Belgique: vision sur l’homme et sur Dieu chez le cinéaste Bergman (041290)
Bruxelles, 4décembre(APIC) Quel sens a la vie? Dieu existe-t-il vraiment?
Comment peut-il tolérer le mal et la souffrance de l’innocent? L’amour et
la communication entre les êtres sont-ils possibles dans le couple et dans
une société atomisée? Ces thèmes, qui dominent l’oeuvre du cinéaste suédois Ingmar Bergman, aujourd’hui âgé de 72 ans, ont été au centre des débats organisés les 1er et 2 décembre à Bruxelles par l’Association «Reliances».
Six films de Bergman étaient au programme de ces journées: «Le septième
sceau», «Le silence», «Le lien», «La honte», «La source» et «A travers le
miroir». Quatre d’entre eux se rattachent à une période d’interrogation religieuse cruciale chez le cinéaste: de 1957 à 1963. Ces films ont été présentés par un spécialiste du cinéma nordique, Peter Cowie, rédacteur en
chef de l’»International Film Guide» et auteur d’une bibliographie de Bergman.
Fils d’un pasteur luthérien bien introduit à la cour du roi de Suède et
d’une mère d’origine wallonne, Ingmar Bergman a été marqué par une éducation rigoriste, contre laquelle il s’est révolté vers l’âge de 18 ans.
«J’ai absorbé le christianisme avec le lait maternel, je suis issu d’un
monde chrétien conservateur», devait-il expliquer un jour. «Dans ces conditions, il est clair que certains archétypes (…) sont restés au fond de ma
conscience».
Les participants au débat proposé sur Bergman ont effectivement pu s’en
rendre compte dans le film «A travers le miroir», dont le motif central est
celui de la culpabilité et de la confession.
Croire sans savoir?
La quête religieuse du cinéaste suédois culmine dans «Le septième sceau»
(1957) et «La source» (1950). «Cela fait souffrir de croire. C’est comme un
amour dans les ténébres, et qui ne répond jamais», s’exclame le personnage
central du premier film, le chevalier Block, qui chemine à travers son pays
natal après dix ans de croisade. «Je veux savoir et non croire», ajoute-til. Entre «le rationalisme cynique, le refuge dans le mysticisme ou la superstition, le pari pascalien, la foi naïve des simples ou le fanatisme macabre des flagellants», Bergman ne conclut rien, sinon que la Mort elle-même, avec qui le chevalier Block joue aux échecs, ne sait rien sur Dieu.
«La source», dont l’origine est une ballade suédoise du XVIe siècle,
évoque le conflit médiéval entre paganisme et christianisme, entre la vengeance et le pardon. Peut-être le cinéaste suggère-t-il une réponse dans le
film «A travers le miroir» (1961). David, écrivain, s’adresse à son fils
Minus en ces termes: «Je ne sais pas si l’amour est une preuve de l’existence de Dieu, ou si Dieu lui-même est amour». mais, précise-t-il, «l’inanité se tranforme soudain en richesse et le désespoir en vie».
Pour Bergman, l’amour est communication entre les êtres. C’est le but à
atteindre, mais combien difficile. Les trois autres films, plus psychologique «Le silence», «Le lien», «La honte» illustrent précisément le problème des barrières dans le couple, de la jalousie et de la méchanceté humaine, de l’absence de dialogue.
Le débat qui a suivi chaque projection a révélé la riche diversité des
interprétations personnelles que suscite une oeuvre magistrale aux nombreux
symboles et allégories. l’association «Reliances» veut d’ailleurs témoigner, dans le domaine de l’audio-visuel, de la dimension spirituelle de
l’homme à travers les traditions et les cultures. (apic/cip/pr)