Le pape Benoît XVI a renoncé au pontificat  en 2013  | © flickr/catholicism/CC BY-NC-SA 2.0
Vatican

Benoît XVI revient sur les prémisses de Vatican II

Pour Benoît XVI, «la puissance positive du Concile émerge lentement» avec la prise de conscience d’une «nécessité de reformuler la question de la nature et de la mission de l’Église». Pour le pape émérite, Vatican II a corrigé une conception qui passait «à côté du réalisme de la foi et de ses institutions», et fait de la place que l’Église occupe dans le monde «le problème central».

Benoît XVI a envoyé une lettre signée du 7 octobre 2022 au Père Dave Pivonka, président de l’Université franciscaine de Steubenville (États-Unis) qui organise du 20 au 21 octobre un symposium sur l’ecclésiologie du pontife émérite. Elle a été lue en ouverture du colloque par le Père Federico Lombardi, président de la Fondation Ratzinger. Le 265e pape, âgé de 95 ans, ne s’exprime désormais que très rarement.

Dans son courrier, Joseph Ratzinger récapitule le fil rouge de la réflexion qu’il a menée dans sa thèse de théologie – présentée plus de dix ans avant le Concile Vatican II – qui portait sur la double nature de l’Église, à la fois institution et vérité spirituelle.

Partant de la séparation entre les deux Jérusalem – terrestre et céleste – dans la Cité de Dieu de saint Augustin, il explique que l’ecclésiologie – la discipline théologique qui étudie la vie de l’Église – avait été «traitée essentiellement en termes institutionnels» jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, position qu’il qualifie «d’erreur fatale». 

Un concile non seulement utile mais nécessaire

Cependant, souligne-t-il, en Allemagne a alors émergé un courant mettant plus en avant sa «dimension spirituelle». Cette évolution, poursuit-il, a été prise en compte par le Saint-Siège, Pie XII instituant le principe d’Église comme «corps mystique du Christ» dans son encyclique Mystici Corporis en 1943.

Le pape émérite explique que c’est dans ce courant que ses travaux de thèse, entamés dans les années 1950, se sont situés, trouvant une application inattendue – «en janvier 1946, personne ne pensait à un concile œcuménique» – dans le Concile Vatican II, auquel il participa comme expert. Cet événement, bien qu’il provoqua beaucoup de doutes, s’avéra non seulement utile, mais nécessaire, souligne-t-il. 

Le 265e pape reconnaît qu’en abordant de façon radicale les questions nouvelles de la théologie des religions ou le lien entre la foi et la raison, Vatican II «a d’abord menacé de déstabiliser et de secouer l’Église plus que de lui donner une nouvelle clarté pour sa mission». 

Cependant Benoît XVI estime que désormais «la puissance positive du Concile émerge lentement» avec la prise de conscience d’une «nécessité de reformuler la question de la nature et de la mission de l’Église». Pour lui, Vatican II a corrigé une conception qui passait «à côté du réalisme de la foi et de ses institutions», et fait de la place que l’Église occupe dans le monde «le problème central».

Un pontife très affaibli

Bien qu’âgé de 95 ans et très affaibli, Benoît XVI continue à recevoir des visites. Selon son entourage, il ne s’exprime qu’avec un filet de voix très réduit mais il a gardé une pleine lucidité intellectuelle. Sa longévité de pape émérite, plus de neuf ans et demi, a dépassé la durée de son pontificat.

Le 27 août dernier, le pape émerite avait rencontré, comme il en a l’habitude, les nouveaux cardinaux créés par François à l’issue du consistoire. Son état de santé ne lui avait cependant pas permis de dialoguer avec eux. (cath.ch/imedia/cd/mp)

Le pape Benoît XVI a renoncé au pontificat en 2013 | © flickr/catholicism/CC BY-NC-SA 2.0
21 octobre 2022 | 10:07
par I.MEDIA
Temps de lecture: env. 2 min.
Benoît XVI (478), concile (12), Vatican II (73)
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