Rome: Cinq nouveaux ambassadeurs non-résidents reçus par le pape

Benoît XVI appelle les Etats à lutter contre la pauvreté matérielle et spirituelle

Rome, 4 mai 2012 (Apic) Devant cinq nouveaux ambassadeurs non-résidents auprès du Saint-Siège, dans la matinée du 4 mai, Benoît XVI a appelé à «une nouvelle mobilisation» pour lutter contre «la pauvreté et la misère (…) matérielles» mais aussi contre «la plus grande pauvreté» que représente «le manque d’amour». Parmi ces diplomates se trouvait notamment le nouvel ambassadeur irlandais, David Cooney, quelques mois après le choix de Dublin de fermer son ambassade romaine et une passe d’armes diplomatique sans précédent entre le Saint-Siège et Dublin.

Recevant dans la salle Clémentine au Vatican les nouveaux ambassadeurs d’Ethiopie, de Malaisie, d’Irlande, des Iles Fiji et d’Arménie venus lui remettre leurs lettres de créance, le pape a ainsi demandé une «nouvelle mobilisation» face à «la grande souffrance provoquée dans le monde par la pauvreté et la misère aussi bien matérielles que spirituelles».

Face au constat de «l’exode vers les villes, les conflits armés, les famines et les pandémies», de la crise conduisant «de plus en plus de familles à une précarité croissante», Benoît XVI a assuré que la fraternité devait faire reculer la misère. Mettant en garde contre l’illusion de la «possibilité illimitée de jouissance et de consommation», il a alors mis l’accent sur les «sentiments de frustration» qui sont apparus dans la société, où la «solitude due à l’exclusion a augmenté».

«Quand la misère coexiste avec la très grande richesse, naît une impression d’injustice qui peut devenir source de révoltes», a-t-il poursuivi, assurant qu’il convenait «que les Etats veillent à ce que les lois sociales n’accroissent pas les inégalités et permettent à chacun de vivre de façon décente». Benoît XVI a alors invité les Etats à «considérer les personnes à aider avant le manque à combler», à favoriser des initiatives telles que le microcrédit ou la création de «partenariats équitables».

Mais le pape a également insisté sur «une autre sorte de misère : celle de la perte de référence à des valeurs spirituelles, à Dieu». «Ce vide rend plus difficile le discernement du bien et du mal ainsi que le dépassement des intérêts personnels en vue du bien commun», a-t-il ainsi regretté, pointant du doigt le risque pour «des jeunes en quête d’idéal» de se réfugier dans des «paradis artificiels». «Addictions, consumérisme, matérialisme et bien-être ne comblent pas le cœur de l’homme fait pour l’infini, a affirmé Benoît XVI, car la plus grande pauvreté est le manque d’amour».

Des relations difficiles entre Saint-Siège et Irlande

Parmi les cinq nouveaux diplomates accrédités auprès du Saint-Siège mais ne résidant pas à Rome se trouvait notamment David Cooney, premier ambassadeur irlandais nommé depuis l’annonce par Dublin, en novembre 2011, de la fermeture de son ambassade, officiellement pour raisons économiques. Le Vatican avait pris acte de cette décision mais, en coulisse, de nombreux membres de la curie jugeaient que cette passe d’armes assez inhabituelle avec l’Irlande, pays majoritairement catholique, allait bien au-delà des seules considérations financières.

Depuis le départ à la retraite de Noel Fahey, en mai 2011, Dublin ne possédait d’ailleurs plus d’ambassadeur auprès du Saint-Siège mais avait promis de nommer rapidement un diplomate de haut niveau, résident en Irlande. C’est chose faite avec la nomination de David Cooney, qui est depuis 2009 secrétaire général du ministère des Affaires étrangères à Dublin.

L’Eglise catholique et l’Irlande traversent une phase difficile de leurs relations depuis que plusieurs affaires de pédophilie concernant des membres du clergé ont été rendues publiques. Dernier épisode en date de ces tensions, le 3 mai 2012, le premier ministre irlandais Eamon Gilmore a réclamé la démission du cardinal irlandais Sean Brady, mis en cause deux jours plus tôt par un reportage de la BBC l’accusant de n’avoir pas assez dénoncé les crimes d’un prêtre pédophile sur lequel il avait enquêté en 1975. Le lendemain, le haut prélat a récusé ces accusations précisant en particulier qu’il n’était qu’un simple prêtre à l’époque et n’avait participé à l’enquête qu’en tant que greffier.

Déjà, en juillet 2011, suite à la publication d’un rapport sur des cas de pédophilie dans le diocèse de Cloyne, le Premier ministre irlandais avait publiquement tenu des propos virulents à l’encontre de l’Eglise catholique et de Rome. De façon exceptionnelle, la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège avait alors choisi de rappeler, «pour consultations», le nonce apostolique à Dublin, depuis lors nommé à Prague. (apic/imedia/mm/bb)

4 mai 2012 | 13:52
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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