Bénin: Plus de 100 personnes exécutées par lapidation
La «loi» du «colonel civil Devi» contre les pilleurs et les violeurs
Cotonou, 28 octobre 1999 (APIC) Plus de 100 personnes ont été exécutées par lapidation depuis le début de l’année dans les régions du sud-ouest du Bénin, dénonce la Ligue des droits de l’homme du Bénin. Cette dernière condamne cette pratique utilisée par des milices d’autodéfense créées par Ehoum Zuinsou Dévi, appelé le «colonel civil Dévi». La recrudescence de la criminalité et des actes de barbarie à l’égard des femmes dans ces deux départements a poussé les paysans de cette région à s’en remettre à lui.
Paysan de 45 ans, le «colonel civil Dévi» est à la tête d’un millier d’hommes. Il extermine tous les voleurs et les violeurs des deux départements. Sa région natale a été envahie vers le début de l’année par une horde de criminels béninois et étrangers qui volent, violent les femmes et obligent les pères à avoir des relations sexuelles avec leurs filles, au vu et au su des autorités administratives et policières incapables de réagir. Dévi a organisé ainsi une milice qui se sert d’une seule arme contre le banditisme, la mort par lapidation. Durant ces quatre dernières semaines, rapportent les principaux quotidiens de Cotonou, les milices, d’autodéfense ont procédé à au moins à 70 exécutions.
D’après la Ligue des droits de l’homme, «les forces de sécurité envoyées dans les Départements pour réprimer la criminalité, ne se sont données pour rôle que de laisser se poursuivre les exécutions sommaires, de les constater, puis de se replier. La Ligue en appelle aux autorités en rappelant que «les criminels doivent être arrêtés, punis par des tribunaux selon les lois en vigueur, et ne pas être arrêtés et tués de manière sommaire». La Ligue condamne la pratique violente dont se servent les milices d’autodéfense, et qui est contraire à toutes les lois et règlements en vigueur au Bénin et aux conventions internationales ratifiées par le pays.
La Ligue pour les droits de l’homme demande enfin aux autorités de mettre fin immédiatement à cette dérive civile et de rétablir l’ordre dans les Départements où sévit Dévi, pour éviter que le phénomène ne se répande dans d’autres régions du pays. Récemment en effet, le «colonel civil» a pu s’adresser à plus de dix mille personnes dans un stade de Lokossa, à 100 km au nord-ouest de la capitale, où il a notamment déclaré: «Ceux qui ont versé leur sang demandent justice». (apic/fides/pr)




