Pression pour le retirer du Festival de Venise?

Belgique: polémique autour d’un film consacré à l’abbé Daens (091092)

Non, affirme le président de l’OCIC

Bruxelles, 9octobre(APIC) Une polémique suscitée par le film «Daens», du

cinéaste flamand Stijn Coniox, présenté lors du dernier Festival de Venise,

et qui évoque l’engagement du prêtre démocrate-chrétien alostois Adolf Daens, mort en 1907, provoque un certain nombre de remous dans les journaux

belges. Le film en question avait été présenté dans la catégorie des «Nuits

vénitiennes». La presse accuse un religieux salésien italien qui présidait

le jury de l’Office catholique international du cinéma (OCIC) d’avoir tenté

d’empêcher la projection du film lequel a finalement été couronné par…

l’OCIC!

Adolf Daens est un prêtre alostois qui fut condamné à la fin du siècle

dernier en raison de son engagement politique. Engagé aux côtés des plus

démunis, et «flamingant» par réaction à un patronat bourgeois francophone,

celui que «la Flandre catholique bien-pensante» considérait comme un gêneur

décida de se présenter aux élections législatives de 1894. Invité malgré

tout à figurer sur la liste catholique officielle, il déclina l’offre, et

se présenta seul pour être finalement élu. Une fois élu, l’abbé Deans chemina aux côtés des socialistes. Averti par le pape Léon XIII à deux reprises (1895 et 1896), le prêtre-parlementaire fut sommé de démissionner et

fut finalement suspendu par l’évêque de Gand en 1898. Tels sont les faits

relatés dans le film.

Selon diverses sources, le Père Ettore Segneri, un salésien italien qui

présidait le jury de l’OCIC au Festival de Venise, aurait protesté contre

de grossières contre-vérités historiques et tout fait pour empêcher la

moindre récompense pour ce film dérangeant. Le Père Segneri aurait fait

connaître sa désapprobation en quittant bruyamment une projection de presse, avant d’envoyer une copie du film au Vatican.

Le religieux proteste contre cette présentation des faits dans un «droit

de réponse» communiqué à l’OCIC et destiné à la presse belge. Il regrette

notamment que la presse écrite et audiovisuelle en Belgique ait, sans vérifier la réalité des faits, gonflé hors de proportion et même caricaturé les

événements: «une inacceptable désinformation». Contacté pour une interview

avant la projection du film par la BRTN-Télévision, le Père Segneri explique avoir refusé de répondre avant de pouvoir vérifier des informations sur

«la réalité historique des faits présenté par le film». Ayant reçu les informations souhaitées, il a «donné très volontiers une interview à la TV

flamande», en précisant que le film «présente les faits dans leur historicité, sauf quelques petits détails introduits par l’auteur du scénario et

dérivés du roman de Paul Roon». Mais, ajoute-il, la presse écrite – et surtout la télévision flamande BRTN – ont diffusé ma première réaction (…)

C’est finalement en considérant «l’actualité du message social de l’abbé

Daens et l’excellente qualité du film que le jury de l’OCIC, présidé par le

Père Segneri, a décerné sa mention officielle. Le Père Segneri signale au

passage que le jury de l’OCIC a voulu considérer ce film alors qu’il était

hors compétition. D’ailleurs, ajoute-il, «comme beaucoup d’autres, le jury

OCIC regrettait qu’un film européen d’une telle qualité ne figure pas parmi

les films en compétition». (apic/cip/pr)

9 octobre 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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