Bénédiction des homosexuels: le cardinal Fernández se rend en Égypte
Le cardinal Victor Manuel Fernández, préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF), s’est rendu en personne en Égypte, auprès du chef copte orthodoxe, Tawadros II, afin de s’expliquer sur son document Fiducia supplicans, autorisant a bénédiction des homosexuels.
La déclaration Fiducia supplicans de décembre dernier qui autorise les prêtres catholiques à accorder des bénédictions non liturgiques aux couples homosexuels, avait provoqué la colère des coptes, qui avaient annoncé suspendre leur dialogue théologique avec l’Église catholique. Dans un communiqué publié le 7 mars, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe copte – composé de 133 dignitaires – condamnait l’homosexualité en tant que « perversion sexuelle » et rejetait le « soi-disant mariage homosexuel ». Plus de 50 ans après la restauration des relations bilatérales (1973), il annonçait « suspendre le dialogue théologique avec l’Église catholique ».
Le préfet du DDF a donc été reçu dans ce contexte, le 22 mai, au Caire, par le pape des coptes Tawadros II. Durant leurs échanges, le cardinal Fernández a « confirmé que l’Église catholique est également opposée au mariage entre personnes du même sexe », rapporte Vatican News. Selon les médias du Vatican, le préfet argentin a affirmé à Tawadros II que l’Église catholique partage les enseignements de l’Église copte. Il a insisté sur le fait que Fiducia supplicans propose une « bénédiction simple, spontanée, […] sans aucun rituel, sans aucun vêtement liturgique et sans aucune manifestation extérieure qui pourrait faire confondre cette bénédiction avec un mariage ».
Le cardinal Fernández a également précisé qu’ « on ne bénit pas l’union des personnes » mais qu’il s’agit de faire « un signe de croix sur chacune d’entre elles ». Dans un récent entretien à la chaîne américaine CBS, le pape François lui-même expliquait qu’il n’avait pas permis « de bénir l’union », mais de « bénir chaque personne ». « Bénir une union de type homosexuel va contre le droit, le droit naturel, le droit de l’Église », affirmait le pape.
Des secousses dans toute l’Église
Au sortir de cette rencontre avec le préfet du DDF, l’Église copte a également publié un compte-rendu prenant acte des déclarations du cardinal. Elle y réitère cependant le souhait de Tawadros II « d’évaluer » le dialogue théologique entre les deux Églises – initié en 2004 – et de « développer des méthodes plus efficaces ».
Publiée le 18 décembre 2023, la déclaration Fiducia supplicans a provoqué des secousses au sein de l’Église catholique. Le 11 janvier suivant, les évêques du continent africain s’opposaient à la pratique de ces bénédictions, mettant en avant les risques de « confusion ». D’autres conférences épiscopales, comme celle de la Pologne, ou encore de l’Ukraine, avaient également critiqué ce texte de Rome avalisé par le pape.
La prise de distance de l’Église orthodoxe copte est intervenue alors que le pape Tawadros II et le pape François avaient montré de nombreux signes de rapprochement ces dernières années. Le pape Tawadros II était venu rencontrer le pape François au Vatican le 10 mai 2013, et l’avait reçu au Caire le 28 avril 2017, signant avec lui une Déclaration commune. Le 11 mai 2023, devant le patriarche venu à nouveau au Vatican, François avait annoncé que les 21 martyrs chrétiens, dont 20 coptes tués par Daech en 2015 en Libye, seraient inscrits au martyrologe romain. (cath.ch/imedia/ak/mp)





