Belgique: Les événements d’Afrique provoquent les missionnaires belges :
«Le silence ou une parole prophétique ?»
Bruxelles, 8 mai 1997 (APIC) «Bien des Instituts Missionnaires n’osent pas ou ne veulent pas prendre la parole dans les médias, ou le font de manière insuffisante», a constaté Serge Desouter, Père Blanc lors de l’assemblée annuelle du Comité des Instituts Missionnaires de Belgique (CIM) récemment tenue à Bruxelles.
Devant les drames vécus ces dernières années par l’Afrique du Centre et de l’Est, les missionnaires n’ont-ils pas, «au nom de la prudence», trop souvent opté pour le silence plutôt que pour la parole ? Dans ce cas, où est passée leur inspiration prophétique ? se demande le Père Desouter, président du CIM, lui-même ancien missionnaire au Rwanda.
Les Européens doivent certes céder le relais aux Africains. Mais la distance physique n’empêche pas les missionnaires, qui sont restés en contact étroit avec les jeunes Eglises, de relayer l’information sur ce qu’elles vivent. Or le Père Desouter note que, devant les drames récents, le souci de l’information a souvent été assumé par des missionnaires sous le couvert de l’anonymat. Ce réflexe de prudence est élémentaire dans des situations délicates. Mais il pose problème quand il devient une règle habituelle. Aux yeux du Père Serge, «l’anonymat n’a rien de prophétique». A la longue, l’anonymat risque même de se retourner contre la crédibilité du témoin.
Contraints de rentrer dans leur patrie par les graves événements qui ont déchiré l’Afrique centrale, plusieurs missionnaires ont pu, ces derniers mois, retourner en mission à l’étranger. Entre-temps, peu d’Instituts ont fait part leurs réflexions sur leur présence missionnaire à l’étranger. «N’aurait-on pas fait d’analyses ? Et si l’on en a fait, où sont-elles passées ?», se demande Serge Desouter.
On attend pourtant des missionnaires une vigilance prophétique sur tous les terrains où l’humanité est blessée, pour y semer «des impulsions nouvelles en vue d’une humanité plus grande». Les missionnaires se doivent de cultiver le souci conjoint de l’annonce de l’Evangile et de l’action pour la justice et le développement.
Soeur Mutunkole, religieuse zaïroise a montré de son côté comment, devant les problèmes constatés dans la société zaïroise, mais également dans les rangs de l’Eglise, les supérieures majeures du Zaïre avaient eu le souci de s’interpeller mutuellement mais aussi d’interpeller les autorités civiles et épiscopales.
Le Père Joseph Burgraff, ancien missionnaire au Zaïre et aujourd’hui directeur de Missio en Belgique, a relevé l’importance d’une information sur les «plaies» actuelles du Zaïre. Il s’agit, a-t-il dit, de rassembler une information fiable et d’oser parler dans les circonstances les plus difficiles même si cela parler comporte des risques. Selon le religieux spiritain, les nombreuses déclarations des évêques de ces dernières années, sont la preuve que l’Eglise du Zaïre a conservé sa liberté de parole et qu’elle a su en faire usage dans les périodes les plus délicates. (apic/cip/mp)