgique (fédérées et autres) représentent quelque 50 à 60.000 membres des 80 à 100’000 protestants du pays. La plupart d’entre elles sont très «congrégationalistes», c’est-à-dire très attachées à leur organisation en congrégation locale, plutôt qu’à des liens organiques entre communautés soeurs. La création du récent Synode semble manifester une évolution différente, du moins sur le plan stratégique.
De son côté l’Eglise protestante unie de Belgique (EPUB), créée en 1978, résulte de l’union des principales familles spirituelles héritières de la tradition réformée. Elle compte une centaine de paroisses dans tout le pays. Elle est surtout jusqu’ici la «seule autorité ecclésiastique» reconnue par l’Etat pour les protestants. Depuis deux décennies, c’est donc l’EPUB qui, aux yeux de l’Etat belge, est l’interlocutrice pour la nomination des professeurs de religion protestants, la désignation des aumôniers protestants pour les hôpitaux, les établissements pénitentiaires et les forces armées. C’est à elle encore qu’il revient de reconnaître les pasteurs qui seront présentés au ministère de la Justice comme «ministres du culte» rémunérés par l’Etat.
Aux yeux de son Conseil synodal, ces prérogatives légales de l’EPUB comportent moins de «privilèges» que de «charges» et de «responsabilités». Elles sont néanmoins désormais contestées publiquement par le nouveau Synode concurrent. Le «Synode Fédéral des Eglises Protestantes et Evangéliques en Belgique» a bel et bien été créé en vue d’obtenir une reconnaissance légale de toutes les dénominations d’origine protestante qui voudront s’y affilier. Une nouvelle assemblée synodale sera convoquée en mai pour affiner et approuver les nouveaux statuts et pour entreprendre les démarches de reconnaissance officielle auprès du ministère de la Justice (apic/cip/mp)