Belgique: Les traditionalistes de Mgr Lefèbvre s’installent à Bruxelles
Pour en revenir à «une présence ostentatoire» d’avant Vatican II
Bruxelles, 25 octobre 2001 (APIC) Les adeptes de feu Mgr Marcel Lefèbvre, de la messe célébrée dos au peuple et du retour à la piété catholique traditionaliste d’avant le Concile Vatican II, inaugureront à Bruxelles, le 1er novembre, l’église St-Joseph située au square Frère-Orban. «Une église rendue au culte catholique», annoncent-ils après avoir «acheté» un bâtiment à une autre communauté dans des conditions telles que celle-ci s’estime trompée sur toute la ligne et envisage une procédure judiciaire pour récupérer son bien.
Un «culte catholique»… La «tradition catholique»… Une «messe pontificale»… La «fidélité à la sainte tradition»… Et même «en communion avec la papauté et l’Eglise de toujours»… C’est ce que met en relief un tract bilingue et polychrome, récemment distribué à de nombreux fidèles aux abords de la cathédrale SS. Michel et Gudule à Bruxelles et à la sortie des messes d’autres églises de la capitale.
A en juger par les réactions inquiètes dont ils ont fait part à divers prêtres dans les jours qui ont suivi, nombre de catholiques bruxellois ont cru comprendre, d’après ces tracts, que l’inauguration en grande pompe de l’église St-Joseph, avec messe pontificale suivie d’un repas offert à tous, allait se faire le 1er novembre avec la bénédiction de l’archevêché de Malines-Bruxelles !
«Il n’y a absolument pas de bénédiction de l’archevêché!», réplique à ce sujet Toon Osaer, porte-parole du cardinal Godfried Danneels. «Si on laisse entendre que ceci aurait quelque chose à voir avec la fidélité à l’Eglise catholique confiée au cardinal Danneels et à ses évêques auxiliaires dans l’archidiocèse, c’est tout simplement de la désinformation».
Figée depuis 40 ans
Autrement dit, ce que les chefs de file du catholicisme traditionaliste s’apprêtent à célébrer en l’église Saint-Joseph, c’est une fidélité figée depuis quarante ans. Ils se sont arrêtés, précisent-ils eux-mêmes, à la veille du Concile Vatican II. A leurs yeux, tout ce qui s’est passé parmi les catholiques belges depuis quarante ans peut se résumer en un mot: «apostasie»!
Détournement d’église…
L’église St-Joseph, que la Fraternité St-Pie X dit avoir acquise le 14 septembre dernier, était encore en 1988 l’église des Pères Rédemptoristes. Propriété de leur communauté religieuse, elle fut construite entre 1842 et 1849 dans un style baroque italien, dont témoigne d’abord sa façade néo-renaissance.
Les Rédemptoristes, qui n’ont plus assuré le culte dans cette église à partir de juillet 1988, ont finalement décidé de céder leur église à l’archevêché de Malines-Bruxelles. L’acte de donation a été passé devant notaire en février 1989. Le même jour, l’archevêché a passé un deuxième acte notarié pour faire donation de cette même église à une communauté de chrétiens syriaques dont l’évêque, Mgr Julius Cicek, réside à Enschede aux Pays-Bas.
Cette communauté rassemble quelque 5’000 fidèles, pour la plupart originaires du Sud-Est de la Turquie et implantés en Belgique depuis le début des années 1980. La langue syriaque, dans laquelle ils célèbrent le culte, est très proche de l’araméen que parlait Jésus, ce qui en dit long sur l’enracinement de la tradition communautaire de ces chrétiens dans la tradition des origines du christianisme.
Tromperie?
En fait, la donation n’a pas été conclue par l’archevêché de Malines avec la communauté syriaque comme telle, mais avec l’»Association de l’Eglise syrienne (syriaque)-orthodoxe de Belgique». Il s’agissait en réalité d’une association représentée par les membres d’une même famille, qui était honorablement connue de la communauté. Un des membres de la famille, aujourd’hui décédé, a ensuite investi beaucoup d’argent dans l’aménagement de cette église St-Joseph.
La communauté syriaque mise par-dessus tout sur la parole donnée. A-t-elle fait trop confiance? Toujours est-il que le 14 septembre dernier, l’association quasi familiale a passé un nouvel acte devant notaire pour «vendre» l’église. Elle s’en croyait pleinement propriétaire, bien que l’archevêché ait cru donner le bien non pas à une famille mais à une communauté. Le bien a donc été cette fois vendu à un nouvel acquéreur: la Fraternité sacerdotale St-Pie X, qui est toujours en rupture avec l’Eglise catholique romaine. Cette vente a été conclue à l’insu de l’archevêché et même à l’insu de la communauté syriaque de Bruxelles, assure le Comité de gestion des chrétiens syriaques.
«Trahison»
La communauté syriaque n’a appris la vente de l’édifice religieux que dix jours après l’acte notarié. Pour elle qui croyait toujours détenir son précieux cadeau de l’archevêché de Malines, l’émoi a été grand. Ces chrétiens ne mâchent pas leurs mots: «Nous sommes en colère parce que nous avons été trahis. Et nous envisageons donc d’entamer une procédure judiciaire pour récupérer notre bien. Nous espérons bien que l’archevêché en fera autant! Car lui aussi a été trahi!»
En l’absence du cardinal G. Danneels, toujours retenu à Rome par le Synode, Mgr Paul Lanneau, son évêque auxiliaire, a précisé à l’agence CIP, le 24 octobre, qu’aucune décision n’avait été prise par le Conseil épiscopal pour introduire une action judiciaire en vue de récupérer l’église. L’édifice semble pourtant avoir été détourné de sa destination. L’acte de donation de l’église St-Joseph à la communauté syriaque, précise son Comité de gestion, stipulait clairement que l’édifice lui avait été offert pour être affecté au culte syriaque.
En présence de Mgr Fellay
La Fraternité St-Pie X, organisation faîtière des traditionalistes attachés à feu Mgr Lefèbvre et au Séminaire d’Ecône en Suisse, ne cache pas l’importance qu’elle attache à l’église St-Joseph, toute proche du Quartier européen de Bruxelles. «A l’exemple de Paris avec l’église Saint Nicolas-du-Chardonnet, explique une information diffusée par le Prieuré de la Fraternité dans la capitale belge, Bruxelles dispose désormais d’une grande église consacrée exclusivement au rite latin d’avant le Concile Vatican II (1962-1965), rite pour lequel elle fut bâtie au milieu du XIXe siècle.
Le 1er novembre, Mgr Fellay, évêque schismatique et excommunié par Rome, sera présent à Bruxelles pour célébrer ce que la Fraternité présente comme une messe «pontificale» et des vêpres «pontificales». (apic/cip/pr)